La blessure… un moment très difficile pour le sportif. C’est un coup de frein dans la progression. Un gros trou dans le quotidien. Un manque physique. Un bouillonnement psychologique.
Ce qui est compliqué, c’est de l’accepter. De se dire » j’ai vraiment mal, ça va me gêner, il faut que je m’arrête et que je me soigne » . Bien souvent on insiste, on se dit que ça va passer. On essaie de se soigner en pensant que ce n’est pas grave. Puis on reprend, trop vite. Mais si, si c’est grave, et il faut s’arrêter, faire de vrais soins. Il faut prendre rendez-vous chez un docteur, qui va nous envoyer vers un spécialiste.
Là, ça commence déjà à nous fatiguer. Car prendre un rendez-vous, c’est attendre. Attendre une réponse, patienter. C’est toujours reporter, l’impression de ne pas avancer. Dans ces moments là, on rêve d’être footballeur ! A peine sur la civière, la voiture chauffe pour se rendre à l’hôpital ! Bien sûr, il n’y a pas d’enjeux économiques, mais peut être un enjeu personnel. Des échéances de compétitions, si modestes soient nos performances. Au quotidien, c’est un trou à combler dans la journée. Bien sûr, ça peut être l’occasion de faire ce que l’on ne fait plus ! On est peut être accrocs à la course… ou passionnés simplement. Sans ça, c’est comme être privé d’une forme de liberté. La santé, c’est royal ! » Va faire du vélo, va nager … « .
Oui, mais si notre truc, c’est la course à pied ? Ce que l’on veut surtout, c’est une réponse. Savoir ce que l’on a ! Pour avancer, pour savoir comment se soigner ! Quelques fois la recherche est assez longue et il faut voir du monde avant de savoir ce qu’il y a. En plus, face à ses errances, on est un peu seul. Bien sûr on est entouré ! Il y a les copains, la famille… Pour gérer ça intérieurement, le ressenti est personnel, donc la confrontation est rude face au vide. Il faut être fort pour ensuite patienter. Les premiers bonheurs, c’est progresser, sentir qu’il y a du mieux. Reprendre ses capacités au fur et à mesure. On apprend à mieux connaître son corps, à être attentif aux signaux. On refait surface. Tout ceci, c’est du vécu en plus pour la reprise et les performances futures ! On arrive à revenir plus fort, renforcé par cette expérience désagréable qui nous a appris la patience, une meilleure connaissance de soi, et qui surtout nous a forgé un mental d’acier à exploiter ensuite sur les courses … un vrai facteur de performance !
Il faut savoir comprendre les blessés. La période est un vrai moment de désarroi. C’est là aussi que l’on mesure la chance d’être en bonne santé et d’avoir de bonnes capacités physiques. Car, il faut bien le dire, on en fait un paquet de choses ! Quelques fois, le corps grince, c’est bien normal… Il faut savoir respecter cette belle machine qu’est le corps humain !
Mathieu BERTOS