Rares sont les sports où l’on peut capter au plus près l’ambiance d’une compétition. Les pistes d’athlétisme en salle sont des écrins où s’exprime un cocktail détonnant d’effort et d’émotion.
Morceaux choisis avec le stadium bordelais, qui accueillait les championnats de France le 22 et 23 février dernier.
Effervescence. Sentir le sol vibrer aux foulées des triple-sauteurs, l’écrasement des sprinters sur les murs en bout de piste, frôler la course d’élan des sauteurs. Au milieu de la piste bordelaise, c’est l’effervescence des grands rendez-vous. De la chambre d’appel à la zone mixte, les images se répètent et les interviews s’enchaînent. Le protocole officie comme un engrenage bien huilé et le jingle du podium résonne déjà dans les têtes.
Observer. Prendre le temps de regarder et d’analyser les gestes des sportifs. La préparation méticuleuse avant le départ, le visage qui se fige, les claques sur les cuisses, les cris de rage à l’arrivée ou la moue dépitée. Au plus près des athlètes pour vivre ces instants solennels. Il suffirait d’un pas sentir leur souffle sur notre visage.
Concentration. Il faut savoir faire le vide. Faire silence du bruit ambiant, des applaudissements du public pour un concours voisin. Les visages sont sérieux. Le temps de parfaire la position des starting-blocks, de se lancer pour quelques lignes droites avant le coup de feu libérateur. Le 60m fait alors figure d’effort éphémère. Une fraction de seconde à l’échelle de l’investissement d’un hiver de préparation.
Délivrance. Les participantes du pentathlon en finissent avec un 1000m déchirant. La pression se relâche, les corps s’affalent au milieu de la piste comme sur un champ de bataille. Les yeux sont rivés sur les résultats, un écran de contrôle dont la lueur bleuâtre déteint sur les visage des jeunes femmes. On se congratule sans voix, mains sur les genoux, avant de retrouver le sourire pour un traditionnel tour de piste. Cindy Billaud vient de battre son record sur les haies, et lâche un cri de bonheur avant de se mettre à terre pour savourer.
Confiné. Bordeaux ne dispose que de 4 couloirs. Une piste lente et étouffante, bordée de grandes séparations où les planches du vélodrome viennent tenir à distance les spectateurs. La course d’élan du perchiste croise celle du sauteur. Les demi-fondeurs s’affairent en bord de piste. Athlètes, juges et photographes doivent se mêler avec harmonie dans cet petit bocal agité. Il faut être attentif à chaque mouvement pour éviter de gêner les acteurs de la compétition. Se faire petit et discret pour trouver une place et immortaliser avec passion ce concentré d’effort.
Rémi Blomme
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