Ce dimanche 26 Mai 2013, nous (Manu et moi) étions motivés et préparés pour aller crapahuter autour du Lac d’Annecy à l’occasion de cette MaxiRace 2013. Excités même, à l’idée de participer à une édition qui allait marquer l’histoire de cette course au fer rouge de par ses conditions climatiques particulièrement difficiles.
Samedi matin, les sacs sont remplis de vêtements digne d’un mois de janvier, c’est bon, on est prêts à décoller et à aller affronter ces montagnes enneigées ! Oui mais … au moment de fermer la porte de la maison, Cathy (Ardito) du Team Asics nous appelle pour nous annoncer la mauvaise nouvelle : Maxi Race annulée.
Comme toutes les personnes engagées sur cette magnifique course, nous sommes déçus, mais aussi plutôt rassurés de constater que les organisateurs aient eu la sagesse de penser avant tout à la sécurité des coureurs. Contre la Nature, l’Homme est parfois impuissant … Tant pis, tant mieux, on reviendra l’an prochain ! En attendant, hors de question de rester les bras croisés, demain c’est sûr, quelque part on ira galoper ! Le net, le calendrier des courses, on s’agite à deux pour se trouver un nouveau terrain de jeu. Quelques minutes après c’était tout trouvé, s’il restait des dossards, on irait courir au Trail des Maures … L’organisateur du Trail des Maures, Antoine Allongue, avait déjà réussi à nous convaincre de venir le courir un jour. Et bien voilà, ce jour est arrivé plus tôt que prévu, c’est peut être lui qui va être surpris de nous voir demain !
Annecy on oublie, destination le Var et son soleil !
Changement de destination, mais toujours avec la même motivation (et quelques kilos en moins de vêtements dans le sac), nous voici en route pour Collobrières, ce petit village du Var appelé « Capitale des Maures« . Le menu pour demain reste corsé mais dans le même ordre d’idée que ce qui était planifié à Annecy : 45km avec 2700D+. Les différences : du soleil, de la chaleur, et quelques difficultés techniques en plus … Ah oui aussi un détail à ne pas oublier, quelques heures de sommeil de moins : avec un départ de la course à 7h, on va devoir mettre le réveil à 4h, ça pique, mais quand on aime …!
Après une courte nuit et quelques zigzags en voiture, nous arrivons à Collobrières. On est parti il faisait nuit, on arrive le soleil est levé et commence à briller, chouette, on va bronzer ! Petite agitation aux inscriptions avec apparemment beaucoup d’invités surprises ce matin … Mais a priori des dossards restants pour tout le monde, ouf, pas de jaloux et personne qui va devoir rester sur le bas côté. Niveau timing on est ultra serré, 6h50, on est toujours sur le parking en train de s’habiller … 6h59, on sprinte jusqu’à la ligne, 7h on y est, on se glisse dans la foule de coureurs prêts à s’élancer. Juste le temps d’écouter le briefing de départ et le coup de feu était donné ! Avec tout ça j’en ai oublié mes bas de compression … Mais quelques mètres effectués et la première bosse entamé et c’était déjà oublié.
Une joyeuse première moitié de course …
Quand on est en forme, on se laisse souvent emporter par l’euphorie des débuts de course. C’est un peu ce qu’il s’est passé … (j’aurais pu le regretter, mais au final j’ai eu de la chance, ça s’est bien terminé pour moi cette fois ci) ! Dès les premières foulées, des sensations agréables de légèreté, de dynamisme, bref des jambes qui répondent quoi ! Ça fait du bien au moral mais ça ne dure pas toujours malheureusement. Donc je profite des ces moments de pur bonheur tout en me rappelant que la course est longue et que je me mettais sûrement le doigt dans l’œil d’espérer ressentir ça jusqu’à la fin … Mais en l’occurrence à ce moment là, je n’ai pas l’impression d’être en sur-régime, donc je ne me pose pas plus de questions.
Au départ j’ai pu saluer ma copine Laurie Atzeni avec qui j’avais fait un bout de chemin au Trail de la Galinette, elle est vraiment douée en descente, je sais qu’elle n’est pas loin derrière moi, ainsi que Sandrine Baron, la tenante du titre 2012. J’ai pris la tête au départ (alors que ce n’est pas vraiment dans mes habitudes) mais rien n’est encore assuré pour l’arrivée ! Dès la sortie du village, un premier raidillon nous emmène vers un circuit botanique pour enchaîner vers une descente déjà bien glissante en sous bois vers les crêtes de Pamparigouste (1ère gamelle !). Les choses sérieuses démarrent ! Déjà des « groupes » se forment, et au 5ème kilomètre on se retrouve au même rythme avec 3 autres coureurs. Je vais essayer de ne pas les lâcher, c’est plus sympa quand on est accompagné.
