Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la pollution atmosphérique en milieu urbain serait responsable de plus d’un million de décès par an dans le monde et de 42 000 décès prématurés chaque année en France.
Les observatoires régionaux de l’air estiment que si on restait en dessous du seuil de microparticules préconisé par l’OMS, on serait en mesure de vivre selon les villes entre 3 et 8 mois de plus.
Quels sont les différents polluants ?
Le monoxyde de carbone (CO) : gaz incolore et inodore, provenant majoritairement du trafic routier et qui se fixe sur l’hémoglobine à la place de l’oxygène. Un footing de 30 minutes dans un environnement pollué augmenterait le taux de CO sanguin de 10 fois (équivalent à 10 cigarettes) et par conséquence diminuerait l’apport d’oxygène aux muscles.
Les oxydes d’azote (NO et NO2) : gaz rouges/brunâtres qui dérivent surtout des véhicules motorisés et un peu des industries. L’exposition à ces gaz peut provoquer des pathologies respiratoires avec pour symptôme des irritations et de la toux.
L’ozone (O3) : l’ozone se forme en présence de lumière et de soleil par réaction chimique entre le dioxyde d’azote et les hydrocarbures. L’exposition à l’ozone peut porter à des irritations des yeux, du nez et de la gorge jusqu’à même générer nausées et maux de tête.
Les particules en suspension : mélange complexe entre des substances issues de sources naturelles (poussières par exemple) et d’autres issues de l’activité humaine (moteurs diesel, industries,…) Elles sont responsables d’irritations oculaires et des voies respiratoires. De par leur diamètre réduit, ces fines particules pénètrent plus profondément dans les voies respiratoires et ont une incidence plus importante sur la mortalité à court et long terme (3,5 millions de cas de problèmes cardiovasculaires et 220 000 cancers du poumon chaque année dans le monde).
Le dioxyde de soufre (SO2) : provient d’implantations de combustion comme les cheminées d’usine, les chauffages ou encore les pots d’échappement. Il provoque des irritations des yeux, des muqueuses et des bronches avec pour conséquence toux et essoufflement.
Quels sont les risques de la pollution pour l’homme ?
les risques cardio-respiratoires
La pollution favorise l’apparition de symptômes tels que la toux, la rhinite, l’asthme. Une exposition chronique intensifie ces symptômes et peut entraîner des maladies pulmonaires obstructives chroniques et même le cancer du poumon. C’est du moins la conclusion d’une étude européenne réalisée sur plus de 300000 citoyens (Air pollution and lung cancer incidence in 17 European cohorts : prospective analyses from the European Study of Cohorts for Air Pollution Effects (ESCAPE) The Lancet Oncology, Volume 14, Issue 9, Pages 813 – 822, August 2013). Selon cette étude, une élévation de 10 microgrammes/m3 des particules fines dans l’air augmente de 22% le risque de tumeur aux poumons. Cela explique sûrement pourquoi l’OMS a classé la pollution de l’air comme cancérigène certain pour l’homme.
Les risques cardio-vasculaires
La pollution de l’air favoriserait une rigidification et une diminution du diamètre des artères augmentant ainsi les risques d’angine de poitrine, d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), et d’infarctus du myocarde (jusqu’à 3 fois dans l’heure qui suit l’exposition à la pollution.)
Les risques occulaires
La pollution de l’air peut diminuer l’action du système lacrymal dont le rôle est d’alimenter et refroidir la cornée. L’œil “sec” provoque une diminution de la netteté de la vision et favorise les agressions bactériennes.
Les risques cognitifs
Lors de leur étude (Subclinical Effects of Aerobic Training in Urban Environment. Med Sci Sports Exerc. 2012 Oct 15), Bos I. et all ont soumis un groupe de coureurs urbains et un groupe de coureurs en campagne à des tests cognitifs et ont pu mesurer que le premier groupe avait de moins bons résultats. Les chercheurs expliquent ce résultat par le fait que la pollution à laquelle sont soumis les coureurs urbains favorise une inflammation cérébrale, responsable d’un déclin mental.
Course et pollution : un cocktail molotov
Par rapport au sédentaire, le coureur a une fréquence et un débit respiratoires plus élevés. Il respire plus et plus souvent et représente donc un sujet à risque dans des conditions de pollution de l’air. En dehors des questions de santé, il s’avère que la pollution joue négativement sur la performance ; et encore plus chez les femmes que chez les hommes. Cela s’expliquerait par une trachée plus petite chez les femmes ou s’accumuleraient plus facilement les particules fines.
Faut-il pour autant arrêter de courir ?
A la lecture des lignes précédentes, la réponse est oui. Cependant, si courir en période de pollution peut s’avérer risqué, la sédentarité peut se montrer encore plus dangereuse. Le conseil qui prévaut et donc de continuer à se bouger mais en prenant le maximum de précautions possibles :
> S’entraîner le matin tôt et éviter les pics journaliers de pollution situés entre 14 h et 21 h.
> Courir à intensité modérée pour réduire le débit et la fréquence respiratoires.
> Privilégier les chemins de campagne aux zones urbaines ou de trafic routier.
> Rester sur les trottoirs en milieu urbain où la concentration des particules est moins forte que sur la route elle-même.
> Prendre de la hauteur et éviter les contrebas de routes.
> Chercher l’altitude si vous êtes entourés de collines ou montagnes et éviter le bas des vallées.
> Éviter les espaces fermés et cloisonnés comme les salles de remise en forme, surtout s’il se trouve en bordure de route. L’air n’y est pas renouvelé systématiquement et pas nécessairement en dehors des heures de pics.
En conclusion
Comme vous l’aurez compris, la pollution est néfaste pour l’homme et pour le coureur. Courir n’est pas pour autant prohibé à condition de respecter les conseils donnés plus haut. Sachez tout de même que les sujets les plus à risque restent tout de même les usagers de voiture ou de bus. En effet, les polluants sont retrouvés en plus forte concentration dans les voitures ou les bus que dans les couloirs de pistes cyclables ou sur les trottoirs. De plus, le coureur peut toujours trouver le moyen de fuir le trafic.
Le coach-Jérôme SORDELLO