Dans la course à pied, l‘effort en soit est individuel. La confrontation à ses limites, à la souffrance, c’est son propre corps (avec toutes ses expériences passées derrière lui) qui doit y faire front. Il est vrai que le 1er adversaire, c’est soi-même. Mais quelques fois, cet effort individuel peut être mis au service du collectif, et là les choses évoluent d’une autre manière.
A partir du moment où un format de course avec un relais est instauré, l’optique change. Quelqu’un qui ne court même qu’occasionnellement pourra se voir plus motivé à l’idée de faire ça « entre copains ». Prenons l’exemple d’un relais de 3 sur une distance de 5 km environ. D’une part pour l’organisation, cela permet de ne sécuriser sur un seul endroit moins élargi. D’autre part pour les coureurs et spectateurs, on peut voir le déroulement de l’épreuve, encourager, s’enthousiasmer, ce qui rend la course plus « électrique ». Dans l’effort en lui-même, chaque relais aura son importance et on aura envie de se dépasser pour le copain suivant ou pour l’équipe entière. Cela peut même devenir stratégique : quel coureur placer en premier selon son profil etc… Tout un engouement prend forme, des meilleurs aux plus modestes.
Plus le nombre de relayeurs est important, plus il faut de logistique. Sur une épreuve comme le Tour du Béarn par exemple, c’est environ 60 équipes de 7 coureurs, où chacun fait 2 courses en 2 jours. Les étapes, de 10 à 15 km, nécessitent de bien choisir le coureur qui ira sur le profil qui lui conviendra le mien pour que l’équipe exprime son potentiel. On retrouve un côté stratégique du côté des participants, tant dans l’effort que dans les liaisons d’étapes à étapes : qui conduit, qui se prépare pour la suite etc. Du côté de l’organisation, il faut à chaque fois déplacer le matériel de départ et d’arrivée, le chronométrage, replacer un ou deux ravitaillements entre deux villages… Tout un système qui fait que les gens se soutiennent dans la difficulté de l’effort et se comprennent pour tous les à-côtés. La solidarité entre coureurs est décuplée, ce qui fait que l’on ressort marqué par un tel événement. Marie-Caroline Savelieff du Team i-Run pourrait vous parler également de son expérience sur une épreuve voisine comme la France en courant.
Du côté officiel, il y a l’Ekiden, qui permet de parcourir une distance importante en scindant le parcours par petites portions, ce qui permet de constituer une performance collective. Nous vous en parlions récemment sur u-Run avec le prochain Ekiden de Paris, que la fédération veut comme « une grande fête […] que les participants se fassent plaisir ». Associer l’effort, la performance, au plaisir de partager ceci à plusieurs. En voyant l’autre courir, on sait ce que cela implique comme difficulté et comme volonté, du coup on soutien notre co-équipier.
Les Interclubs en athlétisme sont un autre exemple, où toutes les épreuves de ce sport se déroulent sur une journée et se concluent en apothéose par les relais. Les points de chacun compte pour établir le résultat final. Ainsi, ce sport individuel par excellence se « collectivise » (autorisons nous le mot) et est vécu d’une manière totalement différente.
Il existe même des courses en duo, où pour l’occasion l’effort est partagé au même moment. Les novices comme les coureurs aguerris pourraient vous en parler comme d’un moment agréable malgré la difficulté : n’est-ce pas Sissi et Manu, notre duo Ascis/i-Run ? 😉 Ces types d’épreuves ne sont pas encore très répandus mais une sorte de parenthèses comme celles-ci plaisent à bon nombre de coureurs dans leur saison qui est programmée de façon plus personnelle.
Oui, la course à pied est aussi un sport collectif !
Mathieu BERTOS
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