Arrivés au gîte de Calenzana peu avant 20h, nous avons rechargé les batteries (cœurs d’artichauts, pâtes chinoises, fromage ….), un vrai festin. Puis couchés vers 21h30 en prévision de la première journée : samedi 20 juillet 2013. Au programme : Calenzana / Ortu di u Piobbu / Carozzu /Ascu Stagnu.
Départ à 5h30 après un petit déjeuner sans café … la frontale sur le nez. Une première (triple) étape annoncée en 19h40 en mode randonneur et que nous bouclerons en 10h (pauses repas comprises mais hors pause « orage »). Un départ à tâtons pour localiser le début du chemin dans le village de Calenzana : un couple parti 10’ devant nous nous guidera pour trouver notre chemin, puis c’est parti. Après un chemin pierreux, nous nous engageons sur un ancien sentier muletier où je sens les jambes de Philippe fourmiller et ça démarre donc de bon matin par un petit run sur la portion plate et vallonnée du chemin. Puis nous arrivons sur le premier sommet, Bocca di U Ravalente (616m) où nous complétons notre petit déjeuner avec vue sur Calvi et la Méditerranée.
Là nous rencontrons 3 jeunes Anglais qui ont campé sur place et nous leur demandons « are we the first this morning ?* » (* « sommes-nous les premiers à passer ce matin? » Lol) car nous n’avions vu personne jusque-là sur ce qui est censé être l’autoroute des randonneurs (23 000 chaque été !). Réponse : « only 2 crazy guys at 9.30 pm last evening* ! » (« juste 2 “ultrafondus” qui sont passés comme des fusées hier à 21h30” ) et là j’ai tout de suite pensé qu’il devait s’agir des 2 compétiteurs qui s’étiraient la veille avant d’embarquer pour Calenzana, la suite allait me confirmer cette intuition ….
Après cette pause, nous enchaînons sans trainer vers le refuge d’Ortu di u Piobbu où nous espérons pouvoir prendre un café mais visiblement, la gardienne du refuge n’a pas l’air de trop s’intéresser à ses clients et donc nous continuons notre chemin sans café …. vers Caruzzu. Le parcours devient plus accidenté et le soleil chauffe fort !!! Dès la première montée vers Bocca di Pisciaghja (1950m), je commence à ressentir des crampes (mollets, quadris …) …. je les calme comme je peux en m’étirant et ….. je lève le pied. Le GR enchaine ensuite montées et descentes dans des décors vertigineux avant d’attaquer une longue descente vers le refuge de Carrozzu.
Sur ce parcours nous rattrapons de nombreux randonneurs quand soudain je suis intrigué par un accent de l’Est de la France fortement marqué. Nous engageons la conversation et je reconnais l’un des 2 « crazy guys » qui avaient tant impressionné les jeunes Anglais. Visiblement, il est marqué par l’effort et les crampes le minent. Nous l’encourageons et continuons notre route. Dans le bas de la descente, nous rencontrons le 2ème « crazy guy » qui a l’air beaucoup plus frais et qui attend patiemment son compagnon de route à l’ombre …. Nous le saluons et rejoignons peu après le refuge de Carozzu. Au refuge de Carozzu, vers 12h15, nous retrouvons de nombreux randonneurs et notamment un groupe de québécois et leur délicieux accent qui me rappelle Edward, vaillant compagnon du GR 2012. Nous prenons un sandwich, un soda, des canistrellis, et à peine sommes-nous attablés que nous recevons quelques grosses gouttes de pluie …..
Autour de nous les randonneurs qui arpentent le GR20 depuis parfois 10 jours (dans le sens Sud / Nord) nous expliquent, chacun dans leur langue et avec leurs accents plus délicieux les uns que les autres que chaque après-midi, depuis leur départ, des orages se déclenchent entre 13h et 16h …… bref, la douche froide !!!! (c’est le cas de le dire, pour moi qui n’avait connu que le ciel bleu en 2012 … La pluie s’accélère rapidement, le ciel s’assombrit, le tonnerre gronde, les puissants éclairs ….ravivent ma « phobie des flashes des radars automatiques » ….. bref, tout le monde rentre s’abriter dans le refuge non éclairé car le gardien utilise l’électricité pour la cuisine et nous attendons que la Nature se calme ….
Visiblement, compte tenu des fortes pluies de printemps et de la chaleur de ce mois de juillet, en cours de journée, dès que la température de l’air s’élève, l’humidité du sol s’évapore et génère des nuages lourds qui déclenchent ainsi ces orages …. (0 en 2012) Et à vrai dire …. la pause « orage » a duré plus de 2 heures ! Elle nous a permis de mieux faire connaissance avec les 2 « crazy guys » et leur accent de « Chtrass* » comme ils disent (* = « Stras » de Strasbourg). Comme eux aussi allaient vers Ascu Stagnu, nous nous sommes donnés RDV là bas pour la soirée.
Nous avons repris la route sous la pluie, avec l’orage pas la peine de penser à se baigner sous la passerelle suspendue de Spasimata ! et la montée vers le lac de Muvrella s’est faite sur des dalles ruisselantes et donc très glissantes, prudence ! Dans ces conditions difficiles nous avons croisé la route de 4 courageuses et charmantes jeunes filles originaires de Calenzana, parties le matin même d’Ascu et qui avaient été secourues pendant l’orage par un groupe de militaires tatoués de la tête aux pieds (« ENGLAND FOR EVER » ;-). Bâche, chocolat chaud, ces militaires sont prêts à affronter toutes les conditions ! Les 4 randonneuses nous ont indiqué que nous ne devrions pas tarder à les rejoindre (30’ devant nous) alors nous avons repris la route ! Après le lac de la Muvrella ça grimpe encore plus fort jusqu’au col Bocca Di Stagnu. C’est là que nous avons rattrapé le groupe de militaires Anglais, qui m’ont interpellé au passage : « Hey, you’ve got big calves !!! ». Avec l’assistance de mon Philippe, je comprends qu’ils parlent de mes mollets ! En ce qui les concerne ce sont les biscottos ! Des masses taillées dans le roc : impressionnants ces militaires Anglais ! (ils s’arrêteront à Asco)
Puis c’est la redescente rapide vers le refuge d’Ascu di Stagnu que nous rejoignons vers 17h45. Là nous prenons notre chambre, buvons une boisson à base de châtaigne (spécialité Corse 😉 ) et réservons notre repas du soir avec nos « crazy guys » de « Chtrass »! Lors du repas du soir, nous apprenons par Maxime, l’un des 2 « crazy guys » que son ami, (Jean-Paul, celui qui avait l’air le plus fatigué dans la descente vers Carozzu avait été rapatrié par hélicoptère suite à un état d’épuisement total au niveau du lac de Muvrella). Il nous demande s’il peut se joindre à nous pour réaliser le GR en 5 jours et nous l’acceptons avec plaisir. Maxime nous dit qu’il est coureur sur route, qu’il n’a jamais tenté le trail et donc notre défi : lui faire prendre goût au trail.
Difficultés de l’étape :
Altitude maximale : 2020 m / minimale : 275 m
Dénivelé montée : 2930 m / descente : 1615 m
Patrice Vandecasteele
La suite de son périple avec la seconde journée prochainement … !! Revivez le début de son aventure avec le premier article sur la préparation de ce GR20 en 5 jours !