Les Trails de Provence sont magnifiques mais souvent réputés pour être techniques et exigeants ! C’était le cas pour le Trail de Beaumes de Venise, dont le parcours traverse le massif des Dentelles de Montmirail : quasiment 2000m de dénivelé positif pour 35km, ça veut dire quelques belles ascensions. Nous décidons donc de l’insérer dans notre calendrier avec Manu, en se disant que le profil cadre bien avec la préparation de nos objectifs futurs. Beaumes de Venise n’étant qu’à une heure de la maison, cela n’engendrera pas un gros déplacement et nous permettra de découvrir une belle course dont nous avions souvent entendu parler.
Réveil trompette à 5h pour essayer d’arriver sur place une heure avant et prendre le temps de se préparer. Raté, comme d’habitude on se met à la bourre et nous arrivons au Centre culturel de Beaumes de Venise pour retirer notre dossard à 7h30. La place du village est déjà remplie de coureurs en tenue de guerriers, prêts à partir au combat ! La météo est très menaçante, nous avons d’ailleurs fait la route sous de belles averses pour venir. Mais a priori, l’orage est passée, espérons que l’on soit épargnés pendant la course. Quelques minutes après le briefing de l’organisateur, 8h passé, le départ est donné sur la place du marché du village.
Départ assez rapide, mais les premières foulées me donnent une bonne impression au démarrage, c’est rassurant. J’essaye de ne pas me laisser enfermée et ne ralentis volontairement pas l’allure pour ne pas être trop gênée en arrivant dans les premiers monotraces. Cette partie roulante est idéale pour la mise en route, d’autant que je n’avais quasiment pas pris le temps de m’échauffer. Dès le second kilomètre l’ascension démarre, parfois très pentue nous obligeant à marcher en appuyant mains les cuisses ou même à certains endroits à mettre les mains à terre ou à se tenir aux branches ! Le sol est très glissant, je prends une première gamelle, heureusement sans gravité mais qui va quand même rapidement calmer mes ardeurs. A cause de la pluie fraîchement tombée, les grosses pierres sont mouillées et chaque appui dessus est risqué. Ça tombe devant et derrière moi, une vraie patinoire ! Je ne prends aucun risque et décide de mettre le frein à main et d’assurer la sécurité, quitte à reprendre de la vitesse sur les portions plus roulantes.
Le parcours est superbe, très varié et les passages sur les crêtes et les sommets sont extras, mais je suis super concentrée sur mes appuis et ne regarde que mes pieds ! Dans la première descente, je ne pense qu’à ça … Oubliant même le classement et les distances qui pouvaient me séparer des autres féminines. Avec tout ça j’en oublie le chnono aussi et ne regarde ma montre pour la première fois qu’au bout de 1h54 de course. Le premier ravitaillement (eau uniquement) a été passé au 11ème kilomètre environ, le prochain nous attend au 20ème à Suzette. Avant de l’atteindre nous traversons des passages vraiment techniques avec des cordes pour nous aider à enjamber les gros rochers. Un bénévole est positionné ici pour la sécurité. Je le regarde en rigolant : « j’étais venue pour courir moi, pas pour faire de l’escalade ! ». Je souris et essaye de le prendre avec humour, mais intérieurement ça ne me fait pas rire, j’ai vraiment peur que cette course se termine en accident …
Juste avant d’arriver au ravitaillement dans le village de Suzette (descente assez dangereuse) je me rends compte que je suis vraiment lente. Je propose naturellement au gars derrière moi de passer en lui expliquant que j’avais peur et que je ne comptais vraiment pas prendre de risques ici et que je n’irais pas plus vite. Il passe et me lance : « fais gaffe, y’en a deux qui arrivent derrière et elles ont l’air en forme ! » Ok, ok, mais moi aussi je suis en forme ! Je n’avais pas l’intention de me laisser faire dès que le parcours me le permettrait d’ailleurs … ! Esprit de compétition sûrement, ça m’a donné des ailes, j’ai passé la seconde, me rendant compte que j’étais vraiment en train de m’endormir. Une deuxième partie de course commence après la ravitaillement de Suzette.
Je refais le plein d’eau, et en à peine repartie, j’entends derrière : « allez Christine !! » Il avait donc raison ce Monsieur, ça remontait bien derrière. Bonne nouvelle pour moi, cette épisode m’a donné un bon gros coup de boost et cette fois le parcours est propre au sol. J’envoie tant que je peux pour essayer de refaire le trou et de reprendre un peu d’avance. Ce même cher Monsieur me recolle après quelques mètres et me met en garde une seconde fois : »ne t’emballe pas comme ça, tu vas te griller à aller si vite ! Il reste encore du chemin et la fin du parcours est difficile. » J’ai trouvé ses mises en garde très sympathiques (un merci au passage) mais je le rassure en lui expliquant que j’en avais gardé sous la semelle et que j’étais consciente du chemin restant. Tout allait bien pour le moment et j’avais les jambes pour accélérer, je voulais en profiter tant que le parcours le permettait.
Je continue ainsi sans relâche en espérant ne pas voir revenir Christine sur moi. On enchaîne des montées et des descentes, des passages très très étroits dans les sous bois, avec de nombreux zigzags. Je cours un bon bout de chemin seule, mais je remonte quelques coureurs petit à petit. Entre le 20ème et l’arrivée j’apprends avoir doublé une bonne quinzaine de coureurs (je termine 30ème au scratch alors qu’on m’annonçait 44ème à Suzette). Et bien voilà, il aura trouvé un bon moyen de me motiver finalement ce Monsieur ! Pour le coup je me rends compte que je prends quelques risques au moment où je manque de faire un beau vol plané. Je calme le jeu et la dernière bosse m’aidera aussi bien à ralentir l’allure … un dernier ravitaillement eau : « plus que 6km dont 3 de descente ! » Il me reste assez d’eau pour finir, je ne m’arrête pas. Un dernier effort pour arriver au sommet avant la descente vers l’arrivée …
La dernière ascension pique un peu mais je serre les dents : ce n’est pas le moment de relâcher. J’arrive au niveau de deux coureurs qui discutent. Ils marchent et se mettent sur le côté : « laisse passer Sissi, elle est encore toute fraiche, c’est maintenant que la course commence pour elle ». Alors non non pas toute fraîche du tout, ça commence bien à tirer et il me tarde l’arrivée, mais c’est vrai que je me sens plus à l’aise que lors de la première partie sur les portions très techniques. A croire qu’ils m’ont perturbé parce que quelques mètres plus loin je chute lourdement sur le côté gauche en glissant dans une descente. Belle égratignure sur la fesse mais ça restera un bel hématome, rien de plus grave. Ça me rappelle une nouvelle fois à l’ordre : on déroule et on assure une arrivée sur les deux pieds !
La fin du parcours était vraiment surprenante et ludique avec des rivières à traverser et des passages avec de la boue jusqu’aux mollets. Une super idée pour finir sur une pointe plus fraîche et plus détendue, j’ai beaucoup aimé ! Les spectateurs encouragent chaleureusement à l’arrivée, nous aidant à finir les derniers mètres avec le sourire. J’en finis en passant la ligne en 4h18, agréablement surprise d’être annoncée première féminine et 30ème au scratch mais surtout heureuse d’arriver sur mes deux jambes ! J’ai maintenant hâte de savoir comment ça s’est passé pour Manu …
Sylvaine CUSSOT
Crédit photos : Combes et Crêtes
Les résultats du Trail de Beaumes de Venise : 35km
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