Le sport c’est la santé !! Vous n’avez pas l’impression de vieillir moins vite que tout le monde vous ? Bon ok j’exagère juste un peu …! Plus sérieusement je constate quand même qu’en course à pied et plus spécifiquement en trail, les vétérans sont bien souvent … devant ! Et qu’ils n’ont d’ailleurs pas fini de nous épater !
Ont-ils un secret bien gardé ? Je n’en sais rien mais ils sont en tout cas un bel exemple pour tous ceux qui appréhendent ce passage dans la catégorie vétéran … A priori pour ces 4 grands coureurs que j’ai eu la chance de rencontrer, ce changement n’a pas vraiment eu l’air de les déranger ni de les perturber et même bien au contraire, on pourrait croire que ça aurait eu tendance à les rebooster !
GILLES GUICHARD :52 ans, membre du Team Trail ADIDAS
Gilles (Gillou pour les intimes) c’est la bonne humeur et la joie de vivre au quotidien ! Il a toujours le sourire au lèvres et des mots positifs à la bouche. Un vrai rayon de soleil à lui tout seul ! Après une dizaine d’années dans le cyclisme de haut niveau, c’est en 2001 seulement qu’il a commencé la course à pied, alors qu’il venait donc de passer dans la catégorie vétéran 1 : « je ne me suis pas posé de question, j’avais besoin de retrouver la compétition ! » Cette situation ne l’a pourtant pas empêché d’enchaîner de très bons résultats sur des grosses courses du calendrier français et de se créer un palmarès exceptionnel.
Quand je lui demande comment il a vécu son passage en Vétéran 2, elle répond simplement : « je l’ai abordé avec une victoire au scratch, on ne baisse pas physiquement d’une année sur l’autre ! Il faut savoir garder l’envie, le plaisir de courir mais aussi de s’entrainer dur parfois. Pour moi être vétéran et pratiquer le trail à un bon niveau en essayant de m’y maintenir est une grande source de motivation !! Courir aux côtés de gens qui pourraient être mes enfants me fait oublier que j’ai passé la cinquantaine, je pense que c’est un phénomène lié au sport, on n’a pas l’impression de vieillir ! Cependant une certaine sagesse s’installe, on est moins « chien fou », on apprend à se ménager et à lever le pied quand cela est nécessaire ! C’est l’expérience qui compense certaines lacunes. »
A ses débuts, Gilles faisait ses plans d’entraînement seul, mais au fil des années il a appris à faire évoluer ses manières de s’entraîner et à rationaliser tout ça. L’expérience de l’âge selon lui ! Aujourd’hui il fait confiance à celui qu’il avait à l’époque connu en maternelle : Philippe Propage. Il explique : « l’oeil de Philippe et son expérience m’ont permis de progresser et d’atteindre un niveau que je n’aurai peut être jamais atteint ! Dans le haut niveau c’est important d’avoir quelqu’un en qui on a confiance. »
Son secret de récupération, quel est t-il ?
« En terme de récupération je ne ressens aucune différence! J’aurais même tendance à dire que je récupère mieux. Je fais beaucoup d’étirements, du gainage et de la musculation toute l’année, j’ai une bonne hygiène de vie mais je sais aussi me faire plaisir quand j’en ai envie ! Il ne faut pas vivre que pour le sport, c’est sûrement aussi pour cela que je conserve la motivation. Je reste attentif aux petites douleurs j’ai la chance de ne pas trop en avoir c’est sûrement lié à l’écoute de mes sensations , mais je sais que la blessure est souvent insidieuse ! »
Un conseil pour les futurs vétérans ?
« Il ne faut pas redouter son passage dans la catégorie des V , ça peut paraître moralement difficile de faire le grand saut , pourtant le physique ne nous lâche pas comme ça d’une année sur l’autre! Au contraire l’expérience acquise, les erreurs commises peuvent devenir des moyens efficaces pour retrouver une « nouvelle jeunesse ».
