La course fait 11.5 km, 90% sur route et le reste sur chemins en graviers. Le dernier kilomètre est le Mont Dardon (150 m de D+). Il y a un classement scratch ainsi qu’un poste de chronométrage au pied du Dardon pour établir un classement sur le dernier kilomètre.
Cette course m’intéresse depuis longtemps, mais auparavant je donnais la priorité aux courses sur piste à cette période de l’année (je l’avais couru en junior en 1999, j’avais terminé 18ème, 1er junior et 8ème de la montée). Je redoutais la météo les jours précédant la course (je crains la chaleur), mais sur place, il faisait 21/22°C et un léger vent. Ça ira…
Je soigne mon échauffement, je rencontre quelques costauds, Eric NIYONSABA, Gérald ROUX, Cédric BERNETTES, Loïc RIMET MIGNON… Ainsi que Jérémy COMTE. J’indique à mon beau père, venu en spectateur, que je devrais pouvoir approcher du top 5 et terminer en 42’/43’ si tout se passait bien. Je lui précise que les 3 premiers nommés sont hors de portée pour moi, mais que Loïc, que je n’ai jamais battu, n’était peut-être pas inaccessible… En revanche, je me sentais capable de devancer Jérémy (j’ai le souvenir d’une lutte épique avec lui et Loïc sur le 10 km de PRISSE en 2009). Je chausse mes asics gel tarther, me place sur la ligne. Le peloton respecte 1’ de silence en hommage à un ami coureur très connu et apprécié en Saône et Loire, récemment décédé d’un cancer.
Ça part très vite d’entré (une portion en descente)! Eric NIYONSABA met les watts et s’isole immédiatement, il fera cavalier seul tout le long sans inquiétude. Jérémy COMTE part très fort aussi, Gérald ROUX dans sa foulée et moi je sens immédiatement que c’est trop rapide pour moi. Peu après, Cédric BERNETTES, me rattrape, me dépose et rebouche le trou sur Jérémy et Gérald. Loïc revient sur moi au premier km (3’06), les 3 devant sont en 3’. Je suis 6ème, et je me cale dans la foulée de Loïc, mais je sens que ça va vite, ça va être dur… Derrière, c’est déjà loin. 2ème km 6’26. Les écarts se creusent. Loïc est solide, je lui passe un relai par générosité, mais il est mieux que moi. Devant, Jérémy que je pensais un poil moins fort que moi s’accroche admirablement. Je me sens en sur-régime, mais j’ai vraiment envie de pourvoir accompagner Loïc, je m’accroche. La route est une succession de faux plat montant et de descentes, ça use. A partir du km5, Jérémy fait l’élastique à l’arrière du groupe de 3 devant moi. Mais il ne pète pas. Par contre, je me résigne à laisser filer Loïc, plus fort.
Derrière il y a un gouffre, je ne vois personne. J’hésite à me relever sérieusement pour finir 6ème, sans laisser trop de plumes. La saison est déjà longue et bien remplie, il fait chaud, et je suis dans le dur… Mais je me ressaisis, je me détache l’esprit de « il faut rattraper Jérémy et tenter de battre Loïc », et je me concentre sur moi et rien d’autre. J’étais jusqu’au km 6 sur une grosse allure 10 km, et je bascule à ce moment-là sur une bonne allure seuil. Loïc s’en va, et rattrape Jérémy qui a sauté du groupe devant. Ils sont 60/80 m devant. Je suis toujours concentré sur mon rythme, mais j’observe quand même devant… Au km 8, Jérémy craque, je reviens à sa hauteur, et il s’arrête en me disant : « suis mort », je lui dis : « Encore Jérémy, derrière y a 2’ sans coureurs, finis à ta main mais fini ! ». Il repart.
On amorce le long faux plat montant (environ 2 km à 4/5 %) qui va nous mener au pied du Dardon. Le leader est hors de vue, Cédric BERNETTES a décroché Gérald ROUX (35/40’’ devant moi) et Loïc est environ 20’’ devant. Les écarts sont stables. La fatigue est bien là, j’ai couru comme si le final était sans difficulté particulière, je ne sais pas du tout ce qui va se passer dans le Dardon… Je passe le poste de chronométrage du dernier kilo. Et j’essaie de m’appliquer à bien monter, avec ce qui reste de force et de volonté. Un coup d’œil de contrôle derrière pour voir Jérémy : Il n’est pas si loin le bougre !! (60/70 m). Loïc relance, et reprend de l’avance, je vais finir 5ème, je maintiens mon effort, mais je ne suis pas en chasse… A 700 m du sommet, la pente est terrible, mon buste est quasi parallèle au sol, je suis à 10/11 km/h dans le rouge, j’ai envie de marcher… La pente écrase les distances, je lève les yeux et je me dis : « P*****, il est quand même pas loin ! ». (30/40 m environ).
Je me décide en un déclic et je configure mon cerveau sur : « chasse ». Quitte à exploser en pleine ascension, tant pis, je tente… Je gomme l’écart appuis après appuis, je vois que ça revient, à partir de là, je sais comment ça va finir ! Je reviens à 300 m de l’arrivée, la pente est toujours terrible, je me dis : « allez 300 m ! Donne encore ! » Loïc n’essaie pas de suivre, et devant Gérald n’est pas si loin et se retourne, il me voit en chasse et connait mes « qualités » de finisseur, mais je vois qu’il contrôle (il m’avouera après qu’il ne contrôlait rien du tout et qu’il avait eu chaud aux fesses !!). Je m’effondre dans les barrières, j’ »hyper ventile » à fond, les jambes brulées comme après un gros 1500 m. Mais je suis très content. Je termine 4ème/95 en 42’03 et après la douche, j’ai la surprise de constater que je détiens le meilleur temps de la montée en 4’56. YEAH !
La remise des prix est agréable et conviviale. Céline MEY, de mon club, l’emporte une nouvelle fois et termine 21ème au scratch. Content pour elle. Depuis le semi-marathon de FEURS, j’accumule les satisfactions (à mon niveau bien sûr) : 1h13’09 à FEURS (4ème/ 800 et RP) ; 2h38’42 à ANNECY et 13ème/3000 pour mon premier marathon ; 10ème/1000 à la montée du Poupet en 1h08’41 (17.5 km) ; champion de l’Ain du 5000 m en 16’11 (RP) ; 1er à la Dommartinoise (12 km en nature en 43’25) et là 4ème sur la grimpette du Dardon en 42’03.
Sur chacune de ces courses, c’est vraiment ce que je pouvais espérer de mieux. La prépa marathon m’a vraiment énormément apporté. Les sorties longues (jamais réalisées auparavant) et le travail des allures comprises entre 16 et 17.5 km/h (que je négligeais complètement auparavant) contribuent considérablement à ma réussite actuelle.
La semaine prochaine, je participe au 10 km de Lons le Saunier et ensuite je m’accorde 2/3 semaines de semi-coupure. Avant de me concentrer sur l’automne 2013.
Sébastien Larue
Grimpette du Mont Dardon résultats 11,5 km : GRIMPETTE+115