Partir à deux, arriver à deux, une formule originale et qui rompt avec l’idée que la course à pied est un sport d’égoïstes ! Nous avions déjà eu l’occasion de tester le principe des courses en duo il y a deux ans sur ce même évènement justement, à l’époque c’était la 1ère édition du Duo Nocturne d’Uzès.
Un exercice ludique avec un concept d’effort partagé qui nous plait. La 3ème édition du Duo Nocturne d’Uzès a lieu le vendredi 12 juillet, a priori nous serons dans le coin et dispos, banco ! 14 km avec 300 ou 400mD+ à faire ensemble dans ces magnifiques sentiers de la Vallée de l’Eure : court mais intense ! On joue à domicile, c’est chouette, ça ne nous arrive pas souvent. La course est organisée par la super équipe de « Courir en Uzège », une soirée qui promet d’être sympa !
Deux spécificités à cette course donc : elle se court en duo et elle se court de nuit. Le départ est planifié pour 21h15 et même s’il fait grand jour quand nous allons démarrer, il faudra être équipé de la lampe frontale sur la tête parce que rapidement, la nuit va tomber … Ça peut paraître simple comme ça, sur le papier, de courir en duo, mais croyez moi, ça ne l’est pas pour tout le monde ! Parce que les différences de niveaux et de caractères peuvent parfois mener au conflit et même au clash, on en voit parfois finir par courir …seul !! L’idéal pour éviter ça, c’est quand même de se connaître, ou au moins de se préparer, s’organiser. Aucune crainte d’en arriver là de notre côté mais l’envie d’optimiser et de s’amuser. Du coup, on décide d’essayer le système de tractage : un élastique et deux baudriers pour nous permettre de s’attacher et de se tirer dans les montées. Je vous rassure, ce n’est pas moi qui vais tirer …!! Une stratégie qui peut être gagnante mais qui peut aussi être perdante quand elle n’est pas maîtrisée. On verra, on va essayer !
Après un bon gros goûter céréales, bananes, Nutella avec les enfants à 18h, direction la Vallée de l’Eure à partir de 20h pour retrouver toute l’équipe de « Courir en Uzège » qui travaille déjà d’arrache-pied depuis le début d’après midi. Alain et Marie Gaspard, les anciens organisateurs qui leur ont passés le flambeau, nous ont prêté leurs baudriers, on a quelques minutes pour s’entraîner à courir attachés … ça va donner ! Les coureurs arrivent petit à petit, on retrouve les copains, Pierre, David, Steph, Véréna … la vallée se remplit, ça s’échauffe partout. 21h10, il est temps de se rassembler vers le départ. Consignes du directeur de course données, il faut faire faire attention où on met les pieds, par endroit c’est un peu accidenté. Pas question de s’attacher au départ, on attendra la première montée et surtout que le peloton soit déjà bien étiré, sinon on risque de gêner tout le monde et de se faire tomber.
