Pour la 4ème édition du Forest Trail 31, i-Run choisit d’être partenaire officiel ! Pas d’hésitation possible, dès la décision du partenariat prise, nous décidons de cocher cette course à notre agenda 2014. L’évènement connaît un succès grandissant depuis sa création et plus de 1700 coureurs sont attendus ce WE dans le petit village de Levignac pour prendre le départ de l’une des épreuves au programme : 4 distances au choix, 11, 18, 21 ou 42km. La particularité, ce trail est nocturne et notre balade se fera donc frontale sur la tête, avec le chant des hiboux pour nous bercer … Ou nous effrayer, c’est selon !
Dans l’optique d’une prochaine participation sur le 80km de l’Eco Trail de Paris fin mars, j’opte pour la distance la plus longue, le 42km, en me disant que ça pourra de toute façon servir de bonne préparation. Quand on prépare du long, il faut faire du long ! 15 jours avant le 50km du Gruissan Phoebus Trail, il va quand même falloir faire attention de ne pas trop taper dedans … Le but c’est de ne pas arriver trop fatigués pour ce 2ème dossard trail de la saison.
Le jour J approche, mais Dame Nature fait des ravages dans le sud ouest de la France. De fortes pluies provoquent des inondations et les terrains deviennent impraticables … Des intempéries qui vont même obliger l’annulation d’une course, le WE qui précède l’évènement . Si le Forest Trail a bien lieu (c’est la préfecture qui aura le dernier mot), il promet d’être marqué dans les annales encore cette année et de faire souffrir ses courageux participants … Cela ne nous enchante guère mais on fera avec, il faut savoir s’adapter aux conditions du jour ! Et puis les organisateurs ont fait le maximum pour accueillir au mieux les coureurs, en modifiant et rebalisant une grande partie du parcours. Un énorme travail effectué en amont, bravo !!
Samedi 1er février, nous prenons la route de Lévignac. Il pleut en discontinu depuis la sortie du lit, autant dire que l’on risque de se souvenir de l’évènement … Au village, c’est déjà l’euphorie à 17h30. La halle où se trouve le retrait des dossards et l’espace des partenaires grouille de monde; coureurs, spectateurs ou simples curieux venus d’ici ou d’ailleurs. Dossard en main, tenue de guerrier enfilé, matériel obligatoire checké, frontale sur la tête ajustée, le coucou aux copains passé (un spécial clin d’oeil à Lise et Maxou venus spécialement pour nous embrasser au départ, merci les amoureux !), nous étions pratiquement prêts ! Au moment où l’obscurité s’installe, la pluie s’arrête. Oh bonheur, si seulement ça pouvait rester comme ça toute la nuit … Du coup, je décide au dernier moment de m’alléger de le laisser mon K-Way à Karine (merci à elle !), en espérant ne pas faire là un mauvais choix stratégique.
Pour l’échauffement, on repassera ! Les quelques foulées effectuées devant la ligne ne suffiront probablement pas, mais le timing était trop serré pour cette fois. 18h30, le starter s’apprête à donner le départ avec nos deux ouvreurs qui s’envolent devant nous, fumigènes rouges brandis en l’air, super spectacle !! La course est lancée et nous profitons de cette ambiance euphorique de départ pour se laisser porter. Savourons ces 2km de bitume propre pour la mise en jambe, la suite s’annonce plus épique …! En quittant cette première portion rapide, je jète un oeil derrière pour admirer cette chenille de frontales qui suit, trop chouette ! Allez on quitte la civilisation pour mettre les premiers pieds dans les flaques d’eau boueuses, miam !
A la première flaque, on se marre, à la 2ème on se dit, « voilà, j’ai déjà les pieds trempés », à la 3ème on se blinde et on accepte l’idée que ça ne sert à rien d’essayer de les éviter, on perd du temps et de l’énergie. Le sentier est bien gorgé d’eau mais sur les portions larges, en ciblant les côtés, je parviens à trouver des appuis stables. Pour le moment, ça se gère. Je trouve un bon petit rythme de croisière avec d’autres coureurs, on se suit en restant concentrés sur les appuis. Les premières descentes laissent place aux premières glissades. Sans conséquences pour certaines, quelques plus grosses frayeurs pour d’autres. Dans ces moments là, on croit pouvoir envoyer à grandes foulées et profiter du profil descendant pour relâcher mais en fait non, pas du tout ! C’est justement le moment où il faut freiner et redoubler de vigilance … Parfois se tenir aux branches, ou se laisser glisser sur les fesses, si si !! Bref, après quelques chutes qui me rappellent vraiment à l’ordre, je n’ai qu’une chose en tête : ne prendre aucun risque aujourd’hui, quitte à en oublier la performance et le chrono.
Je ne reviendrais pas sur l’intégralité du parcours, kilomètre par kilomètre mais juste sur quelques passages qui m’auront marqués. Quelques traversées de rivières, avec de l’eau jusqu’en haut des cuisses par exemple … Je plains ceux ou celles qui auraient eu le malheur de glisser ici ! Sans parler des longues traversées de champs transformés en véritable bourbier où nos pieds s’enfonçaient presque jusqu’aux mollets à chaque foulée et ressortaient avec 15kg de terre collés sur les semelles. Merci à Karine et son mari pour les encouragements, il fallait en vouloir aussi pour suivre les coureurs sur le côté ! Le premier ravitaillement est laborieusement atteint au bout d’une vingtaine de kilomètres. La chaleur des quelques spectateurs présents autour de la petite chapelle nous aide à reprendre la route. Nous sommes à mi parcours, mais ça, il ne faut mieux pas y penser.
