Quinze jours après sa magnifique course au championnat d’Europe Half Ironman à Barcelone, Véréna Eisenbarth du team i-run enchaîne sans transition avec les championnats du monde de triathlon longue distance à Belfort. Quand la forme est là, on ne l’arrête pas en si bon chemin … ! Une course importante pour elle puisque ça sera son second « véritable » objectif de l’année.
Malgré sa petite déception de passer à côté du podium, Véréna réalise encore une sacré performance en se classent 4ème après une course difficile dans des conditions vraiment pas idéales. Elle nous ici tout ça !
« Les championnats du monde longue distance à Belfort étaient mon deuxième objectif de l’année. Après mon titre de championne d’Europe distance Half ironman que j’ai atteint deux semaines avant, je suis y allée plus confiante surtout car à Barcelone je n’avais pas du tout souffert et le fait de faire même une distance encore plus longue (4km natation, 120 km vélo et 30 km cap) ne m’a pas fait peur du tout. Au contraire j’avais envie de vivre cette nouvelle expérience dans mon corps et ma tête. Mais la nature était plus forte : à cause du mauvais temps, les températures de l’eau et de l’air étaient trop basses et l’organisation a du- pour la sécurité des athlètes- annuler la natation et changer carrément le format de la course: 10km cap-87km vélo- 20km cap ! Quelle déception …
La natation est ma partie préférée au triathlon, le format « Duathlon » ne m »avantage pas du tout car la course à pied est mon point faible et j’étais déçue de ne pas pouvoir vivre cette longue distance que je n’ai jamais fait avant. Mais bon, on ne peut rien y faire, en plus il ne faut pas perdre de l’énergie en se révoltant ! Et puis ce format là, je ne l’ai jamais fait non plus, ça sera une nouvelle expérience ! Et ça commence bien car le départ est donné en vague de catégorie, alors je vais faire la première course à pied que avec des nanas ! C’est chouette, une bagarre qu’entre filles ! ça ne part pas trop vite, je me retrouve de suite avec 4 autres filles en tête, les temps de passage sont superbes (2eme km: 6:30min, 7eme km:28:30min,…) et je me sens vraiment bien! Wow, je n’aurais pas imaginée ça ! Au dernier km je relâche un peu pour préparer la transition au vélo, finalement je mets 39 min sur les 10km avec deux bosses). Stéphane m’indique que j’étais 5 au scratch féminin, je sais que j’étais 3eme dans ma catégorie. La transition se passe super bien (une heure après je vais le regretter par contre)…
Je prends le départ vélo en 2eme position. Dès les premiers kilomètres je sens mes jambes un peu dures, normal, la transition cap-vélo n’est pas facile musculairement. Et après quelques kilomètres, effectivement je me sens mieux. Je double pas mal du monde, je roule en 35km/h de moyenne sur du vallonnée. Au 35km je me retrouve toujours 2 dans ma catégorie et 3 féminin- et au pied du réputé » Ballon d’Alsace », une montée de 13km avec un dénivelé de presque 700m. Normalement j’adore ça, mais au fil des kilomètres que je monte je me sens de moins au moins bien. J’ai l’impression qu’il me manquait des dents sur ma cassette. En plus j’ai de très forts maux de tête ! Jamais j’ai eu ça !! J’arrive en haut dans le brouillard à 4 degrés. La descente de 10km va être encore plus dure, l’air ressenti à moins 10 degrés, une petite pluie. POURQUOI j’ai pas mis des jambières ?
Les deux minutes perdues dans la transition auront été du bonheur !! Je tremble sur tout le corps, crispée partout, j’arrive en bas complètement crevée ! Ce n’est plus que la tête qui me fait souffrir mais aussi mon estomac et mes intestins qui se sont contractés avec le froid. Les derniers 25km sont horribles, je n’arrive pas à manger ni boire. Je perds des places mais impossible de forcer. Aie aie aie, cette souffrance ce n’était pas prévu ! A la fin du vélo j’ai des telles nausées que j’ai peur de ne pas pouvoir courir derrière. Mais quand j’arrive dans la zone de transition Stéphane me dit que j’étais encore en 3ème position ! On n’arrête pas un championnat du monde en troisième position quand même !
Alors je pose mon vélo, mets mes baskets et c’est parti pour 20km à pied. La souffrance n’est pas moins que sur le vélo mais différente !! Je n’ai plus mal au ventre ni à la tête ! J’arrive à prendre un gel ! C’est super mais trop tard pour les muscles qui sont vidés et tétanisés du froid. Je prends mon train doucement à 12/h je me motive dans la tête pour avancer ! Mes quadriceps sont tellement douloureux… J’ai envie de marcher et m’étirer mais je ne veux pas perdre encore plus de temps. Je veux finir cette course c’est tout. Mon regard est comme dans un tunnel, je dois me concentrer où je mets mes pied. Du coup je vois à peine toute les filles qui me doublent. Je reste concentrée sur mes pas. Au 14km je vois doubler la suisse Lucia, et avec elle mon podium s’en va… Je la vois, j’essaye de m’accrocher mais je ne peux plus. Elle a une belle foulée encore !
Après 5h32 cette course est fini ! Je suis tellement soulagée de ne plus courir et même si j’ai vu partir le podium juste devant mes yeux je réalise quand même de suite qu’une 4ème place est belle sur cette course et ce format. En plus avec toute cette souffrance ça aurait pu être beaucoup plus mal ! Je sais pourquoi j’ai tant souffert : le format Duathlon sans natation, le froid, mal équipée, et la dernière course dans les jambes encore…. J’ai appris énormément sur moi et le sport et je sais que c’est déjà un privilège de pouvoir participer à un championnat du monde ! Que c’est beau de voir des gens du monde entier, de parler avec eux, de se mesurer avec eux ! Et quelle fierté de courir sous les couleurs de son pays !
Une très très belle expérience que je suis heureuse d’avoir vécu et pour ça je remercie mes clubs : Nîmes triathlon, courir en Uzège, Uzès vélo club, Team Ejot Germany et mes sponsors I-Run et Culture vélo Nîmes. »
Les résultats du championnat du Monde de triathlon à Belfort.