Ce WE avait lieu la dernière course (en théorie) de mon début d’année plutôt chargé (depuis le début d’année Trail des Coteaux Bellevue, Grand-Brassac Hivernal-Trail, Trail des Ruthènes et Boucle du Bassac il y a 15 jours) à savoir la Verti-Eiffage, qui avec ses 21kms et 900m de D+, faisait partie des 3 courses proposées lors de la Verticausse, avec aussi au programme un 10 et un 42km. J’y allais car j’avais entendu beaucoup de bien de cette course, et un petit peu aussi pour commencer à m’habituer aux types de terrains et paysages que je rencontrerai lors du Marathon des Causses que je ferai en fin d’année lors du Festival des Templiers.
La semaine qui a précédé la course, tous les indicateurs semblent au vert pour être performant (à mon petit niveau ça signifie rentrer dans les premiers 15% des partants de la course), mais pour autant, comme cette course ne fait pas partie de mes objectifs prioritaire de début d’année, je me permets 2 petits impairs avant la course, histoire de corser un peu mon dimanche matin : 1 grosse sortie vendredi de 16km, et surtout une petite soirée festive vendredi soir (avec ma copine modération, ça va de soi !).
Le départ de la course étant à Saint Georges de Luzençon (petit village à côté de Millau) à 9h le dimanche matin, nous avons décidé avec Romain (un copain qui est inscrit sur le 42km) de partir la veille et de dormir sur place, sa copine Camille nous accompagnant pour nous encourager et faire pleins de jolies photos. Après avoir récupéré nos dossards le samedi en fin d’après-midi, et avoir mangé notre plâtrée de pâtes dans un resto italien (avec le petit dessert qui va bien, parce que faut pas déconner non plus), retour à l’hôtel. Après avoir consciencieusement préparée ma tenue pour le lendemain, au dodo relativement tôt … sauf qu’1 demi-heure après, alors que je n’ai pas encore trouvé le sommeil, j’ai l’impression qu’il y a un déménagement dans les chambres d’à côté. Et vas-y que ça papote, et que ça prend sa douche, etc … Ben oui, dans des petits hôtels, l’insonorisation des chambres est au niveau du prix de la chambre : minimaliste.
A 6h15 quand le réveil sonne, je sens bien que la nuit ne m’a pas vraiment permis de me reposer. Direction le petit déj et là, je comprends mieux le vacarme de la veille. Le parking est rempli de 4×4, tous affublés de stickers « Le marathon des Gazelles » et en arrivant dans la salle où l’on déjeune, je confirme que les Gazelles sont partout !!!
Après cette avant-course pour le moins distrayante, nous arrivons sur le lieu de la course environ 25 minutes avant le départ. On va tout de suite s’échauffer avec Romain, tout en entendant bien le speaker qui annonce que le départ sera légèrement retardé. Après un échauffement assez light, nous nous dirigeons vers la ligne de départ, et nous arrivons à trouver place pas trop loin de l’avant du peloton. A l’avant du peloton, les élites sont là et sont tous partant sur le 42km : Maxime Cazajoux (Team Brooks), Sébastien Buffard (team New-Balance), Martin Reyt (team Sigvaris), Guillaume Thisse (team Errea Run’n’Trail) et aussi mon ami Nicolas Miquel (team Running Olivan) qui s’est inscrit un peu au dernier moment.
Le speaker nous demande de nous avancer vers l’arche de départ, et là on a droit à un petit « Thunderstick » d’ACDC à fond les ballons, le genre de morceau qui me file une pêche d’enfer. Petit compte à rebours « cinq, quatre, trois, deux, un » et à zéro on a même droit au coup de pistolet du starter, donné par le maire du village !!! Et c’est parti pour 21km …
Le 1er km est assez roulant et passe sur les routes du village. Ça permet de voir, sur une portion de route en courbe, le peloton s’étirer lentement mais sûrement. A la sortie d’un petit quartier pavillonnaire, un bénévole nous indique qu’il fait aller sur le petit chemin sur notre gauche, et à la sortie du virage ou découvre un chemin qui monte bien comme il faut. Bref, c’est maintenant que la course commence vraiment … Pour l’instant le pourcentage permet encore de courir sans problèmes. Après une légère descente, à nouveau un virage à gauche et là, au sortir du roncier, on découvre à nouveau une belle montée, mais dont le pourcentage s’avère un peu plus important. Je commence la montée en courant, mais rapidement je pense en mode marche rapide. Ce qui est rassurant, c’est que je ne suis pas le seul dans ce cas et comme en plus j’ai regardé le profil de la course, je sais qu’il faut en garder sous le pied car à partir de 10ème km il y aura sur le plateau du Larzac, une partie vallonnée bien sûr mais bien plus roulante. Bref, je laisse filer certains rares téméraires qui continuent à courir, en me disant soit qu’ils sont tout simplement plus forts que moi, soit que je les récupérerai plus tard (parmi les « téméraires » il y a 2 filles que j’avais doublé en bas de la 1ère côte et qui, sur le coup, m’ont donc déposer). Au bout de 4 km, petit moment de répit avec environ 2km sur un single qui passe dans des bois et avec pleins de virage, ça monte et ça descend tout le temps, mais tout le temps avec un pourcentage faible … bref, du ludique où on peut se faire plaisir !
