Intégrer un 10km route dans une prépa trail ? Et pourquoi pas ! Ça peut être un bon moyen de refaire un peu de vitesse et de s’appliquer à faire une séance de qualité dans un environnement qui s’y prête obligatoirement. Et contrairement à certaines idées reçues, de la vitesse, il en faut aussi en trail. Inversement, quand on prépare du long, on fait beaucoup de volume et malheureusement, on a tendance à en perdre un peu (ou beaucoup peut être pour certains cas). Bref, je décide donc de m’inscrire au 10km d’Avignon (10km de la Cité des Papes) en me disant que ça ne me fera pas de mal de me faire du mal et ravie de revenir sur la route le temps d’une matinée !
Je me renseigne quand même vite fait sur le parcours, les horaires, et par curiosité je regarde les résultats de l’édition 2012 : 30’04 chez les hommes et 35’26 chez les femmes pour les vainqueurs, ah ouais, y’a du niveau là bas ! La raison est toute trouvée : le vainqueur remporte un beau chèque de 500 euros … ça peut en effet en motiver quelques un(e)s !! Pour ma part je n’ai qu’un objectif en tête : essayer de faire une course régulière sur les bases de 4′ au kilo pour tenter d’approcher les 40′ et peut être battre mon record personnel de 40’23. En théorie, c’est l’objectif … Mon coach y croit mais pas moi. 3 semaines après le Trail de l’Ubaye Salomon (plus de 42km quand même) et avec mes entraînements plus orientés vers les trails longs (les sorties longues le WE !) et donc sans préparation spécifique 10km ça me paraissait juste impossible. Mais essayons, j’aime les challenges !
Le départ est prévu à 10h30, bonne nouvelle ! Pour une fois qu’on n’est pas obligé de se lever au milieu de la nuit pour prendre le petit dej d’avant course … 8h45, la voiture pleine de supporters (Manu, Benjamin et Clémentine) nous prenons la direction d’Avignon à peine à 45′ de la maison. Côté météo les prévisions n’étaient pas brillantes avec des orages toute la nuit, mais pour le moment le soleil semble vouloir être de la partie ! Il fait même un peu trop chaud à mon goût : les 15′ de footing tranquille me suffisent pour être trempée … Les inscriptions se multiplient Place de l’Horloge, le speaker, notre ami Jean Pierre Buix, annonce une participation record cette année. Parmi les coureurs qui s’échauffent dans les rues du centre ville d’Avignon, je reconnais quelques grosses pointures : le départ risque d’être explosif !
C’est l’heure de se ranger gentiment sur la ligne de départ et déjà la première rangée joue des coudes … À peine le temps de réaliser que le Go était donné que la tête de course était déjà au taquet ! Je suis le mouvement en jetant un œil à ma Suunto : 2’54 au kilo ! Ah ouais là, il falloir calmer vite le jeu sinon dans 1km je tire la langue sur un trottoir … Pas si simple à faire quand on est pris dans l’engrenage des départs avec des jambes qui avancent bien. Mais l’allure se cale tranquillement naturellement, et je passe le 1er kilo en 3’42. Nous sommes partis en faux plat montant et nous enchaînons sur une première petite boucle dans le centre avant de filer vers les Collines de Mourgues de l’autre côté du pont. Le souffle est bon, mon chrono calé sur du 3’50/3’55, donc un peu rapide sur ce qui était prévu mais je n’ai pas le sentiment d’être en surchauffe. 7’48 au 2ème kilo, on repasse du côté du départ et j’entends les p’tis loups m’encourager : « allez Sissi !!!!! »
3ème kilo, 11h48, je commence à me dire que je devrais peut être me forcer à ralentir sur l’allure prévue … Ça rigole dans le peloton autour de moi, mais j’évite de prendre part à cette franche camaraderie (bien plaisante pourtant !) pour rester concentrer sur ma respiration (merci Ben pour tes précieux conseils !), mes bras, ma foulée. Retour sur du faux plat montant avec la traversée du pont … Alors les côtes maintenant je les aime mais dans ce contexte là, je ne les aime pas ! 4ème kilo, 15’48, cette régularité m’épate ! sortie du pont, on part à droite sur une grande route en ligne droite qui nous amènera jusqu’à la mi course et le ravitaillement (j’attrape un verre d’eau au vol !) où je passe en 19’54. Bon alors là, c’est quitte ou double ! Je suis pile poil dans les temps, mais je n’ai pas le droit à l’erreur, je n’ai pas tant d’avance que ça si je reste sur un objectif de 40 minutes à l’arrivée … Les spectateurs sont nombreux sur le côté, je n’y prête pas vraiment attention même si ça fait du bien au moral, on m’annonce 4ème féminine.
