15 jours après l’Extreme Trail du Grand-Brassac, quand j’ai établi mon programme en début de saison, j’avais décidé d’enchainer avec le Ruthénois du Trail des Ruthènes. Au programme 27km et 1080m de D+ annoncés, dans les belles bosses de l’Aveyron. Le hic c’est qu’avec ma foulure à la cheville le WE qui a précédé Grand-Brassac, j’ai du lever le pied, histoire de reposer ma cheville. Bilan : 5 petites sorties running en 3 semaines (+ la course à Grand-Brassac).
C’est donc sans aucun autre objectif que de prendre du plaisir et de découvrir de beaux paysages, que j’ai pris mon dossard moins d’1 semaine avant la course. Je voulais aussi accompagner Pierre-Alain (un autre membre de notre Team Trail Again), qui avait été contraint au dernier moment de déclarer forfait à Grand-Brassac, et qui lui était inscrit au Ruthénois depuis belle lurette.
Après un samedi soir entre amis (donc apéro et vin pendant le repas), le réveil sonne à 5h45 dimanche matin. Ce coup-ci petit déjeuner copieux (histoire de ne pas rééditer ma fringale de Grand-Brassac), on embarque direction Salles la Source. Nous arrivons sur place, dans ce superbe petit village pittoresque, vers 8h25, et on monte récupérer nos dossards. Je dis bien « monte » car le site de départ est sur les hauteurs du village, et y accéder constitue déjà un petit aperçu de ce qui nous attend plus tard. Après avoir fait un petit coucou à Mélanie, qui fait partie de l’organisation, retour à la voiture pour se changer. Il ne fait pas chaud, mais au moins il ne pleut pas. Du coup la veste chaude restera dans la voiture, et le petit k-way ira se loger dans le sac de course (le k-way fait parti du matériel obligatoire, au même titre que la couverture de survie et le sifflet par exemple).
Ce coup-ci on remonte au départ mais en courant, histoire de bien commencer la montée en température et de réveiller un peu les guiboles. Je croise certains des espagnols du Team Land qui, comme on dit dans le Sud-Ouest, ne sont pas venus là pour triller les lentilles, ainsi que la charmante Anne-Lise Rousset (également du Team Race Land) la grandissime favorite du classement féminin, ou encore Gérald Moutiapoullé (team Errea Run’n’Trail), le récent vainqueur du 15km du Trail Toulouse Métropole, ainsi que du 18km du Forest-Trail. Je ne vois pas Maxime Durand (Team Instinct Inov8), qui m’a pourtant confirmé qu’il serait là (avec les mêmes chaussures que moi, mais malheureusement pour moi, pas le même moteur).
9h30 le départ est donné. On commence par une petite descente dans les rues du village, puis très rapidement un virage à droite et … une énorme montée devant nous !! Vu la pente, beaucoup marchent déjà. Perso je cours … enfin façon de parler, car j’avance à peine plus vite que certains qui marchent ! Après ce 1er gros rampaillon, on retrouve un horizon beaucoup plus plat, et surtout on quitte le bitume. Pierre-Alain que j’avais légèrement lâché dans la 1ère montée, me rejoint, et après être resté un peu à mon niveau, décide d’allonger sa foulée de géant. Je l’aurais en point de mire pendant de nombreux kilomètres, mais ne le reverrais de près … qu’après la ligne d’arrivée. Toujours est-il que nous sommes sur les hauteurs de Salles les Sources, et que le paysage et le terrain de jeu qui nous sont proposés sont justes somptueux. On surplombe tout, et il y a des bien belles falaises, à tel point qu’à un moment je dis à celui me précède dans une descente où il faut poser les mains, que ce n’est pas le moment de se louper. Les sentiers sont eux un peu mous mais pas vraiment boueux, donc pour l’instant j’adore !
Après 7-8km, je constate que les groupes et les allures sont déjà stabilisés, du coup on ne voit pas d’avion qui nous double, ou au contraire de mecs partis trop vite en perdition (en même temps, ce serai mauvais signe aussi tôt dans la course). Là nous arrivons face une très grosse descente, sur un chemin assez étroit entre 2 murs empierrés. Le sol est bien plus boueux qu’auparavant, et il y a surtout de bonnes grosses pierres un peu partout. Moi qui suis déjà un très mauvais descendeur, je me permets de ralentir encore plus, à cause de mes chevilles d’argile que je ne veux pas sacrifier aussi tôt dans la saison. Bilan : je perds un terrain fou sur le type qui était devant moi, et je sens, ou plutôt j’entends, que ça revient de derrière.
Après avoir traversé une petite route (et remercier au passage les signaleurs qui sont là pour arrêter les éventuelles voitures qui passeraient par là), on retrouve un profil qui me convient mieux. Bref, ça monte !! Le hic, c’est que je sens déjà que les cannes ne sont pas trop au RV aujourd’hui, je les trouve même très, très lourdes. Du coup là où en étant bien préparé (donc avec un entrainement « normal » durant les 3 semaines qui précède la course) j’aurai pu courir et grappiller quelques places, et bien je marche et reste au même rythme que les coureurs qui m’entourent. Après avoir atteint le sommet de cette bosse, nous retrouvons un chemin bien plus roulant, qui colle bien mieux à ma petite forme du jour. Du coup durant environ 2km, j’arrive à relancer et recoller au fur et à mesure avec ceux qui sont devant moi. C’est à ce moment là que nous arrivons (déjà) au ravito du 15ème km (seul ravito de la course).