Puis nous recommençons à monter, et au bout d’une bosse qui se termine par des gros rochers qui forment presque des marches, nous arrivons enfin à cette fameuse croix blanche que nous voyions depuis le village avant le départ de la course. Le panorama est juste sublime, et j’avoue avoir pensé à la beauté des photos que j’aurai pu faire … si je n’avais pas été pas en pleine course ! Retour à la réalité, et là nous entrons à nouveau sur un single qui pénètre dans des bois. Comme ça descend légèrement et que nous avons passé le 7ème km, je fais ce que j’avais prévu, à savoir je prends un gel. D’habitude je le fais plutôt en montée … et bien je crois que je sais pourquoi maintenant !!! Avec la vitesse et les différents sauts de cabri que je fais, j’avale le gel de travers. Du coup durant 300m ce sera juste l’enfer. Je me fais doubler par 2-3 types et je suis à deux doigts de vomir. Après avoir ralenti, bu de l’eau, tout rentre finalement dans l’ordre. Au bon d’un moment, la pente de cette descente se durcit sérieusement. Elle est parsemée de cailloux mais elle est aussi recouverte de terre un chouilla humide. Du coup ça ne loupe pas, sur un appui je glisse et me retrouve le cul parterre. Bon c’est le genre de chute qui fait plus rigoler qu’autre chose !
Arrivé en bas de cette descente, il y a 2 bénévoles qui nous indiquent le chemin, qui nous fait prendre un changement de direction à plus de 90°C et là, devant nous, un mur !!! Ça monte très fort, et il y a pleins de cailloux. Du coup tout le monde marche et certains commencent à sérieusement marquer le coup. Bon je finis tant bien que mal à arriver au bout, et ce sera je pense le moment le plus difficile de la course. Là nous sommes arrivés sur le plateau d’un causse, et je me dis que c’est le moment d’accélérer. Ce qui est agréable c’est que pour une fois, les jambes répondent, du coup je largue les gars qui avaient fait la montée avec moi. Au bout d’1,5km nous entamons une descente dans des bois et là au détour d’une éclaircie dans les arbres, je découvre émerveillé que nous sommes juste au-dessus du viaduc de Millau.
C’est là que les tracés de ma course et du 42km se séparent. Le 42km descend vers le pied du Viaduc pour passer dans la pile 7, alors que nous nous continuons à monter. Après 3 km vallonnés, mais avec des pentes comme je les aime (donc pas trop forte et où je peux courir aisément), nous arrivons sur une route qui descend. Ça durera un peu plus d’1km et j’en profite pour allonger la foulée et revenir sur celui qui me précède. Sauf que je sens dans ma chaussure droite, sous le pied et au niveau du talon, une sensation que j’ai déjà connu sur la Kilian’s Classik l’été dernier. Ça me brule littéralement et je sais très bien qu’à l’issue de la course, quand je vais enlever mes chaussures et mes chaussettes, j’aurai le talon à vif, et la peau se sera plissée sur elle-même. Tant pis, je sens que je ne suis pas trop mal au niveau des sensations et que le classement doit être correct, du coup je vais serrer les dents jusqu’au bout. Sachant que sur la fin du parcours il y a beaucoup plus de descente que de montée, je sais que mon talon va être mis à rude épreuve, mais faut savoir ce qu’on veut ! Après m’être caché un peu derrière celui que j’avais rattrapé (le temps de prendre mon 2ème et dernier gel), j’en remets une couche et je le distance assez rapidement. A un moment donné, après être sortie d’un champ en bondissant au dessus d’un fossé, un petit garçon est là avec ses parents pour encourager les participants et il me dit surtout « 31 ». Je suppose donc que je suis 31ème et du coup je me mets à rêver d’un top 30, voir même d’un top 20 (il reste environ 6 km, car nous sommes juste avant le ravito qui se trouve au 15ème km).
