La Saintélyon attire chaque année un grand nombre de participants ! Ils étaient 14 000 inscrits cette année sur l’une des courses proposées et 5 802 ont relevé le défi de rallier Lyon sur la course de 75 km. Une course très exigeante avec plusieurs paramètres qui rajoutent de la difficulté à cette épreuve mythique : un départ à minuit, des conditions climatiques extrêmes avec des températures avoisinant les -6 degrés, un parcours verglacé et glissant … Bref, de quoi freiner les ardeurs des plus insouciants !
C’est finalement Benoît Cori et Maud Gobert qui sont sortis vainqueurs de cette 60ème édition, après des heures d’efforts et des conditions météorologiques difficiles. Les participants défilants toute la matinée de ce dimanche 8 décembre 2013 dans le Palais des Sport de Lyon Gerlan, fiers de passer la ligne en FINISHERS ! Sauf que parmi les partants, certains n’ont pas eu cette joie de passer la majestueuse arche d’arrivée … Ils ont pourtant le mérite d’avoir essayé, de s’être préparés, de s’être battus, … mais malheureusement, quelque chose les a empêché de terminer. Il faut cependant relativiser ce genre de mésaventures, chaque échec fait avancer !
Julien NAVARRO-abandon au 55ème km
Julien n’avait initialement pas coché la Saintélyon à son calendrier 2013. Mais son côté imprévisible et un peu « foufou » a pris le dessus : « j’avais initialement prévu de participer au Trail de Noël ( Trail en équipe de 2 ) avec mon frère le même week-end. Seulement mon frère est tombé malade la dernière semaine. J’avais vraiment envie de courir et profiter des bonnes sensations. Du coup je me suis dit pourquoi pas la Sainté. »
Malgré un superbe début de course, Julien est contraint d’abandonner à 20km de l’arrivée. Il explique : « tout va bien jusqu’au 35eme kilomètre, mis à part quelques glissades sur le verglas. J’ai des bonnes jambes et je suis en tête de la course avec le futur vainqueur. Ça court vite pour moi sur la glace et benoît (Cori) me prend un relais et accélère … Je préfère garder mon rythme sachant que l’ancien vainqueur et Thomas Lorblanchet sont à quelques minutes derrière. je me dis : Surtout pas d’affolement et après tout je ne le connais pas ce dossard 91 !! Il faut à tout prix en garder sous les semelles pour les 20 derniers kilomètres sur le bitume..! Je me retrouve donc seul dans la nuit noire.
Je prend une mauvaise chute dans une descente au 43eme kilomètre. À partir de là , ma course devient très difficile. J’essaie de poursuivre ma route sur un rythme plus cool mais rien à faire… La douleur est de plus en plus forte , le froid n’arrange pas les choses. Manu et Thomas me doublent.. Impossible pour moi d’accélérer. La route vers Soucieu me paraît très longue. Je rattrape quand même les coureurs et marcheurs partis plus tôt et leurs encouragements me redonnent un peu le moral et me poussent à continuer jusqu’au prochain point d’assistance. J’arrive enfin à Soucieu avec de longues minutes de retard. Il reste 20 bornes mais le genou ne va pas mieux , la douleur monte jusqu’à la hanche. Après plusieurs minutes d’hésitation je décide de jeter l’éponge. »
Un abandon qui mène forcément à une déception, d’autant que Julien était costaud sur la première partie de course avant de chuter. Mais il relativise : « C’était la dernière de la saison. J’aurai aimé faire une belle course et finir ma saison sur une bonne perf. Malheureusement , cela s’est passé différemment. J’ai forcement un peu de regret mais ça reste du sport. Je m’en remettrai … »
Julien JORRO-abandon au 30ème km
Julien avait fait de la Saintélyon, l’un de ses objectifs de l’année : « j’avais pour ambition de rentrer dans le top 10. Compte tenu du plateau relevé et de la forme du moment ça me semblait jouable. Je voulais prendre le départ car c’était d’abord un course LAFUMA. Mais au fil des semaines j’ai eu de l’engouement à préparer cette course si particulière et pas forcément adaptée à mes goûts et mes aptitudes… c’est roulant et j’aime pas trop en général ! »
Malheureusement, les choses ont mal tourné pour « Juju » qui se tord méchamment la cheville qui était déjà fragilisée par sa course aux Templiers : « ma cheville est partie dans une ornière. Donc j’ai eu une forte douleur sur le ligaments. Ce n’est pas la première fois. Je l’ai tordue plusieurs fois depuis septembre et notamment aux Templiers. Mais j’étais à 10km de la fin. Donc j’ai serré les dents et assuré ma place. Je ne l’ai depuis ni bien soignée, ni rééduquée (grave erreur!). Donc elle était fragile. Malgré le strap elle est partie. Du coup comme il restait plus de 45km, je n’ai pas voulu tenter le diable car elle allait encore partir puisqu’elle je l’avais encore fragilisée. Bref, j’ai préféré jouer la carte de la prudence. »