C’est l’heure, le départ est donné et nous voilà élancés. 14km, c’est relativement court, mais là ça part quand même très vite ! But du jeu pour tous : bien se placer pendant ces quelques mètres roulants parce que très rapidement le chemin se rétrécit en monotrace et ça va devenir beaucoup plus compliqué de doubler… On commence par une petite boucle plutôt roulante de 2km. J’ai aperçu un duo mixte partir en flèche au départ, je les vois à quelques mètres devant nous avec leur maillot vert, ils avancent à très bon rythme ! A priori nous sommes second, je ne vois que des duos masculins sinon … enfin il reste encore du chemin ! Le peloton s’est doucement étiré, on décide de s’attacher avant d’entamer la grimpette. Pas évident en courant mais on y arrive sans gamelles ! On est encore sur du plat, mais « wouaaaaah, doucement, je vooooole !!!! »
Du 2 au 4ème kilomètre, ça grimpe d’environ 120mD+, un peu technique, il faut être vigilant, surtout avec l’élastique, je ne vois pas trop là où je mets les pieds ! On double un paquet de monde avec ce système de tractage : « pardon, on passe à gauche ! Attention, on arrive sur la droite ! » Ça fait bien rire les participants ! Jamais avalé une montée aussi vite moi ! 😉 Manu assure, en me tirant, je pense qu’il nous a fait gagner pas mal de temps dans ces passages là. Après, cela nécessite double dose de concentration donc ça peut devenir vite usant et au final une perte de temps … En haut de la montée on a perdu de vu le premier duo mixte, mince alors ! Ils n’ont pas d’élastique mais il la joue stratégique aussi : Monsieur pousse Madame dans les portions difficiles. Une solution qui peut être gagnante aussi ! Le parcours est très agréable, varié, avec quelques difficultés, et quelques spectateurs qui motivent sur le côté ! Notre élastique les fait d’ailleurs bien rigoler : « hey t’as vu Roger, c’est trop bien, on pourra le faire nous aussi !! »
Côté jambes, ça roule, côté souffle, la sensation d’être à bloc, mais il faut dire qu’on a bonne allure là. Par contre des douleurs très fortes à l’estomac, que je n’arrive pas à faire passer. A chaque pas, comme un coup de poignard dans le ventre. Manu m’encourage, il me propose de ralentir, mais non, je sers les dents, ça va aller, ils ne sont pas si loin devant, on a peut être encore une chance de remonter. Une belle descente nous emmène jusqu’au ravitaillement du 7ème kilomètre. Un verre d’eau chacun et ça repart ! La nuit commence à tomber, les frontales sont allumées, il faut encore davantage surveiller nos pieds … On repart sur la 2ème plus longue montée d’environ 3km. Progressive mais traitre ! Et comme il fait nuit, on se rend moins compte que ça grimpe. Le sentier en monotrace, très étroit et zigzagant, au sol c’est technique et trop dangereux de rester attachés, on perd trop de temps. On se détache. Je passe devant Manu, il me motive plus derrière et comme ça il me laisse faire le rythme. Le 10ème kilomètre est atteint en haut de cette bosse. Le sentier s’élargit, on peut se rattacher. J’ai toujours ces douleurs au ventre qui m’empêchent d’envoyer comme j’aimerais dans les descentes … On commence à ne plus espérer remonter les premiers …
A peine 4km avant l’arrivée, ça passe super vite dis donc ! On pourrait penser être tranquille avec les montées, mais non, il en reste une petite avant la descente finale vers la vallée. On est toujours attachés mais ça ne sert pas à grand chose à ce moment là. Avec du recul je me demande même si cela ne nous a pas plus gêné parfois. Passage de portions techniques, on doit se détacher. Un bénévole nous indique un virage à droite et 2km avant d’en finir. Ici il faut tout donner, on remet l’élastique et Manu va me faire voler ! J’ai les jambes qui vont plus vite que la tête là, j’réfléchis pas trop mais je me dis que je risque de tomber s’il continue à accélérer comme ça … Je lui crie : « ralentiiiiiiis !!! ça va trop vite là, j’vois pas mes pieds, j’vais me casser la figure !! » De toute façon, le classement est figé, ça ne sert à rien de prendre des risques. On décide de terminer détachés, en déroulé. Dernier kilo : « on est sur les bases de 1h05, c’est super ! » (sachant qu’au départ Véréna m’avait dit : « vous allez mettre 1h10 maxi, l’an dernier on avait mis 1h09 » mais que je n’y croyais pas) Ça me motive pour la dernière ligne droite que nous faisons main dans la main, sourire aux lèvres.
2ème duo mixte, 10ème duo scratch, 1h05, contrat rempli, on est satisfait, le bisou sur la ligne d’arrivée est mérité !! Les vainqueurs ont assuré, clairement plus fort, il faut l’avouer ! Une organisation super ficelée, bravo à l’équipe de « Courir en Uzège« , qui a mené de main de maître une épreuve pas toujours évidente à structurer.
Sylvaine CUSSOT
Les résultats du Duo Nocturne d’Uzès 2013 : DuoNocturneUzes2013_CORRIGEE
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