En zyeutant le profil de la course j’avais retenu une première grosse difficulté du 7ème au 14ème : la montée vers le sanctuaire de Nord Dame des Anges qui nous mène jusqu’au premier point d’eau. De quoi commencer à bien faire brûler les cuissots : + de 500m de dénivelé en 4km, en effet ! Mais étrangement, la montée se passe bien. Régulière, le souffle est bon, pas encore trop de lactique dans les jambes, j’arrive en haut avec le sourire, en plus de ça je suis toujours en tête, youpi ! Reste quand même 30km, faut pas l’oublier …Et puis la descente qui suit vers le Vallon du grand Vallat est vraiment cassante et technique, il faut rester concentré pour ne pas tomber (350mD- en un ou 2kms, ça ne rigole pas !).
Premier ravitaillement qui tombe à pic, mon bidon était vide. Hop hop, je devise, je remplis, je dis bonjour, au revoir, merci et je repars ! S’agit pas de s’arrêter faire la discut’ non plus ! Pour souvenir c’est là que débute la seconde belle bosse : le Pic des Sauvettes. 400m dénivelé positif en 3km, là encore ça risque de laisser des traces … Et dire qu’une fois là haut, on ne sera pas encore à la moitié. Ok, j’aurais mieux fait de ne pas y penser. Et puis tous les voyants sont encore vert, aucune raison de s’affoler. Il fait chaud, il ne faut pas oublier de s’hydrater, une hypo est vite arrivée … Km18, on atteint le pic, ça souffle un peu, un coup d’air frais, ça fait du bien.
Une seconde partie en dents de scie …
Après la descente bien raide du pic, suivent 5 ou 6km sur les crêtes des Sauvettes. Interminables … Heureusement nous étions toujours un groupe de 4 coureurs, moralement, ça aide. Un terrain très exigeant, des énormes rochers à traverser, à escalader même (je me cogne le genou sur l’un d’eux, je suis prise d’une vive douleur qui passe finalement au bout de quelques minutes, rien de grave !), des appuis fragiles à surveiller, et constamment être vigilant à regarder où l’on pose le pied. Vraiment un moment de la course qui use, physiquement et moralement. J’ai d’ailleurs pris 2 ou 3 gamelles qui m’ont valu quelques frayeurs. Et quand on commence à fatiguer, on en oublie de lever les pieds et c’est là qu’il y a danger … Aucune envie de prendre de risque, je ralentis un peu l’allure et essaye de me concentrer. On sent qu’il y a une véritable émulation et solidarité parmi les coureurs avec qui je suis, c’est vraiment chouette de vivre ça !
21ème kilo, un point d’eau, je fais l’impasse, mon bidon n’est pas vide et la gentille bénévole nous indique le prochain dans 5kms. Grosse erreur ! À peine quelques secondes après avoir passé ce point d’eau sans m’arrêter, je commence à le regretter. Il va falloir gérer pour ne pas manquer ! Petit coup de moins bien qui va me tenir ici jusqu’au 30ème kilomètre environ. Mais le terrain est plus roulant, les dénivelés sont plus timides, de quoi se refaire la cerise ici, je reprends confiance. C’est exactement dans ces moments là qu’il ne faut pas baisser les bras et surtout ne pas lâcher moralement. Si tu lâches dans la tête, tu lâches dans les jambes et c’est terminé … Je visualise des images positives, j’essaye de décrocher le cerveau et ne pas penser qu’il me reste encore une vingtaine de kilomètres, je m’auto-motive, je pense aux heures d’entraînement passés pour se préparer, à mon chéri qui doit lui aussi être en train d’en baver … bref tout ce qui peut me motiver pour surtout NE PAS LÂCHER !
