L’abandon est souvent associé à faiblesse, honte, mauvaise gestion… et pourquoi ne le serait-il pas pour les mots raison, prudence, intelligence ? Bien sûr, il peut y avoir de multiples cas d’abandon, autant qu’il y a de soucis physiques et de décisions personnelles. Pourquoi l’abandon serait une honte ? Parce qu’on faillit dans le but que l’on s’était fixé ? N’est-ce pas d’ailleurs ce dernier qui a été mal fixé, plutôt qu’un abandon mal géré ?
Le principe de fixation de but a déjà été évoqué ici, de manière studieuse. Un but doit être fixé en fonction de ses capacités. Si vous visez trop haut, vous augmentez la possibilité d’échouer et d’être déçu. Même s’il doit être fixé plus haut que votre niveau, il doit tout de même être atteignable. Et dans le cas de l’abandon, cela peut souvent être un but trop haut, et l’abandon est quelques fois le constat de cet écart ou l’impossibilité physique et donc la blessure.
En cas de blessure, on peut s’en vouloir dans le cas où l’on est manifestement mal préparé, ou alors ses capacités d’effort dépassées. Mais les incidents de course arrivent, et ça, beaucoup de monde a de mal à le concevoir et à le digérer ! Qu’y a-t-il de décevant à s’arrêter sur une chute, une entorse ? C’est bête… Non, c’est dommage ! Avec tous les risques pris, et même avec tous ces défauts de terrains, l’incident peut survenir, et personne n’y peut rien ! Tout comme la blessure musculaire: une contracture, une déchirure… Si le corps a sans doute été trop sollicité, ce genre de chose peut arriver. C’est le sport qui veut ça !
De même en étant bien entraîné et préparé, l’organisme peut se rebeller et faire des siennes, le jour J, le jour où l’on ne pense pas que cela puisse arriver… Un jour, un ami me disait » Jamais j’abandonnerai! C’est une question d’honneur, il faut finir… » telles étaient ses paroles! Le week-end suivant, alors qu’il n’avait jamais abandonné, il s’est arrêté à cause de crampes d’estomac… et c’est ainsi! Il y a des soucis qui interviennent malgré une préparation minutieuse.
Abandonner peut même être signe d’intelligence. Afin d’éviter d’aggraver une blessure, de se faire plus mal… Il vaut mieux s’arrêter afin de pas dégrader son état! Car il faut aussi penser à ceux qui vous attendent et qui vous soutiennent. Les gens raisonnables comprendront que l’on puisse s’arrêter en étant mal. De plus, en continuant avec des problèmes physiques, vous prolongez de la sorte la voie de la guérison! Il serait bien dommage de se priver de sa passion plus longtemps ainsi que d’hypothéquer les compétitions à venir…
Vous avez peut-être vu comme moi des abandons voulus, comme un favori ou quelqu’un qui s’était fixé de gros objectifs, et se voyant hors de portée de ceux-ci, préfère s’arrêter plutôt que d’être confronté au constat d’échec, du résultat à l’arrivée. Cet abandon là est vraiment dommage. Un champion en mauvais état qui franchit la ligne malgré sa place inhabituelle dans le classement est respectable. Les gens le perçoivent « comme les autres », ça le rend humain malgré ses superbes performances passées. On va appeler ceci un abandon de circonstance. Quand quelqu’un se voit hors de portée d’un podium et qu’il s’arrête…
Un échec, une défaillance physique, un accident… tout peut arriver! L’abandon, sauf peut être dans le dernier cas, est légitimement envisageable voir même conseillé car plus prudent. Ce qui est intéressant c’est d’en analyser les causes. Elles peuvent être diverses… Mais l’acte n’est en aucun cas une honte ou une tare! La sagesse est aussi une vertu 😉
Mathieu BERTOS
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