Les traileurs des teams trail Salomon vous proposent leur tour d’horizon trail, entraînement et temps libre. Après Guillaume Beauxis, c’est Sacha Devillaz qui s’exprime.
Sacha Devillaz, team Salomon espoir, 25 ans, 1,83 m, 67 kg, moniteur de ski fond et alpin, menuisier-charpentier-couvreur-zingueur, est né à Chamonix Mont-Blanc et habite à Vallorcine en Haute-Savoie. Licencié dès 5 ans et demi à la section ski de fond du club des Sports d’Argentière et membre du Comité Régional du Mont-Blanc pendant 5 ans, il a pratiqué cette discipline en compétition à un haut niveau.
Aujourd’hui, en dehors du trail, il participe à des compétitions ski de fond longues distances et s’adonne à l’escalade, ski de randonnée, alpinisme. Il lui arrive aussi l’hiver, d’aller taper du piquet en slalom géant.
Découverte du trail
Lorsque j’étais skieur de fond, la course à pied faisait partie de mon entraînement estival. Quand j’ai atteint la catégorie senior j’ai eu envie de passer aussi à autre chose. Depuis 2010, il s’est avéré que j’avais davantage d’avenir dans le trail. Peu à peu, cette discipline est devenue prioritaire. J’aime la simplicité du trail, courir en montagne, seul ou entre amis. J’apprécie l’ambiance lors des courses, les rencontres qu’on y fait. Mon esprit compétition me fait rechercher et apprécier la confrontation et la tactique de course. Mon premier trail a été le marathon du Mont-Blanc en 2009.
Préférences, atouts
J’affectionne les descentes techniques, les petits sentiers vallonnés en montagne. Même si l’hiver je cours souvent dans la neige, je la préfère avec des skis aux pieds. J’augmente mes distances de trail petit à petit et en 2013 mes meilleures performances ont été sur les formats entre 60 et 80 km. Je suis polyvalent, à l’aise dans les descentes techniques. J’ai aussi une bonne vitesse de pointe mais ce n’est pas le plus important, sauf pour un sprint final… Il me reste à améliorer ma gestion, les ravitaillements ma nutrition et ma tendance à partir trop vite.
Etat esprit
Bien que compétitif, je reste quand même « détendu ». Je porte des dossards depuis que je suis tout jeune et j’arrive la plupart du temps à bien gérer le stress. Je me mets rarement de pression négative ce qui ne veut absolument pas dire que je ne sais pas être concentré au bon moment. J’ai envie de découvrir de nouveaux horizons, mais je ne cumule pas les heures d’entraînement pour aller en priorité admirer des paysages lors d’une course. Quand je prends un départ, c’est pour réaliser la meilleure performance possible. Je trouve mon plaisir en étant justement compétitif et en donnant le meilleur pour me surpasser. J’ai toujours le sentiment que j’aurais pu mieux faire. Après chaque compétition, j’ai tout de suite envie d’être à la suivante pour me rattraper. J’apprends à relativiser un échec, mais sur le coup, je suis plutôt déçu et ne profite pas vraiment de cette sensation d’apaisement générée par l’après course.
Mon objectif principal était le top 10 sur la National Running Cup Salomon Endurance Mag. Il a été pleinement atteint puisque je termine troisième, mais je ne suis pas totalement satisfait de ma saison. Certes, j’ai progressé et mes résultats sont loin d’être dérisoires mais trop linéaires, sans grosse performance ni de course avec la super forme, celle où tous les éléments sont réunis pour réussir. De plus, j’ai cumulé trop de fatigue en fin de saison et de ce fait, je n’ai pas été en pleine possession de mes moyens sur les derniers objectifs de l’année, notamment sur le trail des Aiguilles Rouges. Néanmoins, 2013 a confirmé que ma place au sein du team Salomon Espoir est justifiée. Je pense qu’elle m’a permis de cibler mes points forts et les formats de course qui me conviennent le mieux. Un peu comme un préambule avant 2014.
Objectifs 2014
J’attends beaucoup de 2014 car le stade expérimental est maintenant terminé et il est temps de me mettre pleinement à l’œuvre. J’espère vraiment franchir de nouveaux échelons. Mon calendrier de courses est plus précis, respectant mieux les étapes de préparation et de récupération, afin d’arriver tout à fait prêt sur les rendez-vous. Mes objectifs prioritaires sont bien ciblés par rapport à mes capacités et mon vécu de 2013, avec quelques courses de préparation. J’ai réellement le souhait de performer. Je serai présent sur quelques compétitions du circuit national de Skyrunning ainsi qu’aux championnats du monde, sur le format 80 km.
