En plein développement depuis quelques années, l’Ekiden porte en lui le symbole des épreuves collectives sur route. Avec un championnat national reconnu et une nouvelle compétition dans la capitale, l’épreuve d’origine nippone est en vogue et connait un franc succès, à l’image des ces nombreuses courses en relais qui accompagnent les grands rendez-vous de l’Hexagone.
Un relais venu du Japon
Bien rares sont ceux qui peuvent se venter de déchiffrer le mot Ekiden. Derrière cette consonance étrangère se cache des origines nippones du début du XXe siècle. En 1917, un relais sportif long de 508 Km relia Kyoto à Tokyo pour fêter le changement de capitale du pays. Des dizaines d’athlètes se relaient ainsi au départ des gares ferroviaires bordant la route qui sépare les deux villes. Combinaison du mot « gare » et « transmettre », le terme d’Ekiden fait écho à cette première expérience.
Des distances Kyoto-Tokyo on passera finalement au mythique Marathon-Athènes pour développer cette pratique. Car c’est sur 42,195 Km que se déroulent désormais les Ekiden dans le monde entier, avec des épreuves internationales érigées depuis peu. Le découpage s’organise en 6 relais de 5 km, 10 km, 5 km, 10 km, 5 km et 7,195 km. Comme l’aurait décidé la logique hiérarchique, le record de l’épreuve est une propriété kenyanne avec un temps de 1 heure, 57 minutes et 6 secondes réalisé en 2005 à Chiba. Une ville japonaise ! C’est d’ailleurs là-bas qu’une délégation française s’est expatriée à l’invitation de la fédération d’athlétisme japonaise en novembre 2013. Une présence aussi sportive que symbolique.
Une sélection française à l’Ekiden International De Chiba
Yoann Kowal , Angelina Gours, Jean-Damascene Habarurema, Meriem Mered, Djamel Bachiri et Fatiha Klilech-Fauvel composaient dans l’ordre ce relais mixte aux abords de la baie de Tokyo. « L’Ekiden est une super épreuve et j’adore ce format de course car le collectif prime sur les individualités. On y retrouve un vrai esprit d’équipe, toujours difficile à trouver dans notre sport. Et c’est grâce à cela que l’Ekiden marche bien » analyse Fatiha Klilech-Fauvel. La course est dépendante d’un groupe soudé. C’est une formule accessible à tous qui colle bien aux clubs, groupes d’amis ou salariés d’entreprise.
L’Ekiden de Chiba est l’un des rendez-vous les plus importants de la discipline dans le pays. Retransmission télévisée, présentation des équipes nationales : on voit les choses en grand au pays du soleil levant. Russie, Kenya, Canada, Ukraine, Allemagne : une quinzaine d’équipes ont répondu présentes. Yoann Kowal a offert une entame canon aux français avec un 5 Km en 13’53. L’équipe finira 10e du classement (2h13’16), avec un dernier relais réalisé par la licenciée du SCO Sainte-Marguerite : « Ce qui est formidable, c’est l’ambiance et l’engouement du public, ils encourageaient tous le monde ! » se réjouit Fatiha. « Ayant couru sur un parcours varié, j’étais satisfaite de ma performance. Je trouve qu’il n’y a pas plus beau que de terminer un relais ! ».
Même sans grands enjeux, porter le maillot tricolore n’est jamais anodin : « À partir du moment ou l’on porte le maillot de l’équipe de France, que se soit pour une sélection officielle ou amicale, on se doit de donner le meilleur de nous même. Et heureusement car le niveau des autres équipes était très relevé. D’ailleurs, le Kenya établi le record du monde de l’Ekiden mixte (2h03’49) » précise la fondeuse. La place marquante de la course à pied au Japon n’a pas laissé les coureurs indifférents : « Ce qui est marquant la bas, c’est l’accueil des gens, leur gentillesse et le respect. Le seul défaut : le décalage horaire qui rend le retour en France difficile ! »
Ekiden, Asics et marathon au menu du rapprochement franco-japonais
Fatiha Klilech-Fauvel n’est pas la seule à être séduite par le pays puisque la fédération française d’athlétisme compte bien fidéliser ses relations avec ses homologues nippons. Le déplacement français avait aussi pour vocation d’établir de futures bases d’entraînements pour les marathoniens à l’horizon des JO 2016. Reste à voir si une collaboration entre des méthodes de travail très différentes peut s’avérer fructueuse. L’avenir le dira. Au Japon, le marathon est profondément ancré dans la culture athlétique et les meilleurs athlètes sont soutenus et employés par les entreprises et universités du pays…
Depuis 2013, les relations entre les deux pays se sont aussi illustrés à travers le partenariat avec Asics, marque japonaise qui, rappelons-le, s’est associée à la FFA pour l’olympiade 2013-2016. Plusieurs délégations se sont déjà rendues sur place pour entretenir ces relations cordiales. Loin d’être indifférents à l’essor de l’Ekiden dans l’Hexagone, la FFA compte aussi développer ce format de course en France. L’arrivée de l’Ekiden de Paris avec une première édition en novembre 2013 (220 équipes et la victoire d’un groupe japonais) est un premier pas vers l’acquisition d’un statut international à l’image de Chiba. L’occasion d’échanger avec les organisateurs locaux pour établir au mieux un cahier des charges 2014 fourni.
Le prochain rendez-vous national est programmé pour le 16 mars à Vendôme dans le cadre des championnats nationaux de la discipline. L’an dernier, Alès Cévenne Athlétisme avait remporté le titre devant Endurance 72 et Free Run 72. Le relais du CSJB Angers s’était adjugé le titre collectif côté féminin.
Rémi Blomme
Crédits image : Fatiha Klilech, Rémi Blomme, japanrunningnews
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