Quelques fois sur la page Facebook de u-Run on vous pose des questions de toute sorte sur vos habitudes running, au niveau entraînement, matériel, diététique, blessure, etc… Cela peut s’avérer intéressant car on y décèle des tendances que les réseaux sociaux, au delà de l’aspect communication, reflètent de la société, chez nous celle des coureurs.
Si on pose la question « courez vous avec ou sans musique ? », on va tomber sur un pourcentage en faveur de la musique pendant l’entraînement. Si on creuse un peu plus, ceux qui utilisent la musique sont pour la plupart des coureurs « loisir », ou plus situés au milieu ou à l’arrière du peloton (sans porter aucun jugement de valeur).
On peut même dire que chez les coureurs occasionnels, par exemple ceux qui font un footing ou deux en dehors de leur pratique principale (fitness, sport collectif etc) c’est encore plus fréquent. Alors comment analyser ça ? La musique n’a plus à prouver son effet relaxant ou stimulateur. Au delà, il semblerait que certains coureurs ne puissent plus se passer d’un bruit de fond, ne supportent pas le silence. C’est comme une « béquille », une stimulation pour parer à une activité solitaire qui peut paraître contraignante. C’est aussi une bulle que l’on se crée contre le monde extérieur, envahissant ou agressif. Pourtant c’est ambivalent car il peut aussi subvenir plus de danger en n’entendant pas un véhicule arriver par exemple. A titre d’exemple, il m’est arrivé une fois d’emprunter le même chemin qu’une jeune femme. Sans la musique dans les oreilles, elle m’aurait entendu arriver. Elle s’est donc sentie surprise. De plus, elle n’a pas entendu mon bonjour et la simple question: « vous allez jusqu’où ? » Je l’avais dérangée, pas la peine d’en dire plus.
Une autre question était celle-ci : « pourriez-vous vous passer de votre montre GPS ? ». La majorité a répondu non. A titre d’analyse, cet outil paraît bien utile et connaître sa distance, son rythme etc peut s’avérer intéressant dans l’analyse et la progression. Encore plus intéressant pour la pratique du trail car les chemins sont difficilement mesurables autrement, ainsi que le dénivelé, d’ailleurs bien souvent il n’y a pas de chemins tracés. Vu la réponse, cet outil rend carrément dépendants ceux qui l’utilisent quotidiennement. Sans ça, on ne sait plus à quel rythme on court, on a besoin de la confirmation du chrono / de la distance pour valider ou non une impression de valeur instantanée. On cherche à tout mesurer, tout quantifier pour s’établir des repères et chercher des récompenses personnelles de résultats, quand on a fait par exemple plus de dénivelé, plus de distance ou un meilleur rythme au kilomètre etc. Sans vouloir retourner à » l’âge de pierre « , on n’arrive plus à se débrouiller par soi-même. On se coupe du ressenti personnel. On ne veut plus se mettre autour d’une piste ou sur un tracé étalonné pour travailler son rythme, la connaissance des allures. Pourtant, ce sont des choses très utiles à tout type de coureur et quelque soit le niveau. On peut facilement estimer son rythme et la longueur de ses sorties, à 1 ou 2 km près selon la longueur.
Tout ceci pour dire que la course manque parfois de simplicité, de naturel. Quelque part, il y a une perte de repères personnel, de sensations. Le lien direct avec les réactions du corps est rallongé ou perturbé. Ne pas oublier l’instinct !
Le meilleur rythme c’est celui de votre coeur et de vos foulées.
Mathieu BERTOS