Même avec tout ça l’arrivée jusqu’au ravitaillement du km 30,5 est longue …Mais quel bonheur quand on y est ! Même si on sait pertinemment que la course n’est pas finie, c’est quand même une étape de franchie. J’avale deux grands verres d’eau cul sec, je remplis mon bidon (A BORD !!), je mange une morceau de banane, une barre et je repars. Le sucre commence à m’écœurer mais je me force pour ne pas faire d’hypo … Coup de bol, au décollage de ce ravitaillement je sens comme un regain de forme et des jambes qui recommencent à répondre, profitons en ! Par contre j’ai l’impression que mes 3 copains ont lâché derrière. Je vois bien un autre gars derrière moi mais ce n’est pas l’un de ceux avec qui j’ai couru en début de course …
Une fin de course qui sourit !
15km en fin d’une course comme celle ci, ça peut paraître long mais comme j’avais repris du poil de la bête, ça m’a semblé largement faisable ! Petite parenthèse chrono, comme le disaient si bien mes copains de courses avec qui j’ai fait un bout de chemin : « ah ouais tu pars carrément à l’aventure toi !! » …Pas de GPS, pas d’infos sur le déniv, juste une montre qui me permet de savoir depuis combien de temps je cours. Je me fixe des points de repères aux ravitos en fait. Et cette fois j’ai souvenir d’avoir regardé ma montre une première fois au bout de 2h15, puis 3h30, puis de plus en plus souvent … Plus c’est fréquent et moins c’est bon signe ! Mais passé ce ravito, en y réfléchissant je me rends compte que j’ai oublié le chrono et ça veut dire beaucoup !
Parenthèse fermée et retour à notre parcours. Toujours des sentiers plutôt roulants, et très variés. Larges ou étroits, ça dépendait, mais pour le coup la variété faisait oublier la douleur et c’était très bien ainsi. Il restait 2 belles bosses à passer (et donc deux belles descentes) pour s’approcher clairement de l’arrivée. Toujours pas de féminines en vue, je pouvais commencer à croire en la victoire. Avant ce moment là je n’y ai pas pensé. Et puis je sais que Laurie est redoutable en descente, il en reste 2 costauds, je peux la voir débouler à tout moment ! Les jambes avancent toujours bien, le coup de moins bien est maintenant bien loin, pourvu que ça tienne comme ça. Dernier ravito au 37ème kilo, on nous encourage gentiment : »allez allez, une dernière montée, ça descend bien, une dernière montée et ça redescend vers l’arrivée ! » Là je me dis : « c’est bon, maintenant plus le choix, faut rien lâcher ! »
A ce moment là je raccroche un coureur, on fait un bout de chemin ensemble. J’essaye de lui parler mais en vain, il n’entend rien il a les écouteurs sur les oreilles et les mains sur les cuisses pardi !! Dans la descente qui suit, je le distance légèrement. La pente est raide, il faut se tenir aux branches, être prudent sur les appuis. Avec des cuisses en béton cette descente aurait pu devenir un vrai cauchemar. Mais personnellement je ne suis pas trop entamée, ça passe sans perdre trop de temps ! Je vois Antoine, l’organisateur en bas, il m’encourage et me prévient : « ça descend encore 500m, ensuite une dernière bosse et tu y es« . J’ai le moral gonflé à bloc !! Je lui souris et le rassure en lui disant que je suis bien ! J’agrandis la foulée, le sol est plus stable et moins dangereux, cool, on peut envoyer !
Passée la dernière montée la suite n’était que du bonheur à savourer … Super heureuse d’avoir tenu la tête du début à la fin et surtout vraiment satisfaite d’avoir pu encaisser le dénivelé beaucoup mieux que ce que j’avais pu l’imaginer. Les spectateurs m’ont donné des frissons dans les derniers mètres à m’encourager et me féliciter. Ce sont des moments forts qui vont restés gravés et serviront à me remotiver dans les phases de moins bien pour les prochaines courses ! Manu est là pour me réceptionner à l’arrivée, pas besoin de se parler, un simple regard échangé et nos pensées sont connectées … Heureux de se retrouver et comblés de constater que le travail a payé. 5h47 à ma montre, happy la Sissi !
Un gros clin d’oeil à Asics grâce à qui je suis super-équipée ! Fuji Attack aux pieds, jupe short-2 en1 (sans conviction à la base, mais j’ai finalement totalement adhéré !), chaussettes, tee shirt … Bref, fière de porter ces couleurs pour le reste de la saison ainsi que le joli logo i-run bien entendu …!
Les résultats du Trail des Maures : résultats-12km résultats-21km résultats-45
Sylvaine CUSSOT
Crédit photos : Cyril Bussat, Pierre Alessandri, Akunamatata (www.photossports.com)
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