Stéphane est un coureur fou que vous connaissez déjà peut être via Facebook. Les calanques à l’extérieur de Marseille sont son terrain de jeu, il participe autant à des marathons qu’à des trails. Stéphane aime les demoiselles mais c’est bien en tant que coureur à pied que son avis nous intéresse aujourd’hui.
u-run.fr : Salut Stéphane, peux tu te présenter rapidement ? Quel âge as tu ? Depuis quand cours-tu ?
Stéphane Meski : Bonjour urun et merci pour vos articles qui permettent de faire partager aux coureurs leurs bonnes et moins bonnes expériences. Je vis à Marseille depuis ma naissance et travaille dans une banque comme conseiller financier depuis 9 ans, j’ai 34 ans et cours depuis très jeune (dés l’âge de 11 ans) mais avec une sérieuse coupure entre 18 et 27 ans.
u-run.fr : Une petite voix nous a dit que tu souffrais du genou. Le podologue de u-run va nous parler demain des pathologies du genou. Peux-tu nous raconter comment est apparue cette blessure, depuis quand tu souffres ?
Stéphane Meski :
- Effectivement vous êtes bien renseigné. Je souffre des genoux depuis plus de 2 ans avec des périodes d’accalmie et des récidives. Je me souviens parfaitement de la première fois que j’ai ressenti cette douleur il y a 2 ans alors que je me dirigeais vers les calanques pour essayer ma nouvelle paire de running. Une douleur diffuse qui ressemblait plutôt à une gêne localisée sur la partie extérieur de mon genou mais qui au bout de quelques kilomètres ce qui semblait n’être qu’une gêne s’est transformé en une douleur lancinante qui m’a contraint à arrêter de courir et à rentrer chez moi en marchant la tête pleine de question, c’était l’incompréhension et la crainte d’avoir peur être pousser les entrainement trop loin dans leur fréquence et leur intensité. J’ai levé le pied quelques temps pour laisser mon genou récupérer, mais dés la première heure d’entraînement la douleur tant redouté refaisait surface et malgré les anti inflammatoire conseillés par mon pharmacien et les nombreuses pauses recommandées par mon medecin de famille rien n’y faisait. Je me suis donc au bout de plusieurs mois de calvaire décidé à prendre rdv avec un Medecin du sport, le meilleur de la région et là au bout de seulement 10 min la sentence est tombée : syndrome de la bandelette ilio tibiale appelé aussi syndrome de l’essuie glace. Mais surtout le soulagement de savoir enfin de quoi il s’agit. Je suis supinateur et ma façon de dérouler ma foulée provoque une inflammation d’un ligament qui frotte contre ma rotule quand je cours. Apparemment rien de bien méchant et une paire de semelle orthopédique et quelques étirements spécifique semblent être la solution. Mais une solution de bien courte durée car malheureusement aujourd’hui encore quand je prend le départ d’une course je ne sais pas si mon genou va se réveiller au bout de quelques kilomètres ou me laisser courir, une crainte qui ne me quitte plus quand j’ai une course de plus de 20km.
- J’ai appris à mieux choisir mes chaussures en fonction de cet handicap, l’amorti est toujours a privilégier, je laisse ce soin à mon podologue qui me prépare des semelles sur mesure et les contrôle régulièrement. Je fais aussi attention à mes parcours et évite de faire du long sur macadam pendant mes entrainement. C’est d’ailleurs comme ça que je me suis tout doucement dirigé vers le trail ou la foulée est beaucoup moins déroulée à cause du relief et des imperfections des sentiers et ou le macadam est remplacé par une terre plus souple. Cela convient mieux mes genoux et à complètement changé ma philosophie de coureur et mon plaisir est aujourd’hui décuplé par ce nouveau cadre ou je m’entraine. Mais ça c’est une autre histoire
u-run.fr : On dit souvent que lorsqu’on est blessé, il faut s’arrêter, que la souffrance soit être un signal d’alarme… pourtant tu continues à courir ? Pourquoi ?
Stéphane Meski : C‘est vrai qu’il faut savoir s’arrêter quand on a mal et la récupération fait partie des entraînements et permet de progresser. Pourtant, malgré que je sache cela je ne le fait pas et ta question est très pertinente car tu mets le doigt sur un problème que beaucoup de coureurs refusent de regarder en face et d’accepter : l’addiction à la course à pied.
Aujourd’hui encore quand j’annonce que je vais m’inscrire à un trail alors que je viens de terminer un marathon en boitant et grimaçant de douleurs de nombreux coureurs me qualifient de fous et me répètent d’arrêter et de me ménager.