MARTINE VOLAY : 46 ans,
Cette ultra traileuse est infatigable ! Elle enchaîne les courses et les kilomètres avec une régularité impressionnante et une faculté de récupération hors du commun. Arrivée sur le tard dans le monde de la course à pied (à 30 ans), c’est justement à partir de son passage dans la catégorie Vétéran (40 ans) qu’elle a obtenu ses meilleurs résultats ! Depuis 2006, son palmarès ne fait que s’enrichir avec de multiples podiums sur des courses phares du calendrier français : un total de 155 courses, dont 93 podiums et 53 victoires (scratch femme). Un joli palmarès qui peut faire rougir plus d’une sénior !
A 46 ans, Martine n’a pas peur de dire qu’elle s’en sent facilement 20 de moins ! « Je me sens plus jeune dans mon esprit et mon corps que lorsque j’avais 20 ans et que je ne pratiquais aucun sport. J’ai commencé à pratiquer la course à pied en 1997 dans un club, j’avais donc un entraîneur et je m’entraînais en groupe. Nous avions tous la même séance, et à l’époque je ne courais que sur la route. Depuis, je suis toujours dans un club, mais je ne suis pas les plans de l’entraîneur, je m’organise avec Chris et m’entraîne le plus souvent seule. Nous n’établissons pas vraiment de plan, je me connais et j’adapte suivant ma forme du jour. Ma manière de m’entraîner est moins structurée, mais finalement je n’ai jamais eu d’aussi bons résultats que depuis que je suis vétérane. Je prends plus en compte mon ressenti et écoute mon corps pour m’entrainer. Par contre, j’intègre toujours des séances de VMA, de seuil que je cours à la sensation, sans chrono. »
Ses secrets de récupération ?
« Je touche du « bois » car j’ai la chance de récupérer très vite et en terme de blessures, je suis pour l’instant épargnée ! »
Son conseil pour les futurs vétérans ?
« Écoute ton corps, continue à te faire plaisir et ne te prends pas la tête. On a l’âge que l’on veut bien se donner. J’ai souvent l’impression d’avoir encore des jambes de 20 ans, et surtout je me sens bien dans mon corps. »
HERVE GIRAUD SAUVEUR : 46 ans, Team Lafuma
Hervé a rejoint le Team Lafuma en 2009, année où il termine à la belle 9ème place à l’UTMB. C’est tout jeune qu’il est tombé amoureux de ce sport et notamment en 2002 qu’il bascule dans le monde du trail, depuis il ne l’a pas lâché : « ce sport fait partie intégrante de mon équilibre de vie, c’est une véritable harmonie entre la nature, mon corps et mon âme … »
Et quand l’heure est venue pour lui de changer de catégorie, cela n’a eu aucune influence sur lui. C’est une histoire de chiffre, voilà tout ! « Aucune importance pour moi. Ne pas angoisser par rapport au temps permet de rester un peu plus jeune et de rester en forme, ça ne marche pas trop mal pour moi ! Mon état d’esprit reste le même, c’est mon physique qui me guide et certainement pas l’age ni ma catégorie !! Mais avec les années qui passent on relativise beaucoup plus sur la vie en général et aussi dans sa pratique sportive, je veux ainsi dire que si on ne s’entraîne pas aujourd’hui alors aucun soucis, on verra demain !! Je n’ai jamais suivi un plan d’entraînement, ni de stade, même plus jeune et je reste dans cette logique. J’ai la chance d’habiter dans les Alpes et d’avoir une activité professionnelle qui me donne du temps libre. Ces deux paramètres me permettent de m’organiser sportivement assez facilement depuis quelques années. »
Hervé a su adapter naturellement ses entraînements avec les années et en fonction de l’envie et des sensations : « plus jeune j’essayais de temps à autre (mais rarement tout de même), de travailler spécifiquement ma Vo2 pour l’améliorer et ainsi gagner en vitesse. En vétéran c’est pour moi inutile car le résultat est minime par rapport aux risques élevés de blessures. Aujourd’hui mes sorties d’entraînements sont moins longues et plus dynamiques avec très souvent des allures au seuil. »
Ses secrets de récupération et de forme ?
