L’affaire des quotas est close, Laurent Blanc est hors d’affaire et la Fédération française de football s’en tire pour l’instant à moindre coup, tout ça, pour ça donc… Cependant, le chapitre autour notamment de la double nationalité ne risque pas de se refermer tout de suite. Petit rappel des faits : il était notamment question d’éviter la fuite de futurs talents formés en France et préférant par la suite jouer pour leur pays d’origine. Il fut donc notamment proposé l’instauration de quotas dans les centres de formations afin de limiter cette possibilité. (en gros, pas plus de 30% de jeunes ayant la double nationalité). Scandale, pratique discriminatoire, racisme… tous les maux furent attribués à la Fédération française de football. Si ce débat a véritablement enflammé la France du foot, il existe cependant un autre lieu où ce genre de question est devenu monnaie courante depuis quelques années, c’est la Fédération Française d’Athlétisme…
Loin d’être un cas isolé, le Kenya et l’Ethiopie sont devenus au fil du temps un terrain privilégié pour les recruteurs du monde entier en quête d’un nouveau phénomène. Ils existent en réalité deux cas de figure qui se présentent dans un cas de naturalisation. Soit l’athlète ne parvient pas à se qualifier dans son pays d’origine car les minimas sont très élevés ( c’est notamment le cas pour le Kenya et l’Ethiopie dans les épreuves de fond) soit la naturalisation intervient pour des raisons financières, ce qui est d’un point de vue éthique plus gênant.
Le Kényan,Stephen Chereno en est la parfaite illustration. Troisième du championnat d’Afrique en 3000 mètres steeple en 2002, il devient quelques mois plus tard qatari et devient champion du Monde à Paris en 2003. L’athlète a par la suite reconnu, qu’il s’était naturalisé en échange d’une rente à vie et la création d’une nouvelle piste d’athlétisme dans la région d’Eldoret au Kenya, d’où il est originaire. Devenu depuis Salif Saaeed Shaheen, il détient depuis 2004 , le record du monde du 3000 mètres stepple.
Le phénomène ne concerne pas uniquement les pays du Moyen-Orient puisque la France comme d’autres pays lui ont emboîté le pas. Quatrième des championnats du monde d’heptathlon en 1995 et cinquième lors des Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, la Sierra Léonaise Eunice Barber devient française en février 1999, soit quelques mois avant les championnats du monde. Elle remportera par la suite deux titres mondiaux et devient l’un des fer de lance de l’athlétisme français. Bien qu’ayant couru pour sa patrie d’origine, Eunice Barber était résidente française depuis 1992 et a choisi de concourir désormais pour la France.
Récemment dans le Figaro, Ghani Yalouz, le directeur national technique déclarait que la France a « toujours été une terre d’accueil » mais que la fédération ne menait pas un travail de naturalisation accélérée. Maria Martins, coureuse de demi-fond et originaire du Cap Vert, a pourtant prétendu le contraire en précisant que c’est la Fédération française qui l’a incité à se naturaliser. Double championne olympique du triple saut, la Camerounaise Françoise Mbango Etone en conflit avec sa fédération suite à un problème de primes non versées, a obtenu sa nationalité française en 2010. Vécu comme un drame national au Cameroun ( c’est la première athlète à avoir obtenu une médaille olympique en athlétisme), la fédération tente de faire valoir ses droits. Les deux fédérations doivent en effet se mettre d’accord pour la naturalisation d’un athlète ayant déjà représenté l’un des deux pays. Si aucun accord n’intervient, la durée légale pour que l’athlète puisse représenter son nouveau pays est de trois ans.
Et vous, que pensez vous de ces naturalisations « express » ?
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