Course de nuit à la frontale, distance type « trail court », cette première participation au Forestrail avec le Team i-Run était synonyme de découverte. Un parcours en forêt de 20 Km marqué par les intempéries des derniers jours. Un apéritif Saintélyon, une entame au Mud Day et un bon plat de boue pour un menu un peu fou !
Ambiance nuptiale
À 20 Km de Toulouse, les rues du petit village de Lévignac sont déjà grouillantes de vie. Prêts à en découdre avec l’obscurité de la forêt de Bouconne, les traileurs vérifient leur matériel et ajustent leurs frontales. La pluie torrentielle s’est éteinte avec l’arrivée de la nuit. Sylvaine Cussot et Emmanuel Gault se pressent sur la ligne de départ. Le couple du Team Asics Trail / i-Run ouvre le bal sur la plus longue distance. Amputée de quelques kilomètres en raison des intempéries, la « Supernova » est lancée sous une dense fumée rouge. Après quelques foulées sur le bitume, les concurrents disparaissent et plongent dans l’inconnu des chemins forestiers.
Au cœur de la salle du retrait des dossards, les bénévoles s’activent au chaud à l’entame de cette nuit blanche. Plus d’une centaine de courageux sont mobilisés pour assurer l’organisation et accompagner les coureurs sur les parcours. Ces dernières mois, les inondations du sud de la France ont fait la une des journaux. La Garonne au plus haut, les champs gorgés d’eau, le Forestrail a évité de peu l’annulation. Une semaine plus tôt, une épreuve avait jeté l’éponge dans la région. Cette fois-ci, c’était bon. Les organisateurs ont procédé à quelques aménagements de parcours pour éviter les zones impraticables. On s’attendait à vivre un enfer. Après mes régionaux de cross dantesques, j’étais prêt pour 16 Km de plus dans les mêmes conditions. La plupart des membres du Team i-Run présents ont pris part au 18 Km (La Météore), rallongé de quelques centaines de mètres.
Dans la foulée de Julien Jorro
Derrière cette même fumée rouge semblable aux départs des classiques, le speaker lâche les fauves. Julien Jorro, camarade du Team Lafuma / i-Run part seul en tête dès les premières mètres. Sans repères, je prends sa foulée sur la longue montée de bitume qui attire les coureurs vers la forêt. Derrière nous, la carte postale de la Saintélyon. Des dizaines de lucioles illuminent les rues de Lévignac. Puis vient l’heure de s’enfoncer dans les sous-bois. Le peloton s’étire.
Au bout de 20 minutes de course, je comprends vite que je ne tiendrais pas le rythme de Julien Jorro, parti très fort. Je décroche et je me retrouve avec le 2e, puis le 3e jusqu’à la mi-course. Je paye ensuite ma semaine blanche d’entraînement (malade), ma lenteur dans les zones techniques et ce départ trop rapide, en baissant de rythme et en me faisant rattraper par une dizaine de concurrents, habitués à produire ce type d’effort. Je tiens un rythme de croisière plus tranquille jusqu’à la fin de la course, sans forcer. Au-delà du manque de rythme, c’est la fatigue musculaire qui rend la tâche difficile. Le sol est très humide, glissant, les relances laborieuses et il faut s’arracher pour se dépêtrer de l’omniprésent bourbier. Avec les flaques d’eau, les pieds sont vite trempés et les passages de ruisseaux glacent les jambes. Il faut voir le bon côté des choses : les chaussures sont lavées de l’accumulation de boue.
Apprivoiser la nuit et le terrain exigent
Avec les intempéries, je m’attendais à vivre un cauchemar. Mais malgré une mauvaise gestion de course, j’ai plutôt pris mon pied. En tant que débutant sur trail, il y a toujours ce sentiment de frustration qui prédomine. Cette impression d’être à la traîne et de ne pas avancer. Les quelques chutes, arrêts, hésitations de parcours fatiguent aussi moralement. Mais comme me le rappelait Sylvaine Cussot, les chutes sont ici sans conséquence. Le sol est mou, bien moins dangereux que la Saintélyon et ses passages verglacés. Sur les zones difficiles, je m’accroche prudemment aux troncs d’arbres et aux bosquets. Les portions de route permettent de retrouver une foulée correcte mais esseulé, difficile de rattraper les concurrents. Je me retrouve seul, autour de la 15e place.
Cette première course à la frontale brouille les repères. Il faut rester concentré à chaque foulée, chaque passage difficile. Il faut apprendre à imaginer le parcours, à prévoir les bifurcations, à négocier les passages entre les arbres, avec le scintillement des balisages pour seuls indicateurs. Le silence n’est brisé que par les flaques d’eau franchies et la brise légère sur les feuilles des arbres. Derrière moi, j’aperçois les lumières dansantes des concurrents qui me suivent. Au loin, la voix des bénévoles, supporters dans l’ombre, les visages cachés par l’obscurité. Le plaisir de retrouver un soupçon de vie au milieu de cette nature endormie.
Aux petits plaisirs de l’après-course
Cette balade nuptiale s’est passée plus vite que prévu. L’effort ne m’a pas terrassé mais les jambes, couvertes de boue, sont hors service. 19,4 Km en 1h40, à 10 minutes du vainqueur du jour, Julien Jorro. Une satisfaction d’être allé au bout de ce périple, tout en faisant l’état des lieux des éléments à travailler : les zones techniques et les descentes, mieux appréhender le dénivelé avec du travail musculaire mais aussi trouver du rythme pour tenir la distance et jouer les avant-postes.
Je retrouve peu à peu mes amis d’i-Run qui ont porté haut les couleurs du Team grâce à de nombreux podiums. Sous la houlette de la traditionnelle convivialité, buffet et soupe chaude suffisent au bonheur des arrivants crasseux, les jambes meurtries par l’effort. Les sourires dévoilent le plaisir d’avoir évolué sur ce parcours exigent. Avant de se souvenir, dans un élan de lucidité, qu’il est 22h et que l’on vient de s’arracher comme des fous pour venir à bout de ce Forestrail. À coup sûr, je vais finir par aimer la boue.
Mon équipement au Forestrail :
-Chaussures Adidas Adizero XT4,
-Frontale Led Lenser SEO5,
-Ceinture Camelback Porte Bidon Delaney,
-Collant Saucony Omni LX Tight II M,
-Coupe-vent Saucony Sonic HDX Vizipro M,
-Tee-shirt Saucony Hydramax M.
Rémi BLOMME
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