Quand on court une ou plusieurs fois par semaine, et que nous avons des séances à passer en vue de certains objectifs, on met les baskets indifféremment des autres fois. Il y a des jours où l’on galère, où on souffre, où l’on se demande ce qu’on fout là. D’autres fois, on s’épate de nos performances du jour, des chronos réalisés.
Et puis…
Il y a ce jour où vous y allez comme à bien d’autres reprises. Il fait bon, vous partez pour un simple footing. D’ailleurs, vous le commencez lentement. A l’ombre sur un chemin large et régulier, tout se passe normalement. Vous partez pour 45 min, juste histoire de… Au bout d’un moment, vous vous rendez compte que vos jambes sont très légères, vous pourriez aller facilement plus vite. Mais, doucement, on en est qu’au début, et vous avez envie de garder vos forces pour vous faire plaisir sur le retour pourquoi pas. Au fur et à mesure, vous semblez tellement à l’aise que vous vous attardez sur cette sensation très agréable. Aucun frein, aucune tension au niveau des articulations. Vous ne sentez pas de chocs particuliers à la pose de vos appuis. Vos cuisses ne poussent même pas pour vous propulser vers l’avant… C’est tellement facile! A ce moment précis, vous vous dites que cela pourrait durer des heures sans que vous fatiguiez.
Alors, comme pour garder en mémoire cet instant là, vous essayez d’imprimer les sensations. Du coup, vous vous retenez même d’aller plus vite de peur de les perdre. Bien sûr vous pouvez forcer plus mais ce serait dommage de vous faire brûler les cuisses et de revenir fatigué. Tiens, et le souffle ? Il suit sans problème, c’est d’ailleurs pour cela que vous l’avez oublié. Tout de même, vous laissez petit à petit le corps faire son affaire, sans retenue. Votre allure augmente légèrement, les appuis sont souples, la foulée s’allonge. C’est génial ! A ce moment là, vous oubliez tous vos soucis. Vous êtes le coureur le plus heureux du monde. Cette formidable sensation vaut bien un record ! Souvent nous sommes à la poursuite de la forme, on la cherche à presque tous les entraînements, et puis là, elle s’est invitée pour ce footing… Mais entrez très chère, entrez ! Je vous servirai bien une petite accélération ? Oui, mais avec modération.
Vous êtes bientôt sur la fin donc presque naturellement, vous voulez terminer cette sortie sur une bonne note. Vous augmentez un peu le rythme, c’est toujours aussi fluide ! Mais il faut une fin. Alors, pour ne pas la bâcler, vous ne forcez pas plus. Vous avez envie que ça reste facile. Du coup, vous profitez, vous vous attardez sur votre posture : vous redressez votre buste, vous tentez d’améliorer la pose du pied, vous pensez à relâcher vos bras… C’est simple et si facile dans ces moments là ! Et voilà vous êtes en roue libre dans les derniers mètres, et le footing se termine. Vos jambes ne se plaignent pas. L’instant a duré 45 min, et vous vous en souviendrez sûrement longtemps, comme ce qui arrive peu souvent.
Vous l’avez déjà éprouvée vous, cette sensation?
Mathieu BERTOS