Grosse déception là aussi pour cet athlète Lafuma qui se faisait une joie de participer à cette belle fête : » sentiment double. Je suis très déçu car j’avais constitué un staff autour de moi qui avait gentiment décidé de me suivre toute la nuit. Donc j’étais déçu de les avoir dérangé pour rien (désolé les filles)… et désolé LAFUMA aussi car j’avais à coeur de porter les couleurs de la feuille dans LEUR course ! Et déçu de ne pas avoir rallié l’arrivée… j’aime finir mes courses. Malgré tout, je relativise car c’était une course « bonus » car j’avais fait une saison pleine et satisfaisante. Donc moins grave de ne pas finir ! »
Stéphane STUTZ- Abandon au 16ème km
Stéphane connaît bien la région, il a grandi là bas … il avait à coeur de prendre le départ de cette mythique course qui l’avait déjà fait vibrer en 2008, 2010 et 2011. Une 3ème participation donc pour lui ! il espérait aussi sauver une saison 2013 qu’il ne considérait pas à la hauteur de ses espérances : « au début je partais pour faire moins de 8h. Mais avec ces conditions météo, je m’étais dit qu’il fallait au moins espérer finir ! Et puis je restais sur 2 abandons cette année sur mes courses à objectifs … »
Pas de bol pour Stéphane, qui est victime d’une grosse chute vers le 16ème km. Pas des moindres puisque celle ci l’oblige à terminer sa nuit à l’hopital … « j »ai fait une grosse chute au 16ème km juste avant le premier ravitaillement. Le poignet droit est cassé ! heureusement, deux coureurs m’ont aidé à rejoindre une maison non loin du parcours, où j’ai pu attendre les secours au chaud. Bilan : je me fais opérer pour me faire poser une plaque dans le poignet ! » Triste fin pour Steph qui réussit tout de même à positiver : « je relativise, il y a pire dans la vie. Certains souffrent dans leur vie de tous les jours, moi ça va juste durer 6 semaines. J’ai reçu beaucoup de soutien de mes amis, et cela me touche beaucoup. »
Caroline CHAVEROT-Abandon au 50ème km
Caroline est nouvelle dans la discipline, mais elle a fait une entrée fracassante avec une année 2013 remplie de succès ! Plutôt adepte des courses de montagne, Caroline est venue sur la Saintélyon pour découvrir cette course dont elle avait tant entendu parler : « je voulais voir ce que cela fait de courir une nuit entière. Je partais pour faire un bon temps et bien gérer ma course. Sa place dans le calendrier m’a aussi attirée, puisque, au départ, je trouvais assez bien d’avoir un objectif en plein hiver. Bon, finalement, je me suis aperçue qu’une course longue et plate au milieu d’une préparation plutôt axée sur les montées et les descentes techniques n’était pas une très bonne idée; et en arrivant à Lyon, le spectacle des banlieues et zones industrielles hideuses m’a fait dire que, même si la course se passait bien, je n’y reviendrai sans doute pas… »
Dès Sainte Catherine, Caroline a commencé à souffrir d’une douleur qui l’a contraint à stopper vers le 50ème km. Elle explique : « j’ai ressenti une douleur d’abord sourde, puis de plus en plus vive sur la hanche/fesse gauche. Cette douleur a fini par irradier dans toute la jambe et, après Sainte-Catherine, j’ai senti que je perdais toute énergie et vélocité. J’ai quand même tenu à continuer, car je trouvais trop bête d’abandonner comme cela, en pleine nuit. Mais, au bout de 48 km, je me suis retrouvée incapable de courir, puis même de marcher. Heureusement qu’un coureur et une accompagnatrice m’ont secourue, car je ne pouvais plus du tout marcher et j’étais transie de froid. Ils ont dû me traîner jusqu’à la voiture, on a mis 45 mn pour faire 500 ou 600 mètres. L’erreur est venue du fait que j’avais le dos bloqué, mais comme cela ne me gênait qu’à froid mais pas pour courir, j’ai bêtement persévéré dans ma décision de courir la Saintélyon. Mais la course rapide sur du goudron et des chemins plats et durs, cela ne pardonne pas… »
Un abandon difficile à accepter mais qui lui apportera finalement pour la suite : « j’ai ressenti un mélange de frustration et de honte.. Mais j’ai reçu beaucoup de messages de soutien et d’amitié qui m’ont fait du bien. Et maintenant, je relativise tout ça: j’essaie plutôt d’en tirer d’utiles leçons. Je me rends compte aussi que cela arrive à tout le monde, ou presque. Quand on donne tout sur une course, on peut se blesser; le tout est de mettre en place des mesures pour que cela arrive le moins souvent possible. »
Alors Caroline, on te revoit au départ de la Saintélyon l’année prochaine ? « Honnêtement, non. Une des leçons que j’ai tirées de mon échec, c’est qu’il ne faut pas que je me disperse. J’aime les trails de montagne, techniques, avec du dénivelé; j’aime admirer des beaux paysages pendant que je cours. Je vais me concentrer sur ce genre de courses. Courir la nuit, d’une zone commerciale moche à une autre zone commerciale moche, en passant par des terrains plats et peu techniques, sans rien voir du tout, ce n’est pas pour moi. Je ne dis pas cela pour dénigrer cette course, car c’est vrai que c’est une aventure marquante, et je comprends ceux qui adorent cette course: l’atmosphère y est unique. Mais je crois que mon état d’esprit et mon style d’entraînement ne sont pas adaptés à cette course. »
Merci à vous 4 pour ces témoignages et nous vous souhaitons de revenir vite au niveau !
Sylvaine CUSSOT
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