Action, réaction ! On vient d’apprendre l’annulation de la Maxi-Race d’Annecy. Un des gros défis de la première partie de l’année pour pas mal de monde. Nous n’allons pas prendre de partie pris, ce serait bien trop compliqué, car chacun regarde par le bout de sa lorgnette. C’est plutôt un état des lieux !
La préfecture annule logiquement du fait des conditions trop mauvaises pour assurer les secours. Le temps en plaine est déjà hivernal (6°C, pluie), alors imaginez avec la neige, le froid et le vent quand on dépasse les 1500m d’altitude. Bien compliqué d’assurer à la fois des soins, la sécurité et les interventions. La décision est sans doute la bonne! La santé des coureurs avant tout !
La préfecture, qui est en lien direct avec les stations météo, a un compte rendu précis et détaillé des heures à venir. Le problème est le moment de l’annonce de la décision. Comme on l’a déjà vu à l‘UTMB (ou à New York, par exemple), beaucoup de coureurs, qui comprennent largement la décision prise, pensent aussi que l’annonce est bien tardive. Les conditions météo sont connues longtemps à l’avance, et le temps est variable, mais pas dans une vraie amélioration. Qui plus est sur le terrain naturel et potentiellement dangereux qu’est la montagne, et compte tenu de la durée des épreuves (plusieurs heures), on ne pouvait sans doute pas optimiser le déroulement de l’épreuve.
Côté coureurs, on peut assez bien comprendre que l’investissement en heures, en matériel, en volonté et en argent pèse quelque peu dans leur avis à se faire face à la décision. Pourtant côté organisation, on ne pense sans doute pas à récupérer un quelconque bénéfice des événements, qui ont déjà coûté en en heures et matériel également, mais aussi en bénévoles. Car tout ce beau monde est même prêt à aller sur le terrain pour aider les participants. Il semble tout de même qu’il faut avoir raison gardée quant aux conditions, pour que ça puisse être une belle épreuve et un bon souvenir. Car si la plupart des traileurs chevronnés sont habitués à ces conditions, équipés en conséquence, et surtout entrainés, ce n’est pas forcément le cas de la majorité. Un traileur vient souvent se lancer un défi, se dépasser, mais sans doute ne peuvent-ils pas pousser jusqu’à se mettre en danger dans ces conditions là. Alors que d’autres sont des durs, des pros, et savent se gérer, d’autres seraient sans doute au delà de leurs limites.
Maintenant, même si la météo est exceptionnellement mauvaise depuis plusieurs mois, on remet sur le tapis le fait d’organiser de telles épreuves, si dures en soi (dénivelé, distance) dans un milieu déjà assez compliqué et rude. Bien sûr c’est tout à fait faisable, et si la météo annonçait un ciel bleu et une vingtaine de degrés, on n’aurait rien à redire, ce serait une magnifique fête du trail. Cependant, ce mauvais rebondissement que l’on vient de vivre va sûrement se reproduire, et certainement plus d’une fois. Pour la raison assez simple de la météorologie et dans géologie dans ce milieu là. Les coureurs se spécialisent et gagnent en expérience, mais la pratique du trail gagne aussi des nouveaux coureurs, moins préparés (d’où le nombre d’abandons régulièrement subis…). Quelque part et à raison, il en va de la responsabilité de chacun de se présenter en ayant pris compte du milieu et du règlement!
En ce qui concerne ce week-end, les décisions prises auront sans doute été les bonnes. Les coureurs auront été peut être s’entraîner sur place. D’autre plus réactifs et décidés, auront choisis une autre épreuve assez proche pour se dégourdir les jambes, ou encore pour reporter l’effort à une autre compétition le week-end prochain ou ceux qui arrivent !
Mathieu BERTOS
(Photo : Endurance Mag)