L’organisation d’un championnat de France de Trail a provoqué un certain nombre de réactions … Positives ou négatives. En tous cas, les retours sur l’évènement ont été nombreux et pour certains même un peu violents ! On trouve d’un côté ceux qui se réjouissent de voir enfin la discipline reconnue par la Fédération Française d’Athlétisme, et de l’autre côté ceux qui passent leur temps à critiquer cette pratique qui se développe et qui prend de plus en plus de place dans la sphère de la course à pied.
Entrée dans le monde de la course à pied à l’âge de 10 ans, licenciée depuis et pratiquante du trail depuis maintenant presque 2 ans (après avoir goûté aux joies des cross, de la piste, et de diverses courses sur route), je me sens donc concernée par certaines « remarques critiques » lancées envers cette discipline et prends la plume pour tenter d’apporter mon (humble) point de vue sur le sujet … Plus précisément en pointant du doigt quelques aberrations entendues ici ou là.
Pour commencer je préciserais que courses sur route, cross, compétitions de courses sur piste ou courses nature/trail, font partie de même famille : la course à pied. La finalité reste la même : partir d’un point A pour arriver à un point B et se dépasser, donner le meilleur de soi-même, pour relier l’un à l’autre le plus vite possible ! Évidemment, certains pratiquent sans objectif de performance, mais ça, c’est valable dans les 4 cas de figure cités précédemment … C’est une question de volonté personnelle, rien à voir avec la discipline pratiquée. Et dans ces 4 types d’évènements, les moyens mis en place par le pratiquant restent les mêmes : une paire de chaussures (bon ok certains utilisent des tongs, des Crocs ou même rien du tout, mais ça aussi c’est un autre débat !), un dossard, une bonne dose de volonté, de courage, de motivation et d’énergie !
« Les traileurs sont des coureurs vieillissants qui n’arrivent plus à progresser sur route »
C’est peut être la pire des idioties que j’ai entendu … A cela je répondrais que le vainqueur de l’UTMB cette année (Xavier Thevenard) a 25 ans et que les deux stars du Skyrunning ont réciproquement 26 (Kilian Jornet) et 25 ans (Emelie Forsberg) … Que Salomon a créé un Team Espoir avec des athlètes (qui cartonnent !) entre 20 et 25 ans, que Endurance Mag vient de lancer le recrutement d’un team trail academy … Et que : 1-leur jeune âge ne permet pas de les qualifier de « vieillissants » et que 2-j’ose espérer pour eux que leur possibilité de progression est encore large. J’ai d’ailleurs battu mon record sur 10km route alors que même que j’avais déjà commencé le trail … Et j’ai toujours espoir de le battre de nouveau un jour, quand l’envie de revenir sur la route sera là ! Dire que les traileurs sont des « incapables » routards qui viennent finir de vieillir sur le trail est quand même dur à entendre …
« Le chrono n’est pas important en trail »
Pas mal non plus celle ci ! C’est quand même une drôle de coïncidence, parce qu’au moment où je lisais ces propos assez aberrants, je tombe sur une vidéo de la Gapen’Cimes avec les arrivées successives des coureurs. 1 sur 2 met la main à son chrono pour l’arrêter en passant la ligne … Et puis je crois aussi qu’une grande majorité de traileurs s’équipent de jolies montres GPS qui leur permettent à la fois de suivre le kilométrage parcouru, éventuellement d’évaluer le dénivelé avalé, et bien entendu d’être informés sur le temps de course passé et restant ! Après c’est certain, il est difficile de comparer les chronos des coureurs d’une année sur l’autre et d’une épreuve à l’autre, mais la raison est assez vite évidente : les parcours changent souvent et donc les distances également, les terrains aussi en fonction de la météo (plus ou moins glissants, parfois enneigés, boueux …). Et puis accorder de l’importance à un chrono reste un choix d’ordre personnel, que cela concerne des coureurs sur route, sur piste, que des traileurs.
« Le niveau est plus élevé sur la route que sur le trail »
Niveau de quoi ? Par rapport à quoi ? Comment comparer deux disciplines qui demandent des qualités différentes et dont les épreuves ne peuvent absolument pas se comparer ? Comparer le Marathon de Paris et le « Trail à la Saucisse » est complètement absurde … Comme d’ailleurs si on comparait l’UTMB et les « foulées du village du coin » ! Rien n’empêche de passer de l’un à l’autre et rien n’empêche même de concilier les deux. Mais on ne se prépare absolument pas de la même manière pour faire un 40km trail (qui comprendrait 2000mD+) que pour faire un 40km route plat. D’ailleurs si on voulait tenter de faire un équivalent, un 57km et 3200mD+ comme à Gap, équivaut en terme de durée d’effort à une Saintélyon (75km et 1800mD+) et à quasiment à un 90km plat. Je fais la comparaison alors même que je trouve cela complètement absurde de la faire … Trop de paramètres entrent en jeu dans une épreuve de telle durée pour faire des généralités de ce genre. Mais une chose est sûre, sur distance équivalente et à volonté de performance égale, il faut consacrer plus de temps d’entraînement (en terme de durée, pas forcément d’intensité) pour préparer une épreuve trail. La raison est simple : le temps de course est plus long, le travail d’endurance est primordial … Bref, ça peut donc être vite décourageant pour celui ou celle qui n’a pas énormément de temps pour sa pratique.
« On se blesse plus en trail que sur la route »
J’ai envie de dire que pour les malchanceux et les maladroits, c’est possible, étant donné que les parcours de trails peuvent être parfois très techniques et donc propices aux chutes, mais si l’on parle de blessures dues à un sur-entraînement, ou une pathologie quelconque qui touche les coureurs, les probabilités semblent assez similaires. Chaussures mal adaptées, mauvaise hygiène de vie, alimentation carencée ou pas assez variée, problèmes de désaxement, manque de musculation, …bref les potentiels causes qui peuvent entraîner une blessure sont nombreuses mais valent autant sur route que sur trail. La route aurait même plutôt tendance à « user » avec des chocs répétés sur bitume alors qu’au contraire, les terrains souples pratiqués en course nature auront tendance à soulager les articulations et à faire travailler plusieurs groupes musculaires donc à répartir les « chocs ».
Je pourrais aussi ajouter un paragraphe pour répondre à une autre expression entendue au détour d’une conversation, qui qualifiait les courses de trail de « balades bucoliques » … Mais je préfère en rester là et vous laisser savourer cette magnifique vidéo réalisée à l’occasion du championnat de France de Trail à l’occasion de la Gapen’Cimes : une belle « promenade » de 59km et 3200m de dénivelé positif ! 😉
Sylvaine CUSSOT