Le WE dernier avait lieu l’Hivernal Trail du Grand-Brassac, épreuve assez unique en son genre qui propose, dans les superbes décors du Périgord, 4 épreuves différentes : un trail nocturne de 22km avec 800m de D+, l’Extreme Trail qui cumule 2 courses : la 1ère le samedi soir en nocturne, et la 2ème le dimanche matin (à chaque fois sur le même parcours de 22km et 800m de D+), un 24 heures par équipe de 3 coureurs (avec 1 personne pour l’assistance) et un 24 heures en individuel.
Il s’avère que l’année dernière j’avais participé uniquement au trail nocturne, et qu’on peut dire que c’était le 1er trail de ma vie de coureur à pieds. Du coup pour fêter ça, on avait décidé avec les copains d’y retourner, mais ce coup-ci d’augmenter la difficulté d’un cran en prenant un dossard sur l’Extreme Trail.
Ma prépa de début de saison était calée pour arriver dans les meilleures conditions sur cette course … sauf que 6 jours avant le départ, je me suis foulé la cheville en trébuchant sur un trottoir à la fin d’une sortie longue. VDM !!!. Bien que légèrement amoindri, il était hors de question que je loupe ça, donc samedi après-midi, avec mes 2 acolytes nous rejoignons la Dordogne. Durant les 3 heures de voiture, la météo est exécrable, et à de multiples reprises de grosses averses s’abattent sur nous. Ca promet pour la course !!! Arrivés sur place, nous rejoignons 3 copains qui participeront aussi à la course. On croise Sylvain Court, le tenant du titre, qui au vu de la liste des engagés, semble encore être le grand favori (même si je dois avouer que je ne connais pas les coureurs locaux).
Après avoir enfilé la tenue, épinglé le dossard, rempli le camel back (la course est entièrement en auto-suffisance, pas de ravitos), et allumé la frontale, nous sommes amassés sur la ligne de départ. Au son de U2 (un des organisateurs doit être fan, car on a eu droit au best-of du groupe irlandais durant tout le WE ), le départ est donné. Avec David, nous partons de l’arrière du peloton, alors que notre copain Cédric est parti bien plus à l’avant. Après 500 mètres à se faufiler dans les petites rues du village, 1ère montée un peu boueuse, et du coup premier énorme bouchon car pas mal de personnes commencent déjà à marcher. On est un peu dégouté avec David, et on attendra un peu plus loin que le chemin s’élargisse pour doubler beaucoup de monde. Le terrain est vraiment très, très boueux (encore plus que l’année dernière). Comme je sais que mes chaussures ont une accroche terrible, j’avoue que je ne me pose pas trop de questions sur les trajectoires à adopter, et en bon cartésien que je suis, je sais que la trajectoire la plus courte pour aller d’un point A à un point B c’est la ligne droite, du coup je vais toujours tout droit, sans chercher à éviter les flaques (ce qui est inconscient avec ma cheville déjà fragilisée, mais ce WE il faut croire que j’avais une bonne étoile puisque je n’ai jamais trouvé d’obstacles inattendu dans lesdites flaques durant tout le WE … ouf J).
En attendant la course suit son cours, et lentement mais sûrement je remonte 1 à 1 les concurrents. Par contre j’ai eu le tord de ne pas régler le serrage de ma frontale qui ne m’a pas servi depuis près d’1 an, du coup elle n’est pas assez serrée et régulièrement je suis obligé de réorienter le faisceau pour éclairer efficacement le chemin à suivre. Heureusement au niveau du balisage, c’est vraiment le top et on ne peut pas se perdre !!! Nous arrivons vers le 11ème km, soit la mi-course, et je décide de prendre un gel (avant la course j’avais prévu d’en prendre 2, un au 7ème puis un 14ème, mais comme je me sentais très bien, j’ai décalé la prise du 1er gel, et gardé l’autre sous le coude en cas de besoin urgent en fin de course). Nous arrivons enfin dans la tente qui est en haut des falaises au dessus du moulin de Rochereau. C’est un endroit où les organisateurs ont décidé de faire patienter les coureurs, car il y a 6 passages escarpés et très pentus, où nous devons nous servir d’une corde pour monter et descendre. Après un petit bisou à Laure, une des bénévoles que je connais, c’est reparti (j’ai du rester au bas mot 5 minutes dans la tente) … sauf qu’après 4 montées/descentes, on se retrouve nez à nez avec des embouteillages terribles car certains, avec la fatigue et la non adhérence de leur chaussure, n’arrivent plus à monter, et empêchent par la même occasion ceux qui sont encore frais de tracer leur route. Aucun doute, ce sera le gros point négatif de la course, le seul à mes yeux.
