Cyril Michaud Fidey, entraîneur du comité régional du massif jurassien et Yannick Jeannerod, formateur au centre national de ski nordique de Prémanon, ont franchi en vainqueur la ligne d’arrivée de la première édition de la Grande Traversée du Jura, GTJ 200. François D’Haene et Sacha Devillaz terminent deuxièmes.
La GTJ 200 est la plus longue course de ski de fond au monde avec ses 200 km et 4400 mètres de dénivelé positif. Le fondeur et traileur Patrick Bohard fait partie des organisateurs de cette compétition en équipe de deux qui s’est déroulée sur deux jours. Vendredi 28 février après-midi un prologue de 15 km sur une boucle au Meix Musy, commune de Montlebon, avec départ des équipes toutes les 30 secondes et samedi 1er mars une course en ligne de 185 km entre le Meix Musy et Giron dans Ain. Pour une question d’enneigement, la section de la partie basse entre les Hôpitaux Neufs et Mouthe a été supprimée et la distance réelle a avoisiné les 155 km.
La GTJ 200 a emprunté un tracé à travers les départements du Doubs, Jura et Ain balisé tout l’hiver qui permet aux randonneurs à ski de découvrir les montagnes du Jura à travers des étapes de 20 à 25 kilomètres de moyenne.
François D’Haene et Sacha Devillaz réactions d’une équipe traileur et traileur-fondeur
François D’Haene, 28 ans, team Salomon, est considéré comme l’un des meilleurs mondiaux en ultra trail. En 2013 il a remporté le 80 km du Mont-Blanc, l’Ice trail Tarentaise et le Grand Raid de la Réunion. Sacha Devillaz, 25 ans, team Salomon espoir, a pris l’an dernier la troisième place de la National Running Cup Salomon Endurance Mag. Avant de pratiquer le trail il était fondeur de haut-niveau. Chacun d’eux nous propose ses réactions après la GTJ 200.
« L’hiver, entre fond et randonnée, j’essaie de skier le plus possible. Dés que j’ai été informé du défi que représentait la GTJ 200, je me suis laissé tenté, attiré par mon goût pour les efforts longs et d’autant plus en équipe. A plus long terme c’est aussi une excellente manière de préparer mes premières échéances en trail avec notamment l’ultra trail du mont Fuji fin avril qui va exiger aussi un bel effort d’endurance. Il y a bien sûr des différences entre ultra trail et ski de fond longues distances en termes de contraintes musculaires et articulaires, mais également toute une similitude en ce qui concerne la gestion de l’effort et de la course surtout après une durée de 5 heures. Le prologue s’est déroulé dans des conditions météorologiques assez dantesques et nous avons eu du mal à trouver nos repères sur les skis. Nous avons skié tranquillement pour nous préserver pour le lendemain, les enjeux étant assez restreints pour la suite !
Samedi au départ, j’avais des doutes quant à mes capacités à suivre les fondeurs puis je me suis vite rassuré au fil des kilomètres. Avec Sacha, nous sommes partis dans la nuit, très motivés en restant toujours dans la tête de course. Au bout de 53 kilomètres nous étions premiers ex aequo mais les écarts étaient très faibles avec les poursuivants. Cyril et Yannick nous ont ensuite rejoints et dépassés et nous avons essayé de gérer tant bien que mal pour ne pas leur laisser trop d’avance, mais en subissant quelques coups de mou et erreurs stratégiques de parcours. Nous avons perdu du temps minute par minute et Cyril et Yannick ont vraiment bien négocié leur final nous laissant peu de chance de revenir sur eux.