Justement j’arrive plein fer sur le ravito où je vois 3 mecs qui sont en train de se ravitailler. Pour ma part je trace, tout en disant un grand « Bonjour » avec le sourire (enfin j’essaie de sourire, mais pas sûr que ce soit convainquant en plein effort) aux bénévoles qui gèrent le ravitaillement. Je m’arrête quand même à la sortie du ravito pour me débarrasser des 2 emballages de gel vide que j’avais glissé dans la poche arrière de mon tee-shirt. Après environ 3kms où ça monte et descend dans un paysage typique du plateau du Larzac, nous franchissons un petit barbelé et là débute une énorme descente avec un gros pourcentage, ce qui est le truc que je déteste le plus en trail !!! Elle n’est pas très large, et s’avère très technique car de très nombreux cailloux instables y sont déposés. Comme j’ai posé le cerveau, ma foulée est très « tapante » du coup un gars qui m’entend arriver de loin s’écarte. Puis un 2ème en fait de même (à ce moment là une petite voix dans ma tête me dit « Youpi, t’es dans le top30 !!! ») …
sauf que 10 mètres après l’avoir doublé un de mes appuis se dérobe, et crac la cheville !!! Je me relève rapidement en houspillant tout ce que je peux. Je dis au gars qui m’avait laissé passer « Hé béh, c’était bien la peine que je fasse le malin en te doublant » et il me répond gentiment « c’est des choses qui arrivent ». 200m plus loin rebelote, la cheville tourne à nouveau (encore la même cheville tant qu’à faire), du coup mon instinct de survie reprend le dessus et il remet en marche mon cerveau) Bref, je vais finir cette descente sagement en arrêtant de prendre des risques. Là un avion de chasse revient de l’arrière et je m’écarte pour le laisser passer. Je n’essaie même pas de le suivre car je veux finir cette descente entier et sur mes 2 jambes. Sur la fin de la descente, un de ceux que j’avais doublé au début de celle-ci me redouble. A ce moment là le chemin est devenu plus large et la descente moins technique. Il me demande combien de km il reste et en regardant ma montre je vois 19km et lui annonce donc « 2 kilomètres » … mais je ne peux m’empêcher de penser « toi Coco, tu paies rien pour attendre ».
Le chemin étant devenu bien plus praticable (c’est même quasiment une route) je peux à nouveau me lâcher, sans risque pour mes chevilles. Du coup rapidement je reviens sur lui, et après être resté un peu à ses côtés, le temps de me rendre compte qu’il était cuit, et même si les quadriceps commencent un peu à bruler je pousse encore un peu plus sur les cuissots (et mon talon pique de plus en plus). Et après 2 km de petites routes, et à arpenter les petites rues de Saint-Georges de Luzençon, au détour d’un petit virage légèrement en montée, je débarque sur la longue ligne droite d’arrivée. Comme il n’y a personne devant moi, ni derrière, je me dis que les hypothétiques photographes qui sont sur la ligne d’arrivée, ne vont pas me louper, du coup j’allonge encore la foulée histoire de faire le type qui fini assez frais, alors que bien sûr ce n’est pas vraiment le cas !
Je franchis la ligne d’arrivée en 2h14min21s. Pendant que je franchis la ligne, je vois qu’il y a les 2 premières féminines sur l’estrade d’arrivée et que sont les 2 filles que j’avais laissé filer dans la 1ère grosse montée. Je reconnais même l’une d’elle, puisqu’elle avait fini juste devant moi lors du Trail Toulouse Métropole en décembre (il s’agit de Brunilde Girardet).
Au final je finirais à une très honorable 32ème place, qui me satisfait plus que jamais (donc à vue de nez le petit garçon s’était légèrement trompé quand il m’avait annoncé 31ème à 6km de l’arrivée. On m’avait pourtant dit que la vérité sort toujours de la bouche des enfants). J’ai vraiment beaucoup, mais alors beaucoup aimé cette course : j’ai trouvé le balisage au top, les bénévoles souriants et agréables, les paysages magnifiques, et cerise sur le gâteau, le soleil était aussi au RDV. Quand à la course bien que très dure, elle m’a montré mes limites sur des vraies côtes qui montent fort, ce qui me fournit un bel un axe d’amélioration à travailler dans les mois à venir !)
A noter que mon pote Romain a fini 45ème du 42km, à 2 petites minutes du temps qu’il s’était fixé (il visait 5h), et que c’est Nicolas Miquel qui a gagné le 42km devant Maxime Cazajous. Je reviendrai dans le coin mi-mai, mais ce coup-ci je ne passerai pas sur des sentiers au-dessus du Viaduc de Millau, mais je passerai directement sur le Viaduc de Millau !
Yann ILHARDOY
Crédit photos : Camille Leydier et la Verticausse (page Facebook Officielle)
Les résultats de la Verticausse : Classement 10km Classement 21km Classement 40km
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