Les traileurs du team Salomon, avant de tourner définitivement le chapitre 2013 de leurs aventures sportives et d’en ouvrir bientôt un autre, jettent un regard dans leur rétroviseur afin d’évoquer leur meilleur souvenir course de l’année écoulée.
Thibaut Baronian : le Grand Trail des Templiers
Mon plus agréable souvenir a été de découvrir le 27 octobre le 73 km du Grand Trail des Templiers, le mythe du trail. L’occasion pour moi de me confronter à l’élite, sans trop de pression. J’avais aussi à cœur de finir ma saison sur une belle course, après avoir remporté la National Trail Running Cup Salomon Endurance Mag. Ma préparation automnale s’étant parfaitement déroulée, j’étais en confiance.
Tout a tourné en ma faveur avec une 11ème place me permettant de remplir mon objectif top 15. J’avais une belle forme et j’ai été sage dans la gestion de course, réussissant à finir assez fort la dernière partie. Mes parents m’avaient fait la surprise de venir m’encourager et me ravitailler, me donnant encore plus de confiance et de motivation. Anecdote : j’étais dans une descente, avec un petit coup de mou physique et moral, lorsque j’ai rencontré un groupe de jeunes traileurs spectateurs. Je courais seul depuis un long moment. J’avais besoin de parler un peu et de me remotiver et me suis arrêté pour échanger quelques mots. Une court moment sympathique qui m’a permis de repartir avec le sourire et le moral revigoré.
Guillaume Beauxis : le Grand Raid des Pyrénées
Si je dois retenir une course pour la saison 2013, c’est sans hésitation le 80 km du Grand Raid des Pyrénées, avec ma copine, beaucoup de membres de ma famille et amis, venus m’encourager sur mes terres d’entraînements. J’en frissonne encore ! De plus, cette course était le support de la dernière manche de la Cup Salomon. Beaucoup d’enjeux car nous étions trois à prétendre à la victoire au classement général. La bagarre a été superbe. Les positions n’ont pas arrêté de changer. Au sommet de la dernière difficulté j’étais deuxième. Malheureusement je me fais reprendre dans les cinq derniers km et finis quatrième. Un peu déçu sur le coup, mais cet ultra est tellement usant qu’on est déjà ravi de le terminer. Un beau souvenir qui restera un certain temps dans ma mémoire.
Julien Chorier : la Ronda dels cims
Mon meilleur souvenir est ma victoire le 22 juin sur le 184 km de la Ronda dels cims, étape de l’Ultra Skymarathon® Series. Le plateau initialement prévu s’est un peu réduit au dernier moment. Les proportions XXL de la course ont peut-être fait peur!
J’avais vécu 3 ans plus tôt une course incroyable sur ce terrain à l’occasion de l’Ultra Mitic. Il se déroulait juste après la naissance de ma seconde fille et m’avait permis de nouer une relation très amicale avec les organisateurs et donné envie de revenir afin de découvrir cette Ronda créée en 2011. Les points de ravitaillement sont espacés entre de longues sections, où l’on évolue seul dans la montagne à l’écoute de l’environnement. Je me rappelle la fin de la nuit où j’étais accompagné par les premiers chants des oiseaux. Un moment vraiment sympa. Les changements de parcours ont modifié un peu le planning et les temps de passage aux différents ravitaillements. C’est la première fois que j’ai du ouvrir les cartons pour prendre une barre, les bénévoles n’ayant pas eu le temps de se préparer. L’organisation a su réagir et le ravitaillement suivant était prêt.
En fin de parcours la solitude a commencé à se faire sentir. Je ne savais pas où était le deuxième et me suis un peu inquiété dans la dernière montée. Arrivé au sommet, les bénévoles ne connaissant pas les écarts ont appelé le poste précédent et mon poursuivant n’était pas encore passé. J’avais plus d’une heure d’avance et j’ai pu finir tranquillement les dernières descentes vers l’arrivée.
Sacha Devillaz : le 80 km Grand Raid des Pyrénées
Mon souvenir marquant est le GRP. En premier lieu, évidemment, pour ma septième place qui m’a permis de monter sur la troisième marche du podium de la Cup. Le fait aussi que je l’ai abordé avec plus de sérénité, ayant beaucoup appris sur moi et mes capacités à gérer des distances plus longues. C’est très encourageant pour 2014. Se sont ajoutés le plaisir de découvrir des montagnes que je ne connaissais pas et la présence de ma ravitailleuse de choc. Cela faisait trois ans que je m’étais promis de ne pas utiliser de bâtons sur une course et cette fois j’ai craqué, pensant qu’après tout, ça pourrait bien m’être utile. Je me souviens de la tête des gens me voyant courir avec mes cannes de 1,60 m. Mes mains passaient au-dessus de ma tête à chaque poussée. « T’es vraiment un bourrin ! » m’a dit en plaisantant, Jean-Michel Faure-Vincent. Pour moi, des bâtons, c’est naturel, puisque à la base je suis un skieur de fond. Je suis passé sur cet ultra par de grands moments de solitude, là où la machine ne veut plus fonctionner, particulièrement lors de la montée au Pic du Midi. Un vrai calvaire! Au total, je garde en mémoire mes excellentes sensations sur les 30 derniers kilomètres et quatre jours de partage et rigolade avec mes collègues du team espoir. Je compte bien retrouver le GRP l’année prochaine, avec beaucoup plus d’ambition et avec les crocs !