Virage à droite pour repartir vers des ruelles, quelques relances sympathiques, qui évitent de trop entrer dans la monotonie mais qui ne sont pas très bonnes pour la régularité chronométrique … Les panneaux avec les kilomètres commencent à se faire attendre, ça sent mauvais, je m’entends respirer de plus en plus fort. Je regarde le cadran de ma montre : 4’10 ! Oula, tu t’endors Sissi ! Je remets un petit coup et passe le 6ème kilo en 23’54. Je sais que c’est à partir du 7ème que la machine commence à couiner en règle générale. Pas de panique pour le moment, tout est ok ! Le gars devant moi est bien régulier, je m’efforce de rester dans sa foulée. Au 7ème kilo je suis toujours dans le temps : 27’54. Bon allez, ce n’est maintenant qu’il faut relâcher ! Un ravitaillement ici, mais je décide de filer, ça va me faire perdre quelques précieuses secondes … Un gentil monsieur avait pris un verre pour moi, il se positionne à mon niveau et me tend le bras : « tu veux ? » « C’est très gentil, non merci ! » Et on poursuit, chacun dans sa bulle, la tête dans sa foulée et l’oeil sur son chrono.
Le 8ème kilomètre se fait attendre, j’ai l’impression d’avoir ralenti la cadence, ma foulée est plus lourde, ma respiration aussi. J’aperçois le pont que nous devons donc retraverser pour rejoindre l’arrivée. Encore un beau faux plat montant qui n’arrive pas du tout au bon moment ! Il était de trop, je croise le panneau qui annonce le 8ème kilomètre, on est à 32’06. Arf ça y’est je ne suis plus dans les temps !! Et vu la tête des derniers kilomètres, j’ai peu de chance de rattraper le temps perdu. Je positive : « 2 petits kilomètres, c’est rien, quelques minutes seulement, pense que t’en fais bien plus sur tous ces trails habituellement » … Oui mais pas à cette allure là, d’accord. On arrive dans les rues pavées, des relances encore, le 9ème kilo passé en 36’18, c’est la cata, j’ai tout gâché sur la fin ! J’ai beau avoir envie d’accélérer, je n’y arrive pas, je n’ai plus l’envie, je m’avoue vaincue depuis le 8ème déjà. Et puis j’ai mal quoi ! Je suis toujours 4ème, mais j’entends un souffle typiquement féminin dans mon dos : 2 féminines me doublent juste avant le virage qui nous amène vers la dernière ligne droite ! Je ne réagis pas, je me dis : t’es qu’une bonne à rien en fait ! Ma montre m’indique l’allure : 3’54 au kilo, ah non, je semble être sur le bon tempo mais j’ai pourtant bien raté quelque chose là …
La dernière ligne droite est horrible : toute en montée, avec l’arche en ligne de mire et le chrono qui défile … A quelques mètres de la ligne, j’ose regarder ma Suunto : 39’52. Raté pour les 40′ pour cette fois, je n’essaye même plus de me battre et je déroule (en grimaçant quand même) jusqu’à la ligne, pressée d’en finir avec cette lutte acharnée contre mon chrono ! 40’24 sur mon cadran, mais 40’30 sur le papier des résultats … Soit ! De toute façon, passées les 40 minutes, je ne suis plus à une seconde près. Et puis je vais pouvoir me consoler cet après midi : j’ai une belle sortie de 2h30 avec 1000m de dénivelé à faire ! Non coach, je n’oublie pas quels sont mes « vrais » objectifs !
Sylvaine CUSSOT
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