C’est vrai, L’Ironman de Nice s’est déroulé le 23 juin, c’est vrai que faire un compte rendu de course 6 semaines après n’a plus trop d’intérêt. Pourtant, la déception passée, je pense que mon « aventure » pourra servir d’exemple à ne surtout pas faire sur une épreuve aussi exigeante !
Me voilà donc parti direction Nice le jeudi 20 juin, en pleine forme. Le test du Half de Barcelone a été concluant, et mes dernières sorties m’ont rassuré sur mon état de forme et niveau attendu. En comparaison à l’année précédente, je me suis nettement amélioré en vélo et course à pied. Concernant la natation, ma déchirure des ligaments de l’épaule aura sacrément contraint ma préparation dans les bassins, mais le niveau de l’an dernier est là. Je suis donc rassuré et confiant ! Le vendredi sera consacré à une journée de repos, et samedi avec une petite séance de natation en mer suivi d’une sortie vélo d’1h.
S’en suit la préparation des équipements et direction le parc à vélo pour la dépose. J’en profite pour bien mémoriser l’emplacement de mes sacs de transition afin de perdre le moins de temps possible entre chaque discipline.
Dimanche 23 juin, le réveil sonne à 4h30…je me lève, enfile ma tenue, déjeune mon gâteau sport et prend une gélule d’ultra levure (comme la veille au soir) car j’ai l’impression d’avoir une gêne. 1ère erreur…ne jamais modifier ces habitudes !!! Car ça ne servait à rien… 5h15, je me dirige vers le parc à vélo, et prépare mon ravitaillement : barres et gels énergétiques. J’enfile ma combinaison et pars me positionner dans le sas. 6h30, les pros s’élances avec 5min d’avance. Encore 5min, et c’est notre tour. Mes 6 mois de préparation défilent dans ma tête, tant d’heures passées à s’entraîner, souffrir, à récupérer le temps perdu suite à mon opération, et me voilà enfin au départ de cette épreuve, prêts à concrétiser tous les sacrifices.
6h35, la « meute » est lâchée. Et je n’exagère pas ! 2600 athlètes qui s’élancent en même temps pour rejoindre une bouée 1000 plus loin, ça crée forcément une certaine promiscuité… ! Il y un mélange de coups de pieds et poings, suivi de quelques baffes et tirages de la cheville. Le deuxième tour sera plus calme. Mais cette année, l’épreuve aura particulièrement été difficile, dûe aux conditions : une mer houleuse avec du courant de surcroît … Moi qui suis mauvais nageur, je le payse cash avec 3min de retard sur mon chrono cible. Je ne me démobilise pas, je reste concentré et me change rapidement afin d’attaquer les 180 kms de vélo. Ça sera le juge de paix et une 1ère indication sur ma progression cette année.
Les kms s’enchaînent bien, je grimpe le col de l’Ecre dans les watts cibles, plus rapide et plus facile que l’an dernier. C’est bon ça ! Au km 60, je ressens tout de même une gêne à l’estomac. Bien que cela n’affecte absolument pas mon rendement, et la hantise d’attaquer le marathon avec une douleur, je décide de stopper mon alimentation en me contentant de m’hydrater seulement. Le cachet d’ultra levure était une erreur, et là je commets l’irréparable en prenant une mauvaise décision. Je ne le sais pas encore, mais je viens d’hypothéquer ma course et mon objectif… 1h30 plus tard, je reprends le cycle normal en mangeant une barre, avec une vraie sensation de faim ! C’est bien la 1ère fois que je ressens ça sur une course…ça craint !