François D’Haene : la Diagonale des Fous
Je choisis comme plus beau souvenir ma victoire le 19 octobre sur le 164 km de la Diagonale des Fous. Un grand moment sportif inoubliable Cela faisait 4 ans que je n’étais pas revenu à la Réunion et que j’imaginais retrouver cette course, cette île, ses habitants chaleureux et ses paysages grandioses. J’étais très heureux d’être à nouveau au départ du Grand Raid. J’avais envie de me donner à fond, de laisser mes jambes s’exprimer, de ne pas trop réfléchir, de tenter des choses et de courir au plaisir. La course s’est déroulée comme dans un rêve, avec de bonnes sensations, aucune douleur ni baisse de forme, une bonne avance sur mes poursuivants et un atterrissage en fanfare sur le stade de la Redoute ! J’ai pu savourer pleinement ma victoire avec une partie de ma famille et de mes amis présents sur place. Les quelques jours qui ont suivi ont été aussi extraordinaires avec des centaines de messages chaleureux de soutien et félicitations.
Cet ultra est vraiment particulier, il pousse le coureur dans ses limites physiques, psychologiques, émotionnelles et reste gravé en lui. Il règne sur le Grand Raid une ambiance particulière. Les habitants, supporters, sont comme fascinés par l’évènement et transmettent toute cette énergie aux traileurs. En passant premier lors des divers points de la course on se sent comme porté par cette chaleur humaine.
Michel Lanne : le 80 km du Mont-Blanc
Mon souvenir course le plus sympa de cette saison restera le 80 km du Mont-Blanc le 28 juin à Chamonix. C’était une journée splendide avec une météo et un parcours superbes. J’ai couru sans me poser de questions, la tête et les jambes m’ont suivi du départ à l’arrivée. Cet ultra trail constituait un de mes principaux objectifs de l’année et j’étais très heureux de la manière dont il s’est déroulé. Je garderai toujours en mémoire ce que j’ai ressenti en franchissant la ligne avec mon ami François D’Haene.
Rien était calculé avant le départ mais nous avons couru ensemble du début à la fin. Ce moment de partage durant la course et à l’arrivée, je ne l’oublierai jamais. Le contexte était lui aussi très particulier, je venais de me casser un orteil quelques jours avant et je doutais complètement de pouvoir supporter la douleur pendant 80 km. Cette course correspondait aussi à la période où je courais avec mon téléphone portable, dans l’attente du coup de fil de mon épouse qui était sur le point d’accoucher ! Que de bons souvenirs sur ce 80 km en espérant revivre d’aussi forts moments l’an prochain.
Andy Symonds : une très bonne année à part la course à pied
C’était super de suivre les exploits de mes coéquipiers. Ils ont tous réussi une belle saison sur différents terrains, distances et pays. Même avec un coureur en moins, l’équipe a eu une année de réussite. C’est un des avantages de faire partie d’un team !
Personnellement, j’ai vécu une très bonne année sur tous les fronts, à part la course à pied. Et même si j’ai plein d’autres choses dans ma vie, une famille pleine d’énergie et un travail stimulant, quand on court tous les jours, ne plus pouvoir le faire devient assez embêtant. Oui la compétition m’a manqué, mais ce qui me frustre le plus, c’est de ne plus m’amuser sur les sentiers. Je continue de sortir de temps en temps, ma tête en a besoin, mais avec une jambe qui ne répond pas comme l’autre, c’est moins fun. Je suis passé par des périodes plus optimistes, où j’ai presque pensé que tout allait dans le bon sens, mais au final je suis aujourd’hui, mi-décembre, dans la même situation que j’étais en février. Pas d’amélioration. J’ai une jambe qui n’avance pas comme l’autre et je ne sais pas pourquoi. Avec tous les examens que j’ai faits, on est assez sûr que c’est rien de grave, mais on n’a pas non plus de réponse ni d’explication. Je suis de nature optimiste et persuadé qu’un de ces quatre ma jambe retrouvera ses ressorts, mais qui sait quand ce sera, 2014 j’espère ! En tout cas, je peux assurer que le jour que tout se remettra normalement on me retrouvera sur les sentiers provençaux, français et mondiaux, avec beaucoup d’énergie et encore plus d’envie. Il faut savoir en profiter au max quand les choses vont bien !
Teams France Salomon 2014
Thibaut Baronian, François D’Haene, Julien Chorier, Andy Symonds, Michel Lanne.
Dame : Christine Tarbis.
Espoirs : Yann Alarcon, Florian Mairy, Guillaume Beauxis, Sacha Devillaz.
Photos et texte : Robert Goin
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