Daniel est ostéopathe et intervient très souvent sur la page Facebook de u-run. Il est toujours le premier à répondre à nos questions du jour et à commenter nos articles. Il a été désigné volontaire pour répondre à nos questions. Avant, il précise qu’il n’est pas question de cyber-consultations,car ce n’est ni autorisé ni même envisageable ! Comme notre podologue, il précise quant à ses interventions que « cela ne peut en rien s’assimiler à un diagnostic et la consultation vers un professionnel de santé comme un médecin du sport, un kiné, un podologue ou un ostéopathe s’impose en cas de persistances de signes cliniques avérés ».
En général, les sportifs consultent une fois qu’ils ont mal, alors pour sa première intervention sur u-run, nous avons eu envie de l’interroger sur la douleur. Comment réagir face à une douleur localisée, quels soins immédiats apporter, comment établir un diagnostic, faut-il prendre en compte tous les types de douleur ou faire jouer son mental, quel est le rôle de la douleur, y a-t’il plusieurs types de douleur… sont les questions que nous lui avons posées.
Vous pouvez poser vos questions en commentaire à Daniel, il vous répondra.
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u-run.fr : Comment réagir face à une douleur localisée ?
Daniel : Il faut d’emblée rappeler, c’est très important, que la douleur n’est qu’un SYMPTÔME et en aucun cas une maladie en elle-même. C’est le seul signe que possède notre système nerveux pour nous prévenir d’une anomalie, quelle qu’elle soit et quelle que soit sa gravité. Toute douleur d’apparition récente doit déclencher une attitude systématique :
– Elle impose d’identifier aussi rapidement que possible sa cause, pour déterminer la conduite à tenir et mettre en œuvre le traitement adéquat ;
– Elle impose de faire cesser, dès que possible bien sûr, le mécanisme en cause, pour en éviter l’aggravation ou l’extension ;
– Elle ne doit pas être traitée, isolément, de façon durable : cela reviendrait à désactiver le signal d’alarme, avec tous les risques liés à cette action (il est légitime de ne plus vouloir souffrir, on peut agir en ce sens,mais pas au prix de méconnaître la nature et l’origine de la douleur et de risquer des complications inutiles).
u-run.fr : Quel est le rôle de la douleur ?
Daniel : Lorsqu’un tissu quelconque de notre corps est lésé, il envoie automatiquement un influx à notre cerveau pour l’informer de sa souffrance. Celui-ci déclenche sur le mode réflexe une information à notre égard : c’est la sensation douloureuse aigüe. Mais cette douleur n’est qu’une des multiples réponses à cette souffrance : on peut constater souvent, selon son intensité, des modifications respiratoires (sensations oppressives), cardio-vasculaires (pâleur, ralentissement du rythme cardiaque) avec risque d’hypotension artérielle (« malaise vagal » pouvant aller jusqu’à une très temporaire perte de connaissance, au demeurant sans aucune gravité), spasmes divers (vomissements), transpiration accrue… Il s’agit là d’un tableau un peu extrême, mais il faut savoir, qu’à douleur égale, chaque sujet est susceptible de cumuler un certain nombre de ces phénomènes, sans présumer pour autant de la gravité ou non de la lésion en cause. Encore une fois, tous ces phénomènes ne sont pas des « maladies », mais simplement des signes parfaitement physiologiques, même s’ils peuvent parfois paraître plus ou moins inquiétants.
Le rôle de la douleur, et de ces éventuels signes d’accompagnement, est de nous imposer une attention immédiate et une mise au repos plus ou moins limitée dans sa nature et dans sa durée.
u-run.fr : Quels soins immédiats à apporter ?
Daniel : Les soins véritablement appropriés à la cause ne peuvent logiquement instaurés qu’après un diagnostic préliminaire. Ce n’est pas toujours possible sur le lieu de l’entraînement ou de la compétition. En attendant, on adopte bien sur une attitude dite « antalgique »…
Dès que possible,
– Appliquer du froid :glace le plus souvent, en veillant à toujours interposer un linge entre la source de froid et la peau, pour éviter givre et brûlure, où gaz médical pressurisé (dioxyde de carbone, en nous excusant de son caractère peu écologique…)
– Immobiliser ou tout au moins limiter les mouvements majorant la sensation douloureuse
– Eviter l’application et surtout l’ingestion de substances parfois « conseillées », mais inhabituelles pour le sujet, donc pas forcément adaptées et surtout risquant de provoquer des effets secondaires imprévus…
u-run.fr : Faut-il prendre en compte tous les types de douleur ou faire jouer son mental ?
Daniel : La douleur est un élément particulièrement subjectif (une plaie, une fracture, une ecchymose, c’est objectif, cela se voit) : se plaindre d’une douleur, c’est traduire, verbaliser, qualifier une sensation. De « j’ai mal » à « j’ai très mal », en passant par « j’ai moins mal que la dernière fois », « je n’ai jamais eu aussi mal », etc… Il y a donc, dans le ressenti, comme dans l’évocation verbale d’une douleur, unepart forcément mentale. Dans une phase de réussite (compétition en bonne voie, par exemple), on aura tendance à la relativiser, alors qu’à douleur égale, on ne la supportera qu’à peine dans une période difficile sur le plan psychologique (sportif, affectif,..)
Une douleur n’est jamais à 100 % « dans la tête » du sujet lambda, mais elle peut y trouver un terrain qui la majore ou la minore à un moment donné… Il existe des moyens psycho-sensoriels permettant, non pas de diminuer bien sûr l’intensité elle-même de la douleur, mais d’en supporter la survenue par l’anticipation et un travail approprié… Ces moyens, liés aux méthodes utilisées en médecine et en chirurgie, peuvent être utilisés dans la pratique quotidienne, et notamment dans l’exécution sportive pour mener une activité à bien tout en limitant l’impact du ressenti sensible, voire douloureux (des exemples dans les arts martiaux sont bien connus).
Oui, le « mental » peut nous aider considérablement dans la prévention, l’acceptation, le ressenti lui-même de la douleur, sans jamais devenir dangereux pour autant. Si on prend un exemple : vous tenez un plat qui se révèle être beaucoup plus chaud que prévu. L’intensité de la douleur déclenche un réflexe de lâcher du plat en question. Mais le refus de casser le contenant et de vous priver du contenu vous permet de rejoindre très vite l’endroit où vous allez pouvoir sauvegarder les deux en posant doucement, donc en supportant cette douleur « acceptée » (le tout limité dans le temps bien sur, vous lâcherez avant la brûlure au deuxième degré…) : « j’ai mal, je devrais lâcher, mais je ne veux pas lâcher, je vais le faire dès que je vais pouvoir, mais sans me blesser, et j’aurais réussi »…
Nous aurons certainement l’occasion de développer ultérieurement, sous un terme générique de « relaxation », les moyens facilement accessibles pour gérer le phénomène douloureux dans le cadre de l’accomplissement sportif. On évoquera aussi le problème de la « mémoire lésionnelle », qui perturbe le ressenti douloureux en nous faisant majorer ce que l’on a « déjà ressenti », mais qui peut aussi nous permettre de le minorer car on sait « qu’en l’acceptant, on le supporte mieux puisqu’il n’est pas nocif »…
Vous pouvez poser vos questions en commentaire à Daniel, il vous répondra.
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