J’ai refait le plein, mon bidon était quasiment vide. On m’annonce 1er femme et dans les 20 au scratch. Une caméra me filme au moment du remplissage, j’explique rapidement la situation : « oui en effet, c’est un peu la galère, mais on fait avec et ça va ! » Je ne traine pas ici, c’est le meilleur moyen d’avoir du mal à repartir. J’ai très froid, surtout aux pieds et aux mains. Mon collant n’arrête pas de glisser, j’ai le ventre à l’air, je déteste ça mais comme je ne sens plus mes mains, je n’arrive pas à remettre tout ça correctement. Aucune douleur ou signe de fatigue par contre, j’ai les jambes qui vont bien, et c’est d’autant plus frustrant qu’on ne peut pas envoyer comme on le voudrait sur ces portions trop glissantes. A chaque fois que le terrain le permet, je passe la seconde et j’envoie ! Sortie du ravitaillement, je rejoins un groupe de coureurs dont un certain très sympa Nicolas, avec qui je ferais ensuite un petit bout de chemin. Merci à lui pour sa gentillesse et sa sympathie.
Ça glisse terriblement, difficile de maitriser les appuis. 6 ou 7 coureurs sont arrêtés un peu plus loin, j’aperçois un homme allongé par terre avec une couverture de survie sur lui. Aie !! Ça sent mauvais l’accident. Je m’arrête avec Nicolas. « Qu’est ce qu’il s’est passé ? » On nous répond : « c’est sa cheville, il a très mal et ne peut plus marcher, mais personne n’a de téléphone pour appeler les secours ». Et nous n’avons rien pour l’aider … Il faut vite aller prévenir le prochain signaleur, le précédent est trop loin. Ils sont assez nombreux autour de lui, nous reprenons notre route après avoir mesurer l’ampleur des dégâts et préviendrons le prochain bénévole. Un incident qui nous refroidit tous …(J’apprends par la suite que ce pauvre jeune homme s’était carrément fracturé la cheville). Nous sommes tous encore plus prudents pour rallier l’arrivée.
10 kilomètres environ séparent le premier du second ravitaillement. Toujours les mêmes problématiques au niveau des appuis, mais j’essaye de positiver et de profiter en me disant que j’ai de la chance d’être là, alors que d’autres sont au repos forcé ! J’arrive à grappiller quelques places, pour arriver au ravito à la 17ème ou 16ème place au scratch environ. A priori toujours en tête chez les féminines, pas de nouvelles des écarts derrière … En fait nous croisons peu de monde sur le parcours, mais les quelques spectateurs présents mettent le feu et les bénévoles sont nombreux et bien positionnés aux endroits stratégiques. À ce ravitaillement, c’est la fête !! Déguisement, musique, grosse ambiance, c’est chaleur (merci à eux! ) ! On aurait presque envie d’y rester. Certains coureurs accoudés au bar ne semblent d’ailleurs pas avoir envie de repartir … Allez je fais le plein d’eau et je repars, il reste moins de 10km, c’est la dernière ligne droite. Toujours aussi glacée mais j’ai réussi à me réchauffer un peu les mains, ce qui me permet au moins de pouvoir attraper mon bidon pour boire.
Fin de course, extra ! Au sol, moins d’embûches, plus de stabilité, (on finit par se contenter de peu !), j’ai la forme, j’accélère. Les portions de route se font plus nombreuses, on peut aller vite, c’est bon ! Je double quelques coureurs, les signaleurs nous encouragent et annoncent l’arrivée très proche (je me méfie de ça maintenant, on nous annonce parfois 1 ou 2km restant alors qu’il en reste 4 ou 5 !). Un coup d’oeil à ma montre (ils ont été très rares pendant 4h !) : 4’10 au kilo, un peu plus de 36km au compteur, je savoure ces moments de bonnes sensations. Il reste en moyenne 3km, le temps pour un gars qui n’a pas apprécié se voir doubler par une fille dans cette dernière partie, de me redoubler ! Je n’essaye même pas de me défendre (je pense à Gruissan dans 15 jours), je l’encourage.
Les lumières, la rubalise i-Run, j’entends du brouhaha, ça commence à sentir vraiment l’arrivée cette fois ! Un dernier virage et la halle de Lévignac nous ouvre grand ses portes, avec l’arche d’arrivée placée juste devant l’entrée. Je franchis finalement la ligne 14ème et première féminine en 4h10, avec la joie d’apprendre également la victoire de mon amoureux sur cette même course ! Le corps crotté de boue, on va maintenant pouvoir savourer la soupe chaude et le fameux sandwich à la saucisse de Toulouse avec les copains du team i-Run, avant de se décider à aller se mettre au sec et au chaud avant les podiums.
Merci au Forest Trail, organisateurs et bénévoles. Une course qui restera gravée dans nos mémoires et qui apporte finalement beaucoup moralement. On travaille le mental ! Espérons une édition 2015 plus clémente quand même … ! Revivez l’évènement avec le reportage de FRANCE 3 ci dessous ! 🙂
Sylvaine CUSSOT
Crédit photo : Rémy Jégard, Rémi Blomme et Stéphane Cadic
Les résultats du Forest Trail 31 :
Supernova (42km) : La-Supernova
Nébuleuse (21km) : La-Nébuleuse
Météore (18km) : La-Météore
Comète (11km) : La-Comète