La notion d’attitude fait référence avant tout au corps, à la posture mais intéresse aussi le domaine des actions.
Fort de sa mission de formations sportives et humaines, la course à pied, à l’instar de tout sport, est un formidable moyen de donner le meilleur de soi-même, d’être toujours meilleur, de se battre, de gagner, et de développer toutes les vertus morales telles le respect, l’éthique, la persévérance, le courage, la volonté, l’abnégation sans pour autant nuire à l’intégrité des autres coureurs.
L’attitude, c’est ainsi chercher l’excellence, c’est s’affirmer, s’accomplir, se réaliser, élever son niveau d’aspiration ; c’est l’ambition et le désir de réussir. Sans cette attitude, aucune réussite sportive et humaine n’est possible.
L’engagement
« Avec la motivation, on peut être impliqué ou engagé. C’est comme pour les œufs et le bacon. La poule était impliquée, mais le cochon engagé. Il faut être comme le cochon » – Martina Navratilova
S’engager, c’est se donner les chances de réussir, mettre tous les moyens dont on dispose en œuvre pour gagner. La performance nécessite les trois T : Talent, Temps, Travail ; le temps et le travail étant nos principales armes car le sport est juste dans le sens où il donne à hauteur de ce qu’on lui offre. S’engager c’est se donner du temps et travailler, donner tout simplement. Le don total de soi est nécessaire à l’atteinte de la performance, les grands champions, à l’image d’André Agassi (L’Equipe Magazine n°1110), l’ont bien compris : « il faut donner, c’est ça la chose juste à faire : donner. Ce choix n’est pas toujours facile, il n’est pas toujours confortable, mais il est toujours bon pour le sport, alors, je le fais ». Cet engagement se traduit à court terme en faisant chaque séance d’entraînement à fond, le jour le plus important étant toujours celui que l’on vit. S’engager c’est donc travailler, jour après jour, et tout donner à sa quête, la quête de l’exploit.
L’agressivité
« Ce qui compte, ce n’est pas d’imposer sa tactique, mais d’imposer sa volonté » – André Agassi
L’agressivité, dans le bon sens du terme, est cette capacité à vaincre l’autre, à vouloir être le meilleur et à être combatif.
La rigueur
« Je suis un esclave, oui, mais c’est mon choix. Croyez-vous que ce soit marrant de me surveiller tout le temps ? Je préférerais moi aussi manger des hamburgers, boire du vin et m’amuser. Mais mon désir d’être le meilleur au monde est plus fort que tout le reste. Rigoler avec les copains en buvant de la bière, c’est très sympa. Mais vous savez quoi ? Gagner le Tour de France, c’est cent fois, un million de fois plus grand » – Lance Armstrong
La rigueur est indispensable à la moindre ambition. En effet, l’atteinte d’une performance demande, exige, oblige. Le sportif qui n’est pas exigeant envers lui-même, envers son matériel, ne deviendra jamais un grand athlète. La concentration, l’application, la discipline, l’hygiène de vie (alimentation, sommeil, repos), le travail, sont nécessaires pour devenir un champion. Derrière les plus grandes performances se cachent la recherche de l’excellence à travers une grande préparation (technique, tactique, physique, psychologique), le travail et les sacrifices. Tel est le prix à payer pour être le meilleur.
Le courage
« Ce que vous pouvez faire ou ce que vous croyez pouvoir faire, faites le. L’audace s’apparente au génie, à la puissance et à la magie » – Goethe
Le courage est cette force intérieure qui nous permet de combattre le danger, la difficulté ou l’opposition. Le champion ose, risque, s’accroche, ne laisse jamais tomber les bras, ne s’avoue jamais vaincu. Que ce soit à l’entraînement ou en compétition, il faut courir avec combativité, cœur, et force de caractère. Une volonté farouche de s’engager à 100% dans l’action, une détermination sans borne à agir, à avancer, quoi qu’il arrive, quels que soient les obstacles, lutter, chuter, revenir, y croire, essayer toujours, ne jamais se décourager, continuer jusqu’à la fin : telle est la marque des champions. Le déclic vient à ceux qui sont audacieux, persévérants, intelligents et la chance sourit à celui qui va la chercher, qui la provoque.
L’intelligence
« Je ne me suis jamais entraîné plus de 50 minutes, mais dans ces 50 minutes, tu mets tout ce que tu as, et tu essaies d’en tirer le maximum » – Jessy Owens
Il a été coutume pendant un certain temps de penser que la performance était proportionnelle aux heures d’entraînement. Seuls le volume et la quantité de travail comptaient et pouvaient donner des résultats. Dorénavant, la qualité du travail prévaut et l’entraînement doit être intelligent pour être efficace. Mais travailler avec intelligence, c’est aussi se mettre dans les circonstances pour bien travailler et tout donner. John Smith dit par exemple à ses athlètes de venir à l’entraînement avec l’esprit libre et tout donner à 100%. Aucune contrariété ne doit venir gêner l’entraînement. Les problèmes quels qu’ils soient doivent être gérés en amont ou laisser pour plus tard.
La philosophie de vie
« Il m’a tout montré, pas seulement sur la piste mais aussi pour la vie. Il m’a apporté plus que l’athlétisme, tout ce qui fait que maintenant, je suis un garçon équilibré » – Mike Powell (à propos de John Smith)
La course à pied doit être acceptée comme elle est, avec son lot de joie et de tristesse, de bonheur et de malheur, de plaisir et de souffrance. Le champion est capable de surmonter la frustration, les regrets et le découragement liés à la non-performance, le relâchement et le triomphalisme liés à la victoire. L’attitude permet au sportif de « maintenir sa propre souplesse psychique » (Carrier, 1992) mise à rude épreuve par le système de la société sportive, et à s’améliorer en tant qu’homme en mettant le sport au service de la vie et non le contraire.
Le plaisir
« Il faut y aller l’hiver, quand il pleut, quand il fait froid…Mais même là je me dis : quel bonheur de faire ce qu’on aime » – Meddhi Baala
L’entraînement, souvent présenté comme difficile, dur, stressant, doit être avant tout un plaisir et non une corvée. Il est important de se rappeler les raisons de notre investissement sportif : le bonheur de progresser, de grandir, d’acquérir des compétences, de s’améliorer, de se remettre en question, de se prouver des choses, de se lancer des défis, de préparer les victoires futures, les grandes compétitions sportives.
Jérôme Sordello
(photo : Des bosses et des bulles)