Regard sur le trail
Issu du ski de fond, avec une seule fédération qui créé les mêmes règles pour tout le monde, j’étais un peu perdu quand je suis arrivé sur le trail. Je ne comprenais pas trop comment ça marchait. Il est vrai que les titres actuels de champion de France, du monde, ou même une victoire sur une course réputée, n’ont pas la même crédibilité que dans une discipline fédérée comme le ski de fond. En trail, toute l’élite ne se rencontre jamais sur le même évènement. Néanmoins, le fait qu’il y ait différents challenges ou championnats n’est pas une mauvaise chose du fait que les critères diffèrent à chaque course : distance, profil, plaine, montagne, nature des sols… Chaque coureur possède son propre profil de compétition. C’est aussi un avantage d’avoir la liberté du choix quant au challenge national ou mondial auquel on souhaite participer. A l’heure actuelle, la chance de réussir n’est pas la même pour chaque traileur, ne serait ce que si l’on tient compte de sa profession. Mon métier est difficile et physique. Je fais d’énormes sacrifices financiers pour pouvoir m’entraîner mais je changerais d’activité pour rien au monde.
Travailleur indépendant, je me relaye sur les chantiers avec quatre associés, ce qui me permet de gérer mon emploi du temps en donnant un axe prioritaire à ma pratique sportive. Je commence la saison de charpente début mai et je la poursuis jusqu’à fin septembre. Les jours qui précèdent les courses sont libérés et il en est de même lorsque j’ai de grosses charges d’entraînement. Le reste du temps, je travaille de 10 à 12 heures par jour et je m’entraîne en soirée. Il m’arrive souvent de rentrer après 21 heures, avec un programme qui prévoit beaucoup de séances types (VMA, fractionné…) et de volume. J’emmagasine des séances de vitesse plus ou moins longues, au plat ou en côtes. J’aime tous les types d’entraînements, quels qu’ils soient, des séances de fractionné très exigeantes physiquement à celles de volume où je peux aller courir pendant plus de 3 heures en montagne. Je ne fais que courir, rien d’autre, j’ai absolument horreur du vélo. Pour chaque type de séances j’ai mes « spots ». Je les ai choisis après en avoir testé plusieurs jusqu’à trouver ceux qui étaient les plus adaptés. Je n’en privilégie aucun car chacun a son utilité. Par exemple, pour le dénivelé, je vais souvent au kilomètre vertical de Fully. Pour la VMA longue au plat, je reste en fond de vallée dans le bois du Bouchet, à Chamonix. En fin d’hiver, je fais mes séances de côtes dans les couloirs d’avalanches car l’herbe n’a pas encore poussé.
J’aime beaucoup m’entraîner seul et gérer ma vitesse sans essayer de me caler sur quelqu’un d’autre mais aussi courir avec des potes. Je suis entraîné par Christophe Malardé en qui j’ai une entière confiance. Il est très professionnel et très présent. Sa façon de travailler me convient parfaitement et chacun de ses conseils est très précieux ainsi que ceux de Jean-Michel Faure-Vincent, le manager du team Salomon.
Temps libre, loisirs, passions, regard sur sportifs
Je suis déjà passionné par mon métier de menuisier charpentier que j’exerce depuis mon début d’apprentissage à 14 ans. Je passe beaucoup de temps dans l’atelier à bricoler. J’ai depuis peu, fait l’acquisition d’une vieille mobylette. Je la démonte et la remonte à longueur de temps. La musique occupe également une grande place dans ma vie. Je joue de la batterie depuis une douzaine d’années. et apprécie différents styles de musique. En revanche, il m’est absolument impossible de courir au son de la musique car j’ai besoin d’entendre tout ce qui se passe autour de moi : mes pieds sur le sol, mon souffle, sinon je perds tous mes repères. De plus, j’aurais trop tendance à me laisser emporter par le rythme et à ne plus avoir une foulée adaptée au terrain. J’aime également voyager.
J’ai la chance, depuis que je suis chez Salomon, de pouvoir côtoyer régulièrement Michel Lanne. J’aime beaucoup son état d’esprit et sa passion pour la montagne. Il est très ouvert et modeste tout en étant un très grand champion. Il a toujours le mot pour rire. En apprenant à le connaître, je me retrouve beaucoup en lui. Comme si, inconsciemment, je sentais qu’il avait toujours été un exemple pour moi. J’apprécie beaucoup, ma compagne Cindy ma première supportrice et ravitailleuse sur les courses et Xavier Thevenard, mon meilleur ami et partenaire d’entraînement. J’admire Jonas Devouassoux de l’équipe de France de skicross. Il a remporté cet hiver sa première coupe du monde à Nakiska, au Canada.
Une rencontre se démarque des autres, celle avec François Rosset. Il a été mon entraîneur quand j’étais au lycée de Pontarlier, en section sportive. François a su faire grandir en moi la notion de plaisir du sport qui est primordiale. Si nos chemins ne s’étaient pas croisés, je suis certain que mon avenir sportif aurait été complètement différent.
Crédit photos JMK Consult et Robert Goin
Laisser un commentaire