La vérité c’est que je n’y arrive pas, et je l’ai bien vu encore ces dernières semaines quand j’ai enchainé en 6 semaines 1ultra, 1 semi et 1 marathon qui se sont à chaque fois terminé dans la douleur. J’ai terminé le marathon de la douleur avant hier et songe a un ultra dans 15 jours… Il y a un problème. Je le sais depuis longtemps déjà, quand je vais sur la ligne de départ d’une course je suis dans le même état d’esprit qu’un drogué qui va chercher son shoot. Je me came à l’endorphine et je recherche toujours à augmenter les doses. Mais tout n’est pas si simple et il n’y a pas qu’un problème d’addiction, il y a aussi la motivation, le moteur. Pour certains c’est la perf, le chrono, le classement, le podium, pour moi il n’en est rien. Mon moteur c’est le dépassement de soi et ça passe forcément par la douleur que je dois accepter et dominer et ma satisfaction passe forcément par là. Avant le départ du dernier marathon une amie m’a dit « je sent que ça va être très dur cette fois » et je lui ai répondu « j’espère bien sinon ou serai le plaisir ». Ça résume assez bien l’état d’esprit dans lequel je suis (et dans lequel se positionnent a mon avis la plupart des coureurs d’ultra). Il y a un coté un peu masochiste que je n’assume pas trop la dedans LOL mais ma devise de coureur est : « pain is temporary, pride lasts forever »
u-run.fr : D’ailleurs tu viens d’enchainer marathon de New York et marathon de Marseille… Fais nous un peu rêver Stéphane, fais nous voyager ! Le marathon de New York c’était comment : ambiance, parcours, météo…. Peux-tu établir des comparaisons entre ces deux marathons ?
Stéphane Meski : Je viens d’enchainer le semi de NY et le marathon de Marseille, 2 épreuves assez différentes dans les distances biensur mais aussi dans leur parcours. Le semi de NY (également appelé 13.1 en référence a la distance en miles) se déroule exclusivement dans un très grand parc du Queen mieux connu pour ses cours de tennis que pour son semi : Flushing Meadows.
A dire vrai le parcours dans boue du parc fait beaucoup plus penser à un cross qu’à un semi et le fait que le parcours soit exclusivement dans le parc et pas du tout dans les rues de NY donne vite l’impression de tourner en rond et reste plutôt décevant. Mais si le parcours est décevant l’ambiance est carrément inimaginable : de la folie pure pendant et après la course !!! Danseurs sur le parcours, groupes de rock, DJ, tambours du Bronx… J’ai faillit me prendre plus d’un arbre en courant tellement je ne savais plus ou regarder. Après la course concert avec piste de danse et danseurs déguisés Groovy avec perruques et pantalons pattes déf. Un public ultra présent qui m’a poussé à me dépasser sur les derniers kilomètres en m’hurlant des encouragements quand je grimaçais de douleur en me tenant la jambe… Un souvenir inoubliable que ce semi de NY
Le marathon de Marseille est une rencontre à domicile que je me suis presque senti obligé de faire chaque année. Mais le manque modification dans le parcours et le calendrier des marathons qui en positionnent plusieurs en même temps ou presque (Londres, Barcelone, Paris, Annecy, Rome…) vont me faire prendre le départ sur une autre ligne l’année prochaine.
Mais ma passion des voyages associée a ma passion de la course a pied vont me pousser dans un autre rêve dont je serai bientôt le chef d’orchestre… Et oui je suis entrain de vous concocter une course de rêves dans un lieu paradisiaque mais chut c’est encore top secret.
u-run.fr : Tu préfères la route ou les trails ? Pourquoi ? Tu préfères courir seul ou accompagné ?
Stéphane Meski : Je préfère le trail de loin et pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour la beauté des paysages en particulier dans le sud et dans mes calanques ou j’ai la chance de m’entrainer régulièrement, mais aussi comme je l’ai expliqué precedement pour mes problèmes de genoux qui m’ont poussé vers le trail. Mais ce n’est pas seulement pour ces raisons pourtant suffisantes que je préfère le trail. Je le préfère aussi pour l’état d’esprit du trail ou l’esprit d’entraide entre les coureurs et le respect et l’humilté face à la nature passe largement devant la recherche de perf individuelle. En trail le chrono est souvent secondaire et le plaisir de courir reste au centre, c’est en quelque sorte un retour à l’essentiel. On perd parfois le plaisir de courir à force de regarder son cardio et son chrono et faire des tours de pistes… On se sent comme un hamster dans sa roue, le mythe de sisyphe du coureur en quelque sorte.
Je fait tout de même régulièrement des courses sur route 10km, semi, marathon mais en general plus pour l’ambiance particulière à ses courses qui réunissent des milliers de participants que pour le parcours ou la recherche de perf.
u-run.fr : Aujourd’hui, on a envie de te souhaiter un bon rétablissement, de te demander de garder ton intégrité physique en ligne de mire mais dis nous quand même, as tu des prochains objectifs sportifs ou vas tu continuer à fonctionner au feeling ?
Stéphane Meski : Je fonctionne principalement au feeling et j’ai juste quelques rdv de prévu (3C ; Saintelyon ; UTMB ; marathon de NY)le reste se fera selon mes rêves et là en matière de rêve je suis un spécialiste et je vous prépare quelque chose de sympathique pour très bientôt
Laisser un commentaire