L’île de La Palma aux Canaries accueillait quelques milliers de coureurs à l’occasion de la Transvulcania, épreuve de trail running qui fait office de manche pour la coupe du monde de Skyrunning. Au menu, 73km et 4000m de dénivelé positif, dans un décor de roches volcaniques. Un plateau exceptionnel annoncé, bref, de quoi se faire bien plaisir ce 10 mai 2014.
Parmi les favoris, Kilian Jornet (Team SALOMON), vainqueur en 6h54 l’an dernier, son dauphin de 2013, Luis Alberto Hernando (Team ADIDAS) ainsi que le lauréat 2012 Dakota Jones. Également les Américains Sage Canaday (3ème en 2013), Timothy Olson (4ème en 2013) et Ryan Gelfi, les espagnols Jordi Bes, Tofol Castanyer, 2 derniers lauréats de la CCC, Javier Dominguez Ledo (3ème de l’UTMB 2013) et David Lopez, l’allemand Philipp Reiter, le néo Zélandais Vajin Armstrong les anglais Tom Owens.
Coté Français, Xavier Thévenard (Team Asics, 11ème en 2013), Yohan Stuck (Team New Balance), mais aussi Julien Jorro (Team Lafuma), Sylvain Couchaud (Team Mizuno), Adrien Séguret (Team LAND) et Maxime Cazajous (Team Brooks). Il étaient d’ailleurs plus de 2000 coureurs à prendre le départ de cette Transvulcania 2014. Julien Jorro en termine à une belle 21ème place en 8h12 : « au delà de mes espérances compte tenu du plateau international de coureurs qu’il y avait pour cette manche de la coupe du Monde de Skyrunning » avoue t-il. Il revient ici sur sa course.
« La course se déroule sur l’île de LA PALMA aux Canaries, îles volcaniques. La course part à 6h du matin, du sud de l’île en bord de mer, du phare de FUENCALIENTE et suit la chaïne de volcan qui traverse ce petit territoire : 73km et 4000m de dénivelé positif.
Elle se compose ainsi : Une première montée de 20km et 2000m D+, sur des pistes de sable volcanique, avec des paysages lunaires. Une petite descente de quelques km dans les pins pour rallier la seconde grosse difficulté de la journée : la montée technique et par paliers du « Roque de Los Muchachos », l’un des plus grands observatoire astronomique d’Europe à 2400m. Une grosse descente de 18km où l’on rejoint le niveau de la mer (Avec une pente technique sur roche volcanique à très fort pourcentage). Enfin, un passage éclair sur la plage de TAZACORTE et remontée de 300m de dénivelé sur 4km pour rallier l’arrivée donnée à LOS LLANOS, principale ville de la côte ouest. Course exigeante donc.
Après un départ et une montée prudente dans la première partie de course, je me positionne petit à petit dans les 30 premiers en économisant au maximum mon énergie sur ces pistes de sable. Le public est partout, des centaines de personnes sont présentes pour nous encourager à mi-parcours. L’organisation a donné le maximum pour créer un évènement d’envergure mondiale. Ensuite je relance l’allure dans la seconde montée technique avec des terrains plus proches de ceux que l’on trouve chez nous dans les Pyrénées à haute altitude. Je rattrape plusieurs coureurs au fur et à mesure des kilomètres. Je me sens bien et je gère mon ravitaillement pour ne pas avoir de coups de moins bien.
La crête, pour arriver à l’observatoire, n’est qu’une succession de montées et descentes courtes et pentues, très aériennes puisque nous courons à flanc de ravin. C’est beau mais il fait très chaud. Les supporter espagnols m’encouragent comme au Tour de France. C’est génial. Il y a du monde partout ! Je passe 20eme au sommet de la course ! Incroyable pour moi car je ne pensais pas être à ce niveau là ! Mais je garde mon calme car il reste les morceaux stratégiques où la course peut se perdre ou se gagner : la très grosse descente et la remontée sur l’arrivée. Et en effet, la descente est terrible, de par sa technicité, sa pente et sa longueur (on a perdu 2400m en 18km). Le pire c’est que l’on a une vue magnifique sur la mer partout… mais surtout on sait qu’il faut s’y rendre ! Les cuisses tirent, les articulations sont mal-menées. Cette descente fait mal ! Au final, j’ai perdu 3 places dans la descente. J’ai bien limité les dégâts.
En bas nous traversons la plage de TAZACORTE. La chaleur est lourde mais l’ambiance est énorme. Des centaines de spectateurs sont amassés là pour nous taper dans la main. Dernier kilomètre et dernière difficulté de la course, 1km de plat au milieu d’un canal asséché et la remontée de 3km et 300m D+ sur LOS LLANOS, sur des pentes très raides et exposées au soleil au milieu des bananiers. Le public est partout, ils nous arrosent, nous encouragent. Je poursuis mon effort et arrive sur le plateau. Il reste 1km de plat dans la ville et c’est l’arrivée triomphale avec cette fois-ci des milliers de spectateurs, une ambiance digne de la montée du Tour de France à l’Alpe d’Huez. C’est génial !
Je termine 23eme de cette course internationale au milieu des plus grands et j’ai malgré tout un petit regret d’avoir perdu ces 3 places dans la descente car un Top 20 c’est symbolique ! Je passe la ligne en 8h12 avec le drapeau Bigourdan à la main, ainsi que le fils de Maxime CAZAJOUS (Team Brooks et notre voisin Nayais) victime d’une entorse et qui n’a pas pu rallier l’arrivée. Mais son enfant avait tellement envie de passer la ligne en courant que je l’ai emmené avec moi. Certainement la plus grande et fabuleuse course que je n’ai jamais faite, avec son parcours, son public et cette organisation… Bravo les Espagnols ! »
Le podium de cette Transvulcania 2014
Hommes
1. Luis Alberto Hernando Alzaga (Esp), 6h55mn41s
2. Kilian Jornet Burgada (Esp), 7h01mn34s
3. Sage Canaday (USA), 7h11mn39s
4. Tofol Castanyer Bernat (Esp), 7h23mn56s
5. Stephan Hugenschmidt (All), 7h27mn10s
Femmes
1. Anna Frost (NZ) 8h10mn41s
2. Elizondo Mayora Maite (Esp), 8h20mn29s
3. Frere Uxue Azpeitia (Esp), 8h48mn01s
4. Emma Rodriguez Rock (Esp), 8h58mn45s
5. Anne Lise Rousset (Fra), 9h10mn29s