C’est un illustre exploit, un véritable triomphe qui est réservé à Rosie Ruiz en ce 21 avril 1980. Cette Américaine, d’origine Cubaine, vient de remporter le marathon de Boston en 2 heures 31 min et 56 sec, soit la troisième meilleure performance de tous les temps, écartant au passage tous les favoris de la course. Un record d’autant plus remarquable si l’on se penche d’un peu plus près sur le palmarès de cette jeune femme, absolument vierge de toutes références. Les journalistes se pressent donc à l’arrivée pour recueillir les impressions de cette nouvelle championne. Rosie Ruiz accepte de répondre à toutes les sollicitations surtout celles de la télévision. On découvre alors une petite femme aux cheveux trempés, vêtue d’une tenue originale et qui a surtout bien dû mal à s’exprimer. Propos incohérents, termes techniques mal prononcés et une explication pour le moins incongrue de son incroyable performance. Rosie Ruiz explique qu’elle s’est tout simplement levée ce matin avec beaucoup d’énergie. Le doute commence à s’installer et ce n’est qu’un début…
L’histoire de Rosie Ruiz démarre en réalité quelques mois plus tôt lors du Marathon de New York. Terminant la course en 2 heures 56 min et 29 secs, elle décroche du même coup une qualification automatique pour le marathon de Boston. 6 mois plus tard donc, Rosie Ruiz pulvérise le record du marathon et améliore au passage son précédent temps de 25 minutes. Les doutes sont donc permis et la victoire de Ruiz s’obscurcit dès les premiers témoignages de ses adversaires. Jacqueline Garreau et Patti Lyons, respectivement deuxième et troisième, déclarent avoir été toutes les deux en tête après avoir parcouru 30 kilomètres et qu’il est impossible de ne pas avoir vu avant, une concurrente les dépasser. Les télévisions présentes viennent corroborer les deux témoignages. Hormis la dernière ligne droite, il n’existe aucune image où apparaît Rosie Ruiz et aucun des commissaires de course présent à différents points stratégiques de la course ne se souviennent avoir vu cette femme.
Ce sont finalement deux étudiants d’Harvard, John Faulkner et Sola Maloney qui vont définitivement clore l’affaire en déclarant avoir vu Rosie Ruiz enjamber les barrières de sécurité au niveau de Commonwealth Avenue soit à moins d’un kilomètre de l’arrivée.
Quelques jours après la course, Rosie Ruiz est officiellement déclassée du Marathon de Boston. Jacqueline Garreau reprend quant à elle, sa première place.
Au cours de l’enquête, il sera également prouvé que Rosie Ruiz avait en fait séjourné dans un hôtel à proximité de la ligne d’arrivée et des témoins confirmeront l’avoir vu se jeter de l’eau sur la tête pour faire croire qu’elle avait transpiré. Plus étonnant encore, elle a été également vue le jour du marathon de New York dans le métro cette fois. Il sera là encore établi qu’elle avait cette fois bien pris le départ mais s’était faufilé après quelques mètres pour prendre le métro et reprendre la course à quelques mètres de l’arrivée.
Depuis cet incident, Boston s’est muni d’un système de vidéo surveillance et d’un ordinateur capable de vérifier qu’un coureur est bien passé dans les différents « check point » que comporte le parcours. Pour la petite histoire, Rosie Ruiz a toujours refusé d’admettre qu’elle avait triché. En 1982, elle est jugée dans une affaire de fraude concernant son ex employeur et est accusé quelques mois plus tard, de trafic de cocaïne. Elle aurait depuis changé de nom…