Je connaissais très peu Sacha, mais nous nous sommes je pense bien entendus tout au long du parcours. La communication étant très importante dans ce genre de compétition, nous avons essayé d’être à l’écoute l’un de l’autre et rajouté quelques pointes d’humour. Je ressors un peu fatigué mais pas usé et surtout satisfait de cette première expérience sur une telle distance accompagnée de la découverte des pistes et d’un massif que je connaissais très peu. Je suis prêt à renouveler ce type d’expérience ! »
« Je suis vraiment content d’avoir vécu cette traversée avec un grand champion comme François, je le remercie de me l’avoir proposée. Egalement fier d’être allé au bout de cette GTJ 200, malgré mes coups de bien et moins bien. Je ne me sens très fatigué et affamé, mais pas trop amoché physiquement car le ski de fond n’est pas très traumatisant.
A la base, je suis fondeur et comme tout bon passionné du nordique, il y a des cases par lesquelles nous devons passer. Je participe depuis 5 ans à la Transjurassienne, sur le challenge Ultra Trans qui regroupe la course classique du samedi à celle de skating le dimanche. En 2011 j’étais engagé dans la Vasaloppet en Suède qui était jusqu’à ce 1er mars la course la plus longue du monde avec ses 90 km en style classique. J’aime ces genres de défi qui sort un peu de l’ordinaire. L’hiver, tout mon entraînement de volume s’effectue en ski de fond avec environ 8 heures de ski par semaine et des participations à des courses de longues distances.
Connaissant bien, Cyril Michaud-Fidey et Yannick Jeannerod je ne suis pas étonné de leur victoire. Ce sont deux très grands techniciens et experts en ski de fond et ils connaissaient parfaitement le tracé. Le prologue n’était pas déterminant pour la suite mais l’occasion pour François et moi de pouvoir skier ensemble pour la première fois. Nous sommes allés plutôt tranquillement en s’échangeant les relais, analysant la technique de l’autre. Notre équipe était assez complémentaire. François à une caisse hors norme mais comme je suis davantage fondeur, cela équilibrait un peu les choses.
Samedi le temps était peu agréable : de la neige par moments et sans cesse le vent de face. Nous avons skié deux bonnes heures dans un brouillard à couper au couteau avec comme seul repère les piquets rouges qui bordent la piste. La neige était peu glissante et la piste pas damée sur les 30 derniers kilomètres où nous avons brassé dans 5 à 10 centimètres de neige.
Il n’est pas évident de se parler en ski fond, étant placés l’un derrière l’autre. Nous avons échangé sur notre forme et nos sensations avec quelques remarques plus décalées en humour et en nous encourageant mutuellement. Connaissant quelques parties du parcours, j’ai informé François sur ce qui nous attendait. Chacun a fait sa part du boulot en relais. Etant quand même moins en forme que François, on se calait sur mon rythme dans les montées et je restais derrière sur les parties plates et plat montantes.
Lors de la montée au carrefour du Massacre j’ai complètement explosé. J’avais du mal à mettre un pied devant l’autre et mes yeux se fermaient tout seul. Je n’étais pas très inquiet car je savais que ça allait passer. J’ai beaucoup aimé la partie nocturne, un moment magique avec un peu la sensation que nous étions dans un autre monde, accompagnés par le seul le bruit des skis sur la neige et la lumière de nos frontales. Notre assistant Rémy Saillet, nous a apporté son soutien technique et moral. Il a été un membre à part entière de l’équipe et à complètement contribué à notre traversée. Il s’occupait de nos ravitaillements et la veille à minuit, pendant que nous nous dormions, il était encore en train de préparer minutieusement nos skis.
Le top 5
1 Michaud Fidey Cyril, Risoux Club et Jeannerod Yannick, ASOP, 9 h 29 mn 19 s.
2 D’Haene François, team Salomon et Devillaz Sacha, team espoir Salomon, 9 h38 mn 26 s.
3 Romarie Martin, ski club Samm et Loïc Deforêt ski club Samm, 10 h 01mn 11 s.
4 Golay Geymond Florence, ski club Bois d’Amont et Golay Yves, ski club Vallée de Joux, 10 h 28 mn 29 s (première équipe mixte).
5 Faivre Michel, CSRP et Faivre Hervé, 10 h 38 mn16 s.
photos Damien Rosso www.droz-photo.com
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