» La course du siècle » titre l’IAAF. Accrocheur, ou simplement véridique ? Sans doute la 2è option. La pléiade de stars annoncée est tout simplement ahurissante, chez les hommes ET chez les femmes. Mais le nom de « star » n’est pas tellement approprié aux marathoniens, la vraie grande star de l’athlétisme est sans doute Usain Bolt.
Moins d’éclats mais des tonnes de travail, et à chaque fois des rendez-vous uniques. Celui du marathon de Londres qui a lieu ce dimanche 13 avril pourrait bien marquer les mémoires. Les organisateurs de Londres n’ont semble-t-il pas le même budget que ceux de Paris, où faire venir Bekele fut un immense exploit, même si en misant tout sur ce magnifique coureur il ne restait plus grand chose pour les autres… Sans doute grâce à l’aide de Virgin et de son milliardaire Richard Branson qui a dû laisser quelques pièces, Londres va peut être nous offrir une course magnifique !
Commençons par les femmes :
Tiki Gelana : son nom et son visage ne vous dit pas grand chose ? C’est tout simplement la championne olympique à Londres, qui détient le record olympique en 2h23’07, mais surtout un record personnel établi à Rotterdam en 2012 avec un très gros 2h18’58, soit le 8è temps mondial actuel (record d’Ethiopie).
Florence Kiplagat : vainqueur de Berlin en 2011 avec un chrono sous les 2h20 (2h19’44), elle semble être en grande forme puisqu’elle a battu en début d’année… le record du monde du 1/2 marathon ! 1h05’12, rien que ça !
Edna Kiplagat : déjà 2è à Londres en 2012 (record personnel établi 2h19’50), elle a aussi gagné New York en 2010 et elle est double championne du monde du marathon (2011 et 2012). Expérimentée et performante !
Priscah Jeptoo : si vous vous souvenez bien, c’est la coureuse qui souffre d’un genou valgus, la rotule vers l’intérieur et le pied vers l’extérieur. Ce style de course ne l’empêche pas d’aller vite (2h20’14) et de vaincre (vainqueur de Paris en 2012, de Londres et New York en 2013).
Aberu Kebede : un nom peu connu mais déjà un beau palmarès. Vainqueur de Berlin en 2010 et 2012, et de Tokyo en 2013. Record solide à 2h20’30. Egalement rapide sur 10 000m (30’48), ça peut jouer…
Tirunesh Dibaba : doit on encore la présenter ? 3 médailles d’or olympique, 5 mondiales sur 5000m et 10 000m, 4 mondiales en cross country, recordwoman du monde du 5000m (14’11″15)… Une légende de l’athlétisme, à l’image de Bekele, qui fait sa première tentative sur la distance. Elle semblera peut être se « promener » pendant un certain temps, mais sa résistance sera-t-elle à la hauteur du marathon…?
Rajoutons en outre Tadesse , 2h21’06 à Paris en 2013 ce qui est une performance de 1er ordre.
Chez les messieurs:
Wilson Kipsang : l’homme le plus rapide sur la distance avec ses 2h03’23, c’est aussi un coureur expérimenté. Il a gagné 2 fois Francfort, 1 fois Londres, 1 fois Berlin, et possède une médaille de bronze olympique aux JO de 2012. Fera-t-il office d’épouvantail…?
Emmanuel Mutaï : recordman de l’épreuve en 2h04’40 (vainqueur 2011), son record fait partie du gratin (2h03’52 à Chicago en 2013). Il a aussi gagné Amsterdam, et fait 2 fois 2nd à Londres et New York. Du très , très solide.
Geoffrey MutaÏ : il a gagné 1 fois Berlin, 2 fois New York, et 1 fois Boston, et c’est dans ce dernier qu’il a couru le marathon le plus rapide…2h03’02, mais non homologué à cause du profil du parcours. Son record officiel est de 2h04’15 (Berlin 2012).
Tsegaye Kebede : doit-on encore présenter ce Grand petit bonhomme ? Voici sans doute le meilleur marathonien de ces dernières années temps/places confondues. Victoire à Paris et Fukuoka (2008), Fukuoka (2009), Londres (2010), Chicago (2012) et Londres (2013), médaille de bronze aux JO de Pékin (2008) et aux mondiaux de Berlin (2009), il collectionne les podiums à Londres, Chicago et New York. La valeur sûre par excellence, et un record à 2h04’38 (Chicago 2012).
Stephen Kiprotich : son chrono de référence en 2h07’20 n’a pas de quoi faire peur ? Détrompez-vous, il semblerait qu’on n’ait pas encore vu son meilleur niveau… Par contre c’est un super compétiteur, puisqu’il est champion olympique en 2012 à Londres et champion du monde l’année suivante à Moscou, ce qui est rare pour un marathonien. On se souvient de son arrivée cette fois-là : tel un cycliste sur piste, il avait sorti son concurrent dans les 2 derniers kilomètres avec de fortes accélérations tout en se déportant d’un côté et de l’autre de la route.
Mo Farah : Mo, son premier marathon, sur ses terres, face à une horde de marathonien supersonique et expérimenté. Drôle de première ! Va-t-on assister à une course d’attente ? Sûrement, ils ne connaissent que trop bien son finish. Mo va devoir s’attendre à des secousses terribles de ses adversaires, et nous verrons donc sa résistance. On comparera alors son chrono avec Bekele même si les configurations et les parcours sont différents.
Nous verrons également les débuts de Jeilan (champion du monde du 10 000m en 2011). Rajoutons ABSHERO (2h04’23 en 2012 et 3è l’an dernier à Londres) , Lilesa (2h04’52, Chicago 2012) , Biwott (2h05’11, ancien recordman de Paris en 2012), Mekonnen (2h04’32 en janvier à Dubaï).
Hommes et femmes, même les « seconds couteaux » semblent en mesure de faire quelque chose. Jamais on n’aura vu autant de densité aux avant-postes. La bataille s’annonce passionnante. En combinant leurs forces (surtout chez les hommes) on peut assister à un chrono monstrueux (si la météo le permet). Mais il s’agira aussi d’une bataille de prestige (voir d’égo ?) et la course pourrait partir dans tous les sens, coup d’accélérations et de bluff. Ajoutons à cela les débuts de 2 coureurs au style léger et plein de grâce (Farah et Dibaba), et nous verrons sans doute… Une belle guerre des étoiles !
Mathieu BERTOS
Photo : afp.com/Glyn Kirk
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