Le trail ce n’est pas seulement « à la mode », c’est une vraie tendance actuelle. On ne veut pas juste « faire comme », mais découvrir des choses par soi-même. Et c’est en pratiquant, dès l’entraînement, quand on est seul et que c’est dur, que l’on se rend compte de plein de choses et d’où ressortent ces satisfactions.
Bien sûr, au milieu d’un peloton de 2000 coureurs avec l’effervescence qui en découle, tout s’amplifie et l’ambiance est vectrice d’émotions qui viennent s’ajouter à tout ça. Mais ça, c’est en quelque sorte pour le spectacle, c’est l’apothéose de tout ce qui a été fait avant avec tout le plaisir qu’on en retire.
Une des premières choses toute simple, c’est ce plaisir de se retrouver dans la nature. On se sort du rythme quotidien du travail et de la ville, on quitte la pollution et le béton, on s’évade… La vie moderne nous fait toujours plus accélérer et nous coupe des choses les plus simples comme celles-ci. Baskets cramponnées aux pieds, les arbres remplacent les immeubles, la terre remplace le bitume, les pierres à enjamber, les trottoirs. Il y a plus de couleurs, des odeurs agréables. La vue peut se porter loin devant et contempler un panorama large. On distingue un relief sans angles, on avale des chemins. On a le temps… En fait, il faut pouvoir s’offrir cette occasion de ralentir et de contempler. Le retour avec toutes les commodités s’apprécient aussi quand on le quitte un peu.
Ensuite, il y a ce retour à l’enfance. Cette époque où l’on jouait dehors sans tous les biens matériels d’aujourd’hui. Là, c’est un peu la même chose : on part découvrir des sentiers que l’on ne connaît pas, et on joue. On joue avec le sol, tous ses défauts, ses pierres, on tourne sec, on dérape et on se rattrape. On se défie à passer une zone « technique » le plus vite possible, mettant à rude épreuve notre habileté. Au début, on a peur, on freine beaucoup. On peut même se tordre la cheville ! Mais à force de concentration, de rapidité d’appui, de sensations dans la plante du pied, on se surprend. On progresse. L’ennui n’a pas sa place.
Dans le trail, on ne se met en difficulté que si l’on a envie. Par contre, le terrain, le relief ou le climat nous mettra forcément à l’épreuve ! Ces défis, on aime les relever, on prend plaisir à en triompher. Un parcours casse-pattes dans les bois, c’est usant. Chaque petite bosse nous fait ralentir, courber l’échine et entame notre énergie. Chacune de ses bosses et une petite victoire. Les plus grandes, les pentes montagneuses, c’est encore autre chose. Mais en haut, il peut y avoir un but : la vue. Si l’on veut voir ce lac et pouvoir se poser, il va d’abord falloir le mériter. La beauté, l’inhabituel… ça se gagne !
Une fois plus aguerri à tout ça, on cherche aussi à progresser. Monter plus facilement, monter plus vite, descendre sans peur… On aime exploiter ses capacités. Prenez une ascension que vous aimez faire. Quoi qu’il en soit, en forme ou pas, cela va être dur. Au début, vous souffrez, c’est pénible, c’est long. Puis à force d’entrainement, vous la maîtrisez. C’est une première satisfaction. Ensuite, vous vous surprenez à marcher moins qu’à l’habitude : vous souffrez moins, les tendons supportent la tension, les muscles sont moins engorgés de lactique. Puis quand vous êtes au top, vous allez vite. Vous alternez course et marche sans problème. Vous passer aussi bien debout sur la plante des pieds que « au sol » en poussant sur les cuisses. Comme sur le plat, vous pouvez même accélérer à la fin. La progression, c’est une satisfaction personnelle, il est bon de pouvoir tirer le meilleur de soi !
Puis au fur et à mesure des entraînement et des années, vous gérez bien votre affaire. Vous savez où vous devez aller pour trouver telle pente sans aller trop loin. Vous savez quelle descente il faudra prendre, car vous connaissez le terrain et vous savez que d’un autre côté, c’est dangereux. Vous savez aussi combien de temps cela vous prendra de prendre un tel circuit plutôt qu’un autre. Vous avez une bonne gestion de votre effort. Vous pouvez être performant, mais vous savez aussi comment utiliser vos atouts. A quels moments, à quel endroit. D’ailleurs, vous gérez aussi votre eau et vos produits énergétiques à bon escient.
Toutes ces choses, et vous en trouverez sans doute de plus fines… toutes ces choses contribuent quelque part à l’engouement de la discipline. Elles font appel à un besoin, nous mettent à l’épreuve et nous renforcent, physiquement comme moralement. C’est ça aussi le trail !
Mathieu BERTOS
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