Que le sport vit des temps difficiles ! On vient d’assister à un Tour de France empreint de suspicions (justifiées, ou pas…), dont l’avant et l’après Tour fut au déballage de noms, comme pour faire table rase du passé. Toujours étonnant d’ailleurs, quels que soient les noms, de voir que ceci est d’une part fait au moment de l’événement (médiatisation, quand tu nous tiens…) et d’autre part réalisé 15 ans après! Déterrer les morts (encore vivants) quel manque de savoir vivre…
On ne peut que constater que la lutte antidopage est en retard sur les tricheurs. Mais plus que sur ces sportifs « en bout de chaîne », la lutte devrait être dirigée contre le système qui fait les recherches et les approvisionnent. Dans le même temps que le Tour, c’est l’athlétisme qui a été touchée avec notamment Asafa Powell et Tyson Gay, les deux plus sérieux prétendants derrière Usain Bolt. Si ces deux grands athlètes ont triché, ils devront être punis comme les autres. Mais en sport, et au vu de leur carrière, on sait qu’on ne peut construire une vie sportive sur le dopage. Ces hommes ont sans doute franchi la ligne cette année, d’une autre façon qu’ils l’auraient espéré sûrement.
Cependant il est rare de fonctionner seul. A moins d’être chimiste, l’athlète ne fabrique pas lui même les produits, ils ne viennent pas à lui tout seul, il n’est sans doute pas docteur pour savoir quelle quantité prendre pour que cela fasse effet ou que ça ne lui nuise pas non plus. Désormais, on piste les coureurs kenyans comme des bêtes sauvages. On piste, et on trouve bien sûr. Pensez-vous un seul instant que pour ces gens, dont la majorité sont des paysans éloignés de la ville, le dopage est tombé du ciel ? Sûrement pas. Des agents ou médecins véreux de l’étranger, dont l’Europe, sont venus trouver un nouveau moyen de se faire de l’argent sur le dos de ces athlètes naturellement doués, qui n’ont nul besoin de produits pour exprimer leur incroyable talent.
Alors il serait vraiment judicieux de lutter contre les tricheurs, mais aussi de mettre le doigt sur le système qui permet cette triche. Car il y a des aberrations. On a su très vite ce qui se passait dans les années 80 dans les pays de l’Est concernant les pratiques interdites, mais on n’a pas bronché et des records affolants sont encore en vigueur. Inversement en cyclisme, on a sans doute dupé les coureurs en les boostant « à coups de vitamines », puis on revient les chercher 15 ans plus tard pour jeter leur nom à la poubelle. Quelle réactivité ! La science progresse plus vite dans un sens que dans l’autre… Comment les moyens financiers sont-ils mis en œuvre pour faire avancer le sport ? On se le demande… Comment réagirait un athlète 15 ans après, si on lui annonçait que sa 6è place vaut en fait une 3è…? Pour ma part, ce serait sans doute : » très bien, mais il fallait les stopper à cette période là, que voulez-vous maintenant ?… ». Mehdi Baala a vécu ce cas de figure mais dans les mois suivants. Rashid Ramzi s’était vu retirer sa médaille d’or du 1500m des JO de Pékin en 2008, et le français qui avait terminé 4è récupéra ensuite le bronze. « Justice est enfin rendue » avait-il prononcé… 15 ans après, le sentiment de justice doit sans doute être tout autre !
Les annonces de dopage dans le sprint ou en demi-fond ne sont peut-être pas terminées. Les championnats du monde approchent et j’ai vraiment envie pour ma part de m’attarder sur les qualités de chacun, bien qu’en voyant des performances énormes je ne pourrais m’empêcher de me poser intérieurement certaines questions. Les athlètes pour nous étonner et nous offrir du spectacle n’ont nul besoin de courir en 9″25 le 100m et 3″24 au 1500m… Même si la triche existe depuis la nuit des temps, l’effort et l’honnêteté sont tout autant appréciables. Dans le sport il y a autre chose à voir que la performance de pointe, et heureusement ! Il est dommage simplement de voir certains sports traquer les tricheurs et de voir d’autres à côté de ça négliger la chose de façon assez remarquable.
Vive la course et le sport sain !
Mathieu BERTOS
(Photo: sports.fr)
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