Une première fois pour une première édition, c’était plutôt approprié … Stéphane Aitaissa a bouclé sont premier Ultra-Trail lors de la première édition de « The Trail Yonne« le 4 Mai dernier. 4 formats proposés aux 650 participants : 35km, 63km, 85km et 110 km. Stéphane est ambitieux et courageux, il décide de s’engager sans hésiter sur la distance la plus longue … !!
Beau défi d’autant que ce n’est pas une distance à laquelle il est vraiment habitué : « j’avais juste la Saintélyon 2012 et quelques marathons dans les jambes. Mais ça faisait un moment que je pensais à des distances plus longues. J’aime cette idée de repousser ses limites tout en étant dans la gestion en permanence. Contrairement à un marathon où l’on court après le chrono, où l’on est tout le temps à bloc, un ultra doit se gérer différemment. Il y a une gestion des efforts, des temps de récupération, de l’alimentation, de la fatigue à prendre en compte. C’est aussi une autre façon d’appréhender son corps, de mieux le connaître et d’aller ainsi toujours plus loin. »
Un véritable envie de s’essayer sur ce type de format donc … Mais alors comment fait-on son choix parmi toutes les courses qu’il existe dans le calendrier français ? Stéphane ne s’est pas posé des tas de questions a priori, il a accroché avec la formule proposée, il a cliqué ! Il se souvient : « le Trail de l’Yonne inaugurait sa première, je me suis dit que j’allais fêter ma première également avec eux… Plus sérieusement, je suis tombé par hasard sur l’événement en naviguant sur internet. Le parcours et le programme étaient séduisants, la course était proche de Paris. Avec un départ à 15h, on partait sur une mi-course en journée et l’autre moitié de nuit. Ca me convenait bien. Et puis, je ne voulais pas d’une épreuve trop réputée pour éviter la surpopulation, cette course pour sa première édition me paraissait à taille humaine, j’ai décidé de me lancer… »
L’envie et la motivation sont nécessaire pour aller au bout de ce genre d’épreuves, certes, mais pas que ! Il faut aussi bien s’y préparer. Et préparer un ultra ça ne s’improvise pas et ne se néglige pas, il faut du temps et de l’abnégation. Stéphane en a pleinement conscience mais pour lui, les choses n’ont pas été si simples que ça : « je n’ai pas été épargné par les pépins physiques en début d’année. J’ai du me remettre doucement d’une micro-déchirure au mollet qui a pris plus de temps que prévu. Ma préparation du début d’année notamment en vue du marathon de Paris a été avortée. J’ai du faire une croix sur mes plans d’entraînement et réduire ma préparation à 5 semaines pour le marathon. Le Trail de l’Yonne arrivant presque un mois après, j’ai soufflé une semaine et me suis remis dans le bain doucement… sans plan précis. J’ai fait 3 ou 4 sorties hebdo aux sensations dont une longue chaque week-end. Je n’étais pas assez préparé mais je le savais. A vrai dire, je ne suis pas le meilleur exemple en matière d’entraînement… »
Ok Stéphane, alors un ultra « non préparé », ça se déroule comment ? « Je n’ai pas été bien les 30 premiers kilomètres, la faute à un plat de pâtes avalé peu de temps avant la course. J’ai cru digérer mes tagliatelles pendant trois heures, je me sentais lourd… Passé ce mauvais moment, j’ai vraiment profité de la course, géré mon allure (je m’étais fixé 6’30 au km) pour ne pas monter dans les tours et produire ce fameux acide lactique… En fait, tout s’est très bien passé jusqu’au 94km où ma montre GPS indiquait 12h de course. Et puis, d’un coup, les jambes qui ne répondent plus. J’essayais de relancer comme je pouvais mais j’avais les quadriceps en feu. J’ai commencé à ralentir mon allure, trottiner doucement mais rien n’y faisait. J’avais trop mal. Je me suis dit alors que la fin allait être un long chemin de croix…J’ai alterné marche et course, enfin plus marche que course jusqu’au 110e km et une arrivée en 15h40, soit 3h40 pour faire les 17km de la fin. J’avais tellement mal aux quadriceps que j’ai fait la dernière descente dos à la pente pour les soulager… « Un bon truc » m’a glissé l’un des kinés de l’épreuve à la fin de ma course… »
Et oui parce qu’il faut le dire, 110km ça ne se termine pas sans aucune douleur ! Mais il l’a fait, il l’a passé cette fichue ligne d’arrivée … Et quand je lui demande quel était son état d’esprit un franchissant la ligne : « le sentiment d’avoir été au bout, d’avoir tout donné mais aussi la déception d’avoir craqué sur la fin. A l’arrivée, une 16e place anecdotique mais des souvenirs plein les tête qui me donnent déjà l’envie de replonger ! » Et les jambes le lendemain, elles sont comment après ce genre d’effort ? « Dans quel état est mon corps tu veux dire ? J’avais mal partout, quadriceps, adducteurs, dos… Quelques séances de massage pour relaxer et bien détendre les muscles et puis ça repart ! » C’est qu’on est tous pareils en fait, on aime bien se faire du mal !
Les organisateurs sont déjà prêts à repartir pour la seconde édition l’an prochain. Si l’aventure vous tente mais que vous avez encore besoin d’arguments pour vous convaincre, Stéphane pourra peut être vous aider : « C’était une course vraiment agréable à tous points de vue : ambiance, parcours, villages traversés, organisation… Moi qui suis relativement insensible aux encouragements – uniquement parce que j’aime rester dans ma bulle – , j’ai ressenti une vraie ferveur de la part des habitants durant la première moitié du parcours qui a précédé la nuit. Le tracé est assez joli, il traverse de pittoresques villages de l’Yonne et longe des champs de colza à perte de vue. Malgré quelques jolies côtes, j’ai trouvé le parcours assez roulant, en tout cas plus que la Saintélyon. Un souvenir quand même : vu que les coureurs engagés sur le 110 étaient finalement peu nombreux, peut-être une petite centaine au départ, j’ai du faire une bonne vingtaine de kilomètres seul en pleine nuit où j’ai notamment traversé la forêt d’Othe. Je me suis cru un instant dans « Le projet Blair Witch » avec ma frontale qui s’agitait et mon souffle cadencé comme seul compagnon de route. Étrange car inhabituel pour moi mais ce sont aussi pour ces moments hors du temps que l’on se lance de si beaux défis.
Alors Stéphane, prêt à remettre ça ? « Bien sûr ! Prochaine étape, le grand raid du Morbihan le 29 juin avec 177km non-stop au programme. Un autre challenge de taille puisque c’est la plus longue course de France sur une seule étape. Mais ce coup-ci, je suis un programme à la lettre établi par mon ami Juan Carlos Pradas, un ultra-trailer de renom. Objectif : passer sous la barre des 24h. Je te donne rendez-vous le 1er juillet pour te raconter ça ? »
Bravo pour ce superbe défi Stéphane ! RDV fin juin pour le Grand Raid du Morbihan … après une belle prépa ! ^^
Guillaume VIMENEY s’est largement imposé en 9h59’26 chez les hommes et Stéphanie LABRUGUIERE l’emporte chez les femmes en 16h40’45. Résultats du 110km du « The Trail Yonne »: classement-110-km
Sylvaine CUSSOT
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