Nous avions parlé du retour de Bekele pour l’année 2013, et bien qu’il n’y ait pas eu de titres, les performances furent très convaincantes : 4è du bilan mondial sur 10 000m avec 27’12 et vainqueur notamment de la Great North Run au sprint face à Mo Farah en grande forme.
» Personne ne voulait donner le rythme. Peut être que Mo ou Haile ne voulait pas donner le rythme. C’est pourquoi je suis allé un peu derrière, 30 ou 40m. Peut être qu’ils penseront que Kenenisa est fatigué et qu’ils essaieront de me lâcher. » Le rythme s’accéléra avant que Bekele ne reviennent sur eux. » Ils me regardaient. Haile m’a jeté des coups d’oeil deux ou trois fois. Farah me surveillait tout le temps. J’avais déjà prévu de partir à un mile de l’arrivée. C’était mon plan avant la course. C’est pour ça que je l’ai fait. J’ai choisi d’accélérer dans la descente, il y avait un petit écart entre moi et Mo et j’ai augmenté le rythme. A la fin il a essayé de me rattraper, mais il n’y avait pas moyen qu’il le fasse. Pas moyen. C’est un calcul, comme une science, s’il augmente le rythme, je peux augmenter le rythme pas de problèmes. » Et Bekele est resté devant Farah malgré un sprint terrible du coureur anglais.
Sur cette course, il démontrait non seulement son retour en forme mais préparait sans doute aussi ses futurs essais sur le marathon. A 31 ans, il n’en fait pas un simple objectif. » Si je fais un marathon, bien sûr, je veux gagner. Je veux avoir un bon résultat. Je ne veux pas courir pour perdre. Bien sûr, si je m’entraîne dur, je vais faire un temps rapide. Mais je ne peux pas dire que je vais courir en 2h03, 2h05 ou 2h06. La seule chose c’est que je dois m’entraîner dur jusqu’à ce que je termine ce marathon. Je dois me motiver pour m’entraîner dur et pour me placer en bonne posture, nous verrons à la fin quel sera le résultat. »
Ses entraînements pour le marathon ont déjà commencé. Il en partage quelques uns avec son jeune frère Tariku, mais ce dernier ne se lancera pas encore sur la distance, du coup pas mal de sorties sont faites seul. Il révèle entre autre qu’il a inclu un run de 3h par semaine en vue du marathon. » Je ne sais pas où je vais courir mon 1er marathon. Bien sûr il y a du respect pour mes performances passées et je devrais être payé comme un des bons spécialistes. Bien sûr je ne veux pas me casser les os n’importe où pour peu d’argent. Ce n’est pas facile de choisir. Londres est une course rapide et faire 2h05 n’est pas facile. La seule chose c’est que New York n’est pas aussi rapide que les autres marathons. Berlin est une course rapide, Rotterdam aux Pays-Bas est rapide, Dubaï est une course rapide… Donc je ne sais pas où je peux m’inscrire. »
Patientons encore peu pour connaître où Bekele choisira de faire son 1er marathon. Il est évident que les lumières seront sur lui, en tant que recordman du monde du 5000m et du 10 000m notamment et à ses nombreux titres passés. Quoi qu’il en soit, la concurrence est rude autour des éventuelles 2 heures 5 minutes. S’il choisit Londres, il pourrait tomber à nouveau sur Mo Farah qui semble-t-il prend le chemin du marathon. En tous les cas, ce sera pour sûr une course intéressante, car les deux ont démontré qu’ils avaient de gros finish mais aussi un sens tactique. Pour l’heure, Bekele tient peut être un avantage psychologique. La réponse à toutes ses interrogations en 2014.
Mathieu BERTOS (propos de Bekele recueillis par Paul Gains pour l’IAAF)
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