Ceci dit, cet énorme ralentissement m’a permis de me reposer, du coup je repars de plus belle sur les 8 derniers km. Je finis vraiment très fort, et double de très nombreux coureurs dans les 2 derniers km, car où tout le monde marche dans certaines montées, je cours (c’est un des avantages d’être un poids plume de 61 kg tout mouillé). Après une ultime descente sur un chemin éclairé au flambeau, je passe la ligne d’arrivée et me retrouve donc sous la tente d’arrivée, au chaud. Ce qui est top, c’est qu’il y a un écran géant sur lequel on voit en direct son classement et son temps. Je finis 32ème de cette première étape, en ayant mis 5 minutes de moins que l’année dernière sur le même parcours, mais sans avoir trop forcé. Cédric un de mes potes, m’a mis 13 minutes dans la vue et a fini 14ème de cette étape, remportée par … oh surprise … Sylvain Court (avec 13 minutes d’avance sur le 2nd, un triathlète qui participe à son premier trail), et David celui avec qui je suis parti du fond du peloton fini 49ème, 5 minutes derrière moi. Après une bonne douche, et une bonne razzia de pâtes, je me dis qu’en m’arrachant un peu, y’a moyen de gagner pas mal de places le lendemain.
Le lendemain matin, nous arrivons sur Grand-Brassac avec un superbe soleil pour nous accueillir mais un petit 1°C au thermomètre. Après m’être habillé et avoir chaussé une nouvelle paire de chaussures (mais toujours des Inov8 avec la semelle « qui va bien » et qui passe partout). J’ai passé une nuit de merde et à vue de nez, après avoir tourné et retourné dans mon lit, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Avec David on va s’échauffer un peu, et là, comme je m’en doutais, la cheville grince un peu. Tant pis j’écourte mon échauffement, et vais donc attendre patiemment le départ près de l’arche de Départ. Par contre ce coup-ci, je me faufile un peu plus au cœur du peloton, histoire de ne pas être bloqué comme la veille, dès les premières difficultés.
10 heures, et bim c’est reparti. Même si il y a un petit ralentissement, assez rapidement je me retrouve avec des gars qui courent à la même allure que moi et qui prennent les mêmes trajectoires que moi (tout droit ça passe !!!). Je me force même à relancer dans les rares endroits pas trop pentus de la course, là où la veille je gardais le même rythme de croisière peinard. Entre le 4ème et le 5ème km, je me fais doubler par mon copain Cédric. Le simple fait de savoir que j’étais devant lui, me fait penser que je dois être à une place honorable. Du coup je m’accroche un peu, et même si en descente ou sur plat il a tendance à me prendre du terrain, en montée je le récupère aussitôt. Vers le 9ème km, je profite d’une montée où je marche rapidement, pour prendre mon 1er gel. Personne ne me double et je reste à portée de vue d’un petit groupe de 3 coureurs qui avancent à un bon train.