Au niveau boisson et alimentation, j’ai tout ce qui faut sur moi, mais je prends quand même 4 abricots secs et repars aussitôt après en avoir mis 2 dans ma bouche. Et durant près d’1km, je vais galérer avec ces abricots dans la bouche, à tel point que je m’arrête pour les avaler et en profite pour engloutir les 2 autres. Après cet épisode un peu malencontreux, je peux enfin retrouver un rythme de croisière qui me va bien. Je reprends 1 ou 2 types, et au bout d’1 moment, où je suis bien seul, j’arrive à une intersection où la rubalise et les flèches semblent indiquer qu’il faut aller à droite. Sauf qu’à droite, ben c’est le lit d’un ruisseau, qui en temps normal est sûrement asséché, mais qui avec tout ce qu’il est tombé comme pluie ces dernières semaines, et plutôt bien rempli. Après avoir hésité quelques secondes, je pose le cerveau et me convainc que c’est la bonne direction. Allez zouh, petite ballade de plusieurs centaines de mètres les pieds dans la flotte.
L’air de rien, en sacrifiant la propreté de mes chaussures, j’aperçois à la fin de ce passage le coureur qui me précède. Là on attaque un petit single track superbe, légèrement en dévers sur un flanc de colline. Je reviens sur des types qui sont devant, mais je suis aussi repris par 2 types qui « envoient du gros ». Au détour d’un petit virage, l’un des 2 mets le clignottant subitement et s’assoit sur le côté. Un peu inquiet je m’arrête à son niveau et lui demande si ça va. Il me répond « ou, oui, aucun problème, j’ai juste un caillou dans la chaussure » (le genre de truc très con, mais qui fait bien mal quand le caillou n’est pas bien placé). Je le laisse donc seul (il me redoublera plus loin, assez facilement d’ailleurs). L’air de rien, nous approchons de l’arrivée et nous revenons donc sur les derniers du 12km (ils sont partis 1 heure après nous), ainsi que sur des personnes qui se sont inscrites sur la marche/randonnée proposée par les organisateurs. J’encourage les coureurs que je double, car il y en a de plus en plus qui sont dans le rouge. Là nous attaquons, malheureusement, la partie la moins plaisante de la course. Nous sommes dans un chemin entouré de petits arbres, mais qui est ultra boueux. J’essaie de courir au maximum, car je sais qu’en marchant c’est presque plus compliqué. Sauf que depuis le 20ème km, on peut dire que « j’en chie », et que mon manque de kilométrage d’entrainement se fait payer.
A environ 2 km de l’arrivée, cette partie boueuse devient bien descendante, mais il y a en plus de nombreux gros cailloux. J’ai beau entendre des gars arriver de derrière, je n’arrive pas à avancer et perd environ 3 places dans cette descente. A l’issue de ce mini enfer, on retrouve enfin du bitume et un terrain bien plus roulant. Et bizarrement ça me revigore soudainement et j’arrive à relancer assez fortement. Sur le dernier km je vais mettre une grosse boite (façon de parler) et revenir puis déposer les 3 gars qui sont devant moi. En regardant le classement à l’arrivée, je me rends compte que j’ai mis 30 secondes dans la vue, sur une si petite distance, au 1er des 3 que j’ai doublé sur cette fin de parcours, ce qui est assez conséquent.
Je franchis donc la ligne d’arrivée en 2h46min, et en 55ème position au scratch, sur 246 classés. Mon copain Pierre-Alain qui m’attendait sur la ligne d’arrivée, est arrivé 3 minutes avant, en 52ème position. A l’issue de la course, et après avoir englouti le repas qui était offert avec le dossard, j’ai eu le plaisir de voir Maxime Durand et de taper un peu la causette avec lui. Il m’apprendra qu’il a donc fini 2ème de la course, derrière Jordi Gamito Baus(un des espagnols du Team Race Land), et qu’il s’est fait doubler à 2km de l’arrivée, sur une portion roulante de la fin de course. Il est malgré tout satisfait de sa course, car conscient qu’il n’est pas forcément dans la meilleure forme de sa vie (il s’entraine un peu moins en ce moment, à cause d’une excellente raison personnelle : il construit sa maison). Gérald Moutiapoullé finira 3ème a quelques petites seconde de Maxime, et Nicolas Durand 4ème. Les 4 premiers finissent dans un mouchoir de 2 petites minutes.
Chez les filles, comme prévu Anne-Lise Rousset a survolé la course, puisqu’elle s’impose avec près de 31 minutes d’avance sur la 2ème (Magali Croizier), et avec une superbe 20ème place au scratch. Au final, même si j’étais en petite forme (mais j’en étais conscient avant de venir), je garderai un super souvenir de cette course, et la seule chose que je sais, c’est que je reviendrai l’année prochaine (si possible en étant un peu mieux préparé).
Yann ILHARDOY
Les résultats du Trail des Ruthènes : Résultats Ruthenois Resultats Trail des Ruthènes Résultats trailounet
Les photos du Trail des Ruthènes (65, 27 et 12km) : crédit photo Céline Dumas
Laisser un commentaire