Il y a des RDV qu’on ne veut pas manquer … Personnellement, le Festival des Templiers en fait partie ! Déjà venue 2 années de suite sur l’évènement, les circonstances ont fait que je suis quand même rester sur ma faim sportivement parlant : en 2011, je prends le départ de la VO2 Trail (mes tout débuts en trail), mais je me perds à mi parcours à cause d’un débalisage sauvage … en 2012 c’est uniquement en spectatrice que je me rends à Millau, la cheville encore douloureuse et colorée à cause d’une vilaine entorse survenue fin septembre à la suite d’une chute sur une course.
Malgré ces quelques péripéties, j’en garde de très bons souvenirs et l’envie d’y revenir : pour encourager mon homme sur cette célèbre Grande Course des Templiers qui représente l’un de ses objectifs de saison, mais aussi pour être de la fête et vivre l’aventure de l’intérieur ! Même si je suis très séduite à l’idée de prendre le départ de LA course phare de l’évènement, j’écoute la raison et opte pour une participation au Marathon. 3 semaines après le championnat de France de Trail long à Gap et 6 semaines avant la SaintéLyon, le 72km aurait été peut être la folie de trop … Un programme qui reste alléchant tout de même : 37km et 1700m de dénivelé positif à parcourir dans les Causses, miam miam !
Un départ de course prévu à 13h15, ce n’est pas commun. Ça modifie un peu les habitudes mais on s’adapte ! L’option la plus simple : un gros petit déjeuner en fin de matinée. On arrive à Millau vers 12h, le temps de passer au gîte retrouver les copains du team Asics (Emmanuel Meyssat prendra le départ aussi), c’est à 12h30 que l’on arrive sur place en tenue pour quelques premières foulées en guise d’échauffement ! La journée s’annonce bien remplie pour les organisateurs avec 5 courses au programme. Côté météo, pas trop de questions à se poser, il fait doux : short, tee shirt seront de rigueur, avec les mollets couverts par les manchons de compression Sigvaris. A 13h, les 900 participants se rassemblent gentiment sous l’arche de départ, ça en fait du monde ! Avec Ludo et ChauChau au micro, ambiance et frissons garantis ! Ces quelques minutes d’attente devant la ligne sont toujours particulières. A la fois super excitantes, mais parfois un peu stressantes aussi. Pour le coup pas de stress aujourd’hui, j’ai hâte d’entendre la célèbre musique des Templiers (Era) pour m’élancer …
Cette fois c’est bien parti ! N’étant pas placée très loin de la ligne, je pars avec la première vague de coureurs : c’est à dire relativement vite ! Mais je suis le mouvement en me disant qu’il faut envoyer sur cette portion de plat, parce que très bientôt, ça va grimper … Aussitôt dit, aussitôt fait : à peine le temps de finir de dérouler sur cette première partie d’échauffement que nous prenons un virage à droite pour démarrer l’ascension. Céline Lafaye (la grande favorite de la course et championne de France de trail court) s’envole alors devant moi. A moins d’une grosse défaillance inattendue, c’est quasi gagné d’avance pour elle : impressionnante petit bout de femme ! Je ne joue pas dans la même cour, mais je vais quand même essayer de m’accrocher du mieux que je peux : les quelques personnes qui m’encouragent sur le côté m’annoncent 2ème.
J’avais des bonnes sensations de départ mais cette première bosse vers les Causses par Mas de Trauque et Carbassas est un véritable calvaire … J’ai des poteaux à la place des jambes, mon corps est lourd, je suffoque. Même mes bras sont lourds à porter ! Ça s’annonce mal, je sens que la course va être longue et ça me rappelle les sensations pourries que j’avais au Trail de Faverges, je n’aime pas, mais pas du tout ! J’essaye de ne pas me décourager en m’auto-motivant : « allez n’y pense pas, accroche toi, ça va peut être passer ! » Une féminine me double alors, je ne peux pas m’empêcher de penser : « les autres doivent suivre pas très loin derrière … » Je passe donc 3ème mais décide de tout faire pour garder la seconde (Magali) en ligne de mire. J’ai mal partout, je n’ai pas d’énergie mais je décroche le cerveau et je me bats en grimpant derrière elle. Là où elle marche, je cours, ce qui me permet de la recoller quand elle commence à me distancer.