Là on arrive déjà en haut des falaises au dessus du moulin de Rochereau où je remarque qu’il n’y aucun embouteillage comme la veille (c’est un des avantages d’être parti assez vite). Arrivé en bas de la 1ère descente, oh surprise, on nous dit d’aller tout droit au lieu de remonter aussitôt. En effet les organisateurs, devant les problèmes posés par les montées à la corde, ont modifié le parcours. Du coup au lieu de se taper 3 montées/descentes, on n’en fera qu’1 seule … youpiiii !!! Après 300 mètres en bas des falaises, on arrive au pied de celle qu’on doit monter. Mon copain Pierre-Alain qui est blessé et qui est venu en simple supporter, m’encourage, me conseille de prendre la corde de gauche, et m’annonce mon classement : je suis 16ème !!! Je profite même de cette montée de corde pour griller 3 types et me retrouver 14ème … sauf que, comme le dirait Ken le Survivant, « tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà mort ». Après cet effort dans le passage cordé, je ressens un léger coup de moins bien. Du coup je reprends un gel, qui est mon dernier, et nous en sommes au km 14. Et là, c’est le début de la fin !!! Enorme coup de bambou : plus de jambes, plus d’énergie, et du coup la tête lâche prise aussi. En fait je suis tout simplement en train de faire une fringale. A postériori je me rends compte que j’ai fait un petit déjeuner bien trop light avant de me lancer dans un gros effort de 2h30. En plus dans un excès d’optimisme, je n’ai pris que 2 gels avec moi, alors qu’il m’en reste un 3ème et que j’avais des barres céréales qui sont restées dans la voiture, et cerise sur le gâteau quand David m’a rattrapé, il a bien vu que je n’étais pas bien et m’a proposé de me filer à manger. Je lui dit « non c’est bon, ce n’est pas ça, je n’ai juste plus de jambes ». Bref, j’ai eu tout faux sur le coup !
Au final, les 6 derniers kilomètres vont être un vrai chemin de croix … et ce sera la même chose pour Cédric qui a fait la même connerie que moi (sauf qu’il a un peu plus de mental, et il arrivera quand même à me mettre 5 minutes). Je demande à plusieurs personnes s’ils n’ont pas à manger, et un concurrent sympa me filera un gel … qui ne me fera aucun effet. Après m’être fait doubler, et redoubler par de multiples concurrents, et avoir songé un court instant à l’abandon, je franchis tant bien que mal la ligne d’arrivée, tout en ayant mis un point d’honneur à courir sur les 200 derniers mètres (heureusement c’est en descente). En franchissant la ligne, je vois mon classement 84ème et mon temps, qui est supérieur de 6 minutes à celui de la veille (sachant que le parcours était plus facile sur la 2ème étape avec la suppression des passages de montée à la corde). Par contre là, j’avoue avoir fait le sauvage et m’être rué sur tout ce qui me tombait sur la main au niveau du buffet d’arrivée : pate de fruit, chocolat, pain, fromage, pâté, eau gazeuse, coca, tout y passe !!! Au bout de 20 minutes j’ai enfin retrouvé mes esprits et je peux filer à la douche. J’ai calculé en analysant les données de ma montre, que si j’avais fini les 6 derniers km, au même rythme que la veille, j’aurai gagné 24 minutes, et que ça m’aurait valu une 22ème place au classement cumulé des 2 étapes … au lieu de la 55ème place qui est la mienne. Mais avec des « SI » il parait même qu’on pourrait mettre Paris en bouteille !
A postériori j’ai beaucoup aimé cette course (sauf les 3 passages dans les cordes de la course nocturne, qui pourrissent la fluidité de la course et on une influence bien plus négative pour ceux qui passent à l’arrière du peloton que pour les 1ers), et j’ai appris qu’autosuffisance rime avec prévoyance, du coup la prochaine fois j’adapterai réellement mon alimentation pré-course à la durée de l’effort estimée, et je prendrais suffisamment d’alimentation en rab en cas de coup de moins bien 😉 Par contre ce qui semble sûr, c’est que je reviendrai, car je ne veux pas en rester là, sur cette note mi figue, mi raisin.
Yann
Les résultats complets de l’Hivernal Grand Brassac : www.gipsaventure.fr
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