Les derniers kms s’enchaînent encore sur un bon rythme, sans fatigue et lassitude. Je suis confiant et me tarde d’enfiler les 42kms et me battre avec moi-même pour casser cette barrière des 3h10. Je pose le vélo, attrape mon sac de transition et enfile mes runnings. Je prends rapidement un gel et me cale sur une allure de 4’35/km les 5 premiers kms afin de bien caler ma respiration, et ne pas être trop haut dès le début. Énorme, je suis vraiment facile. Les jambes avancent toutes seules, je me force à ralentir l’allure tellement je suis bien car je ne veux pas le payer plus tard. Le soleil est présent mais la chaleur n’est pas accablante comme l’année précédente. Arrive le demi-tour, je peux enfin accélérer et prendre mon rythme de croisière de 4’25/km avec une bonne foulée rasante de 180 fpm. Le vent de face me fait osciller entre 4’25 et 4’28/km. Le 1er tour est bouclé, il me reste encore 32 kms et je suis bien plus à l’aise que l’an dernier avec une marque à 3h20. Je le tiens mon chrono !
Le second aller passe sous les 4’30/km, et je commence à me concentrer, il reste 5 kms avant d’attaquer la 3ème boucle. C’est pour moi la plus difficile, on est à moitié course, la fatigue est bien installée, les jambes sont dures, et il faut pourtant tenir le rythme. Ça se passe dans la tête !!! Et je me sens fort. Ça sera le moment de vérité !!! J’en finis avec le 1er semi et attaque le 3ème tour. L’ironman démarre maintenant. Je commence à sentir les jambes un peu dures, et une petite baisse de régime, c’est normal. Je me prends un gel et je maintiens l’allure comme je peux. Je me bats mais je sens que c’est différent des autres fois. Je suis au 23ème km, et les jambes ne répondent plus, blackout complet… J’attends désespérément que le gel fasse effet, et aujourd’hui j’attends encore ! Et là je comprends que ma course est pliée. Je paie le tarif lorsque j’ai arrêté de m’alimenter durant la partie vélo.
Même si au niveau cardio j’étais 75% de FCmax, le corps a puisé dans mes réserves énergétiques qu’est le glycogène. Autant dire que j’ai abordé le marathon avec la cuve vide, alors qu’elle doit être quasiment pleine à l’amorce de la cap. L’objectif change forcément : tenter de rallier l’arrivée comme je peux.Je refuse l’abandon car trop difficile à assumer par la suite. J’ai donc alterné marche et course à pieds. Je tiens péniblement les 5’20/km, avec vent dans le dos et les spectateurs qui poussent ! Je n’ai jamais trouvé une course aussi longue !!! Surtout quand il reste 5 kms, que vous êtes à l’autre bout du parcours, et que vous apercevez l’arrivée de l’autre côté de la baie des anges. Ça vous paraît interminable… Certains me comprendront !!!
Je passe la ligne avec tout de même un chrono en 3h33, et un temps finale de 10h03. Il vrai qu’en soit c’est un bon chrono, mais lorsque vous vous préparez toute l’année, que vous êtes en forme le jour prévu pour réaliser une performance en dessous de 9h40, la déception a été très très dure et longue…surtout pour une erreur évidente et manque de lucidité. Je tiens à remercier ma famille et mes amis et qui m’ont énormément soutenu dans cette aventure pour avoir vécu les sacrifices conjointement ! Et également i-Run pour son soutien.
Et je remercie particulièrement Nicolas Hemet (Nick pour les connaisseurs) pour m’avoir préparé et permis d’atteindre un niveau que je n’aurais jamais soupçonné ! En espérant que ce récit évitera à certains coureurs de commettre la même erreur et anéantir toute chance de performance.Pour ma part, après avoir tenté (j’ai bien dis tenté !) de bien figurer sur le half Altriman mi-juillet, j’ai coupé toute activité pour des raisons de fatigue avancée. Il paraît que 3 semaines après un Ironman, on a un pic de forme. Et bien pas pour moi, j’ai plus ressenti un pic vers le bas pendant l’épreuve !!! J’ai remis en route depuis presque 2 semaines pour préparer la fin de saison avec en objectif le Half Ironman de Saint Jean de Luz.
Philippe Oliva-Team i-Run
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