Une fois en haut de cette première belle bosse, il faut relancer ! C’est dur mais je pousse la machine tant que je peux. Les chemins sont assez roulants, alternant larges sentiers et singles parfois plus techniques. Je bois beaucoup, il fait chaud, mon bidon se vide très vite à cette allure là ! Nous traversons de chouettes passages, malgré ses sensations pourries, j’arrive à savourer quelques beaux paysages. Manu m’a prêté sa super montre SUUNTO, je la regarde ici pour la première fois : 17km500. J’ai soif, je n’ai plus d’eau, le ravitaillement serait soi disant au 20ème kilomètre. Ok, ça devrait aller alors … Sauf qu’au 21ème, toujours rien et la situation commence à devenir critique. Magali est toujours juste devant moi, j’ai l’impression qu’elle fléchit, j’arrive à son niveau. On prend mutuellement des nouvelles l’une de l’autre : elle me dit que ça commence à tirer, je lui dis que j’ai très soif et que j’espère que le ravitaillement n’est plus très loin. Elle me répond : « au 24ème ! »
Heureusement jusqu’au 24ème, c’est roulant et bien courant, mais alors qu’est ce qu’il se fait attendre ce point d’eau !! En désespoir de cause je prends un gel ! A sec, tant pis, mais il me faut quelque chose, sinon j’vais tomber … Il passe et me fait du bien, tant mieux ! Enfin les bénévoles nous l’annoncent plus très loin : « allez courage, ravitaillement dans 500m » ! Han, youpi, le bonheur ! Les spectateurs nous applaudissent, ça pousse, ça aide beaucoup, merci ! Je cherche Cathy (Ardito), c’est elle qui me fait l’assistance. Elle est là, avec un bidon rempli dans les mains. « Ça va Sissi ? » Je lui réponds : « elle était longue cette première partie …, j’ai soif ! » J’attrape une bouteille d’eau et je bois à grosses gorgées sans m’arrêter. Merci Cathy, ça va aller. Je repars alors que Magali est encore au ravitaillement. Elle aussi était dans le rouge ….
Une autre course démarre alors ici pour moi. L’hypo n’était pas loin tout à l’heure, mais les jambes allaient mieux depuis le 15ème environ. Là je me sens vraiment plus à l’aise, plus légère, je retrouve de l’énergie je ne sais d’où. J’en profite, je suis repassée 2ème, je relance la machine en espérant ne pas me faire rattraper. Cette portion est sympa et ludique : sentiers très étroits et techniques, ça tourne dans tous les sens, il faut lever les pieds et rester prudent pour ne pas tomber. Ayant retrouver l’énergie, je savoure et m’amuse de retrouver un peu de technicité dans ces corniches de la Dourbie. Cette belle descente technique laisse place à une belle grimpette bien technique aussi … Et elle fait bien mal celle là ! Mains sur les cuisses, on appuie ! En haut se tient le second ravitaillement, la ferme de la Cade. 30ème kilomètre : pour le coup mon bidon est loin d’être vide cette fois ci, les deux ravitaillements sont quand même un peu trop rapprochés … J’entends mon homme m’encourager : « allez Sissi !! » Ravitaillement express, je pense que Magali n’est pas loin derrière, je ne perds pas de temps ! J’attrape le bidon plein que Cathy me tend (merci Cathy !), je prends un gel au vol, et je traverse cette belle ferme pour repartir au plus vite sur les sentiers. Manu me rassure : « il reste 7-8km, une montée et ensuite que de la descente ! »
Je me sens bien à ce moment là, j’ai confiance et me motive : « allez, on déroule, c’est la dernière ligne droite ! » J’accélère nettement sur les passages qui permettent de le faire sans se mettre en danger et je « gère » dans les portions plus tortueuses en essayant de ne pas trop ralentir. Je double quelques coureurs en descente, je me surprends moi même d’être plutôt à l’aise (pour une fois …) ! J’entends Michel, le beau père de TomTom (Lorblanchet) : « allez Sissi, c’est super, t’es 2ème ! » Quelle surprise de le voir ici ! Ça me motive, un grand merci à lui ! Quelques secondes après : paaaaaf !! Une gamelle !! Oula le gars derrière me dit : « hey attention, c’est pas le moment de se faire mal ! » Il a raison, je m’emballe un peu et j’en oublie d’être prudente alors que cette dernière descente du Hibou est difficile et dangereuse. Mais je me sens comme pousser des ailes : je m’accroche aux branches, et dévale le plus vite que je peux pour arriver vite en bas sans me faire doubler …!
J’y parviens finalement sans encombres, heureuse d’avoir pu conserver ma seconde place ! L’arrivée se dessine en bas, les spectateurs et les encouragements se font de plus en plus nombreux. Je tape dans les mains des enfants qui me tendent leur bras, ça me fait chaud au cœur ! C’est la dernière ligne droite, ça y’est, c’est fini, la célèbre arche d’arrivée des Templiers se tient devant moi … j’aperçois ma sœur, je suis émue de la voir là, j’entends Chauchau qui annonce mon arrivée et je passe la ligne souriante et heureuse : 3h52, 2ème femme et 32ème au scratch. Sur 900 annoncés au départ je peux être satisfaite, d’autant que le début de couse m’annonçait une bonne galère …!
La suite du WE fut un réel plaisir avec le suivi de la Grande Course des Templiers et le superbe doublé des Asics Boys : Thomas Lorblanchet et Xavier Thevenard. Un grand merci à eux, ils nous ont fait vibrer ! Un dernier clin d’oeil pour celui qui continue lui aussi à me faire vibrer, même si les choses ne sourient pas pour lui en ce moment … Je crois en lui et je sais au fond de moi, qu’il reviendra très prochainement sur le devant !
Sylvaine CUSSOT
Les résultats du marathon des Causses 2013 : resultats toutes courses Festival des Templiers
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