Vous avez peut être suivi l’évènement, ou du moins vous avez vu passer quelques infos ici ou là dans l’actualité, difficile (et bien dommage) de rater ça quand on est passionné d’athlétisme … Les championnats du monde d’athlétisme nous ont fait vibrer pendant plusieurs jours, avec son lot de joies et de déceptions. Mathieu Bertos revient ici sur le sujet grâce à quelques questions posées à Annabelle, à la fois athlète de haut niveau (lancer de marteau) et journaliste à l’équipe.fr !
Annabelle, tu es une athlète de haut niveau (lancer du marteau) mais aussi journaliste. Peux tu nous décrire ton parcours sportif et professionnel en quelques mots ?
Depuis l’âge de huit ans, je suis passionnée d’athlétisme et de journalisme. Au fil des années, j’ai réalisé que je pouvais concilier mes deux passions et même plus, me servir de ce double projet pour construire ma carrière et réaliser mes rêves. J’ai été sélectionnée cinq fois en équipe de France junior et -23 ans et parallèlement à ça, j’ai été diplômée en journalisme. J’ai commencé à piger en 2010 à lequipe.fr et j’y suis toujours aujourd’hui.
Les Mondiaux viennent de se terminer : comment as tu vécu les épreuves de lancer (et la médaille de Robert- Michon) ?
Avec passion, forcément ! Hormis le lancer de disque, j’ai quand même eu du mal à suivre correctement les finales. Les chaînes retransmettent ces concours au compte-goutte. J’ai exulté pour Mélina Robert-Michon, qui est une athlète aussi exemplaire que humble. J’ai adoré le duel au marteau féminin entre Tatyana Lysenko et Anita Wlodarcyk, deux filles qui ont détenu le record du monde et qui nous ont offert un concours à suspense. Coup de coeur aussi pour le javelot, où Christina Obergföll a claqué le jet de sa vie pour gagner son tout premier titre mondial. En gros, ce sont les filles qui m’ont fait vibrer pendant ces Mondiaux !
Sur le plan professionnel, quel rôle as-tu eu à jouer, ou quel a été ton travail par rapport à ces mondiaux ?
J’ai tenu plusieurs rôles pendant ces dix jours. J’ai été affectée à l’édition du site, c’est-à-dire que j’étais tenue d’actualiser les différentes pages d’accueil avec les articles produits par notre envoyé spécial à Moscou. L’édition comprend la relecture des papiers et la mise en valeur du papier sur le site. D’autres jours, j’étais assignée à la permanence du site, et plus particulièrement en charge du « allo ». C’est un outil qui nous sert pour commenter des événements sportifs en direct et d’y inclure des photos, des vidéos et des tweets. On s’en sert aussi pour les tournois de tennis du Grand Chelem ou récemment pour les Mondiaux de natation. Cela ne prend que deux ou trois heures dans la soirée mais c’est épuisant ! On ne décolle pas de son siège, mais c’est en même temps très grisant comme exercice pour une passionnée comme moi. On veut faire vivre l’événement aux internautes comme s’ils y étaient.
Plus globalement, que retiens-tu de ces mondiaux ? Quelque chose qui t’as marqué en particulier…?
La course suicide de l’Américaine Alysia Montano sur 800 m. Cette fille court toujours de la même façon : elle part devant, à fond, elle mène tout et elle résiste à la fin. En finale, elle a tenu jusqu’à quelques mètres de la ligne avant de trébucher et s’effondrer. Elle a terminé 4e, à deux centièmes de la troisième ! C’est très dur mais quel courage, quelle confiance ! Comme j’aime les belles histoires et que pour moi, c’est le courage qui compte, je tire mon chapeau à Yohan Diniz pour avoir tenu bon sur le 50 km. Je retiens le concours fou de Lavillenie, qui nous a montré qu’on a beau dominer toute l’année, on n’est jamais à l’abri d’une déconvenue le jour-J. Dans le négatif, je retiens la morne ambiance du stade Loujniki, le peu d’entrain des Russes et le racisme latent. Moi qui rêvait de découvrir ce pays, ça m’a carrément refroidie.
Nous disions en débutant que tu étais athlète de haut niveau. Quel est ton record au lancer du marteau ?
64,49 m en compétition en 2011.
Tu as récemment créé un blog (http://pasdhammertume.tumblr.com/) concernant ton vécu avec cette discipline. Dans un passage tu parles de la conciliation entre l’entrainement et le travail. Peux-tu nous en toucher un mot te concernant ?
Ah, c’est la grande problématique de ma vie actuelle ! Je fais partie des athlètes qui ne gagneront jamais leur vie grâce au sport, à part si par miracle j’étais finaliste dans un grand championnat. Comme beaucoup de sportifs, je travaille donc, pour ma part à temps quasi complet. Ce qui complique encore l’affaire, c’est que j’ai des horaires tout le temps décalés. Je travaille souvent en soirée (jusqu’à 0h30) et le week-end. J’adapte donc l’entraînement au jour le jour, suivant la disponibilité, la fatigue et la récupération à venir. Des séances sautent régulièrement. Je m’entraîne souvent seule car mon coach n’est pas présent le matin. Mais pour l’instant, le plaisir de s’entraîner et de faire des compétitions sont plus fort, donc je m’accroche !
Comme nos lecteurs sont des coureurs à pied, quelle part, même infime, réserves-tu à la course à pied dans ta pratique ? Les lanceurs ont bien une « course d’élan » ?
Les lanceurs de javelot ont en effet une course d’élan. D’ailleurs, leurs chaussures sont des pointes spéciales assez rigides et renforcées aux chevilles. En ce qui me concerne, je m’échauffe toujours avec un petit footing. 10 minutes en hiver, moins l’été, mais pour compenser, j’ai 20 minutes d’échauffement avec des gammes, des accélérations, des bondissements, etc. La saison dernière, j’aimais bien aller courir sur les bords de Marne, environ 35 à 45 minutes selon l’envie et la forme. Je complétais avec des séries de petites côtes et des escaliers. Courir est important dans ma préparation, car cela entretient mes qualités de vitesse de base. J’étais d’abord sprinteuse avant d’être lanceuse ! J’avais un bon niveau régional, j’ai même détenu un record en minime !
Un dernier mot sur cette pratique du running que tu vois sans doute grandir au fil des années ?
Je pense que c’est une activité qui est effectivement amenée à s’étendre, tant elle est accessible et bienfaisante… jusqu’à un certain point, comme toute pratique sportive ! Je pense aussi que la Fédération Française d’Athlétisme devrait encore mieux l’encadrer et œuvrer pour la développer dans le milieu scolaire. C’est là que tout se joue pour que notre pays devienne une vraie nation de sport et que l’on fasse éclore davantage de talents. Car je pense que la course à pied mène à tout !
Merci beaucoup Annabelle de nous avoir accordé cette interview ! On peut te suivre sur ton blog et sur les articles athlé de lequipe.fr c’est bien ça ?
Voilà, et n’hésitez pas à me suivre sur Twitter (@AnnabelleRolnin) pour quelques news d’athlé et être avertis des derniers posts sur mon blog ! Avec plaisir!
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