« Depuis cette année j’ai intégré le vélo de route qui me réussit assez bien. Coté blessures et douleurs je pense être pour le moment un privilégié de la discipline car depuis 25 ans de pratique, (bitume et sentier) je n’ai pas souvenir d’avoir stoppé une semaine entière !! A mon avis le risque le plus élevé de blessures ou douleurs dans notre discipline est la pratique du fractionné, risque renforcé dans la catégorie vétéran, alors j’évite à 100% ! »
Ses conseils pour les futurs vétérans ?
« Aucune appréhension à avoir et ne pas se sentir moins efficace et plus fatigué. Le mental fait partie intégrante de la discipline et ne surtout pas le parasiter par cette notion de catégorie totalement aléatoire et théorique. Physiquement il est certain que l’on devient plus fragile alors il faudra éviter le fractionné, travailler sa foulée pour réduire au maximum les chocs en descente. Une attention plus particulière sera aussi donnée à l’hygiène de vie en terme d’alimentation ou de poids de forme. »
NATHALIE MAUCLAIR : 43 ans, Team Lafuma
Nathalie pratique le sport depuis très longtemps (VTT et Raid) mais est a démarré la course à pied alors qu’elle était déjà dans la catégorie vétéran : « c’était plutôt un challenge de me dire qu’on pouvait encore faire du sport et y prendre plaisir après 40 ans. Je ne savais pas où ça allait m’emmener. Comme me dit un ami du Team Raid Lafuma : « ça a changé ta vie… ». Et Nathalie brille de mille feux dans ce monde qu’elle ne fréquente que pourtant depuis peu avec des résultats vraiment impressionnants ! Des saisons exceptionnelles qui s’enchaînent, du cross à l’ultra-trails en passant par la route, Nathalie est extrêmement douée sur toutes distances, rien ne l’arrête, et surtout pas son âge !
Pourtant Nathalie prend conscience qu’il est nécessaire d’être encore plus attentive à ses sensations que les années passent … « je surveille le moindre petit signe de fatigue. La maxime « mieux vaut un entraînement de moins qu’un entraînement de trop » est encore plus vrai au fil des années. De plus, je fais bien la différence entre l’entraînement et la compétition. A l’entraînement, je ne trouve pas utile (je ne peux pas) de pousser la machine à 100%, et c’est peut-être aussi pour ça que l’envie est grande le jour de la compétition. » Pas la peine de vous rappeler que Nathalie vient d’être sacrée Championne de MONDE de trail 2013 après sa victoire au Pays de Galles … quand même !!
Ses secrets de forme et/ou de récupération ?
« A chaque début de saison, je crains la blessure qui pourrait mettre un terme (ou une parenthèse) au plaisir que je prends dans ma pratique. Pour éviter cela, j’ai appris à ne pas trop surcharger ma saison, en sélectionnant au mieux mes objectifs. C’est la première saison où mon corps s’est habitué à une bonne charge d’entraînement. Malgré celle-ci je récupère mieux, grâce à un meilleur équilibre entre mon travail, la maison et mon sport. Je me mets moins de pressions quant aux objectifs et aux résultats. Je pense que tous ces paramètres aident pour une bonne récupération psychologique et donc physique, pour moi les 2 sont liées. En parallèle, par prévention je passe parfois chez un médecin ostéopathe ou un kiné qui me connaissent bien maintenant et corrigent mes points faibles. »
Un ou deux conseils pour les futurs vétérans ?
« Pour résumer, je dirais être à l’écoute de son corps, de courir aux sensations mais pas au chrono, car chaque petite blessure qui mets 3 semaines à se résorber à 20 ans, mettra 3 mois après 40 ans. Ne pas chercher ses limites à l’entraînement pour garder de la fraicheur et l’intégrité de ses moyens le jour de la compétition. »
Alors vous êtes rassurés ?? 😉
Merci à nos 4 champions qui ont accepté de témoigner et bravo à eux pour leurs performances exceptionnelles et l’expérience qu’ils peuvent apporter dans cette belle discipline. Personnellement, je suis fan !! Les années qui passent ne semblent avoir aucune emprise sur eux et c’est tant mieux ! Nous suivrons vos prochaines péripéties Messieurs/Dames !
Sylvaine CUSSOT