Nous sommes entre les deux tours d’Interclubs !
Pour les non-initiés, c’est une compétition qui se déroule sur une journée, lors d’un 1er tour et d’un 2nd tour avec deux semaines d’écart. La plupart des disciplines de l’athlétisme sont disputées entre plusieurs clubs selon des zones géographiques et un niveau donné. Les clubs doivent présenter deux athlètes par épreuve, chez les hommes et chez les femmes.
Les performances de chacun correspondent à un nombre de points que l’on cumule pour faire un total à la fin de la journée. Ce total certifie le club d’un niveau (régional, national 1, etc…) qui lui permet entre autre d’obtenir des subventions.
Tout ceci ne concerne pas seulement ceux qui font de l’athlétisme mais tous ceux qui sont licenciés loisir ou compétition. Non seulement car ses moyens et ses fonctionnements dépendent du niveau obtenu, mais aussi parce que le club a besoin de toutes ses forces vives pour participer. Il n’est pas simple de trouver deux athlètes par discipline et surtout de les mobiliser, que ce soit pour un lancer du marteau, un saut à la perche ou un 3000m steeple. On fait appel bien souvent à des étudiants ou à des vétérans. Ainsi, il n’est pas rare de trouver des personnes qui n’ont jamais pratiqué l’épreuve qu’on leur demande de faire.
Pour certains clubs, c’est une vraie torture. Dès la fin des cross et même avant, le président et entraîneurs doivent penser à constituer des équipes, en sachant que jusqu’au dernier moment un athlète peut avoir un empêchement ou être blessé. Si un athlète inscrit ne participe pas, la première sanction est sportive: l’équipe marque 0 points. Mais si des officiels, que chaque club doit fournir, viennent à manquer, la sanction peut être administrative voir pécuniaire. Il faut savoir que ces officiels sont des bénévoles et qu’il faut des formations pour le devenir.
Pour les « petites » structures, cet événement est un fardeau mais il est terriblement crucial. Financièrement, après les évocations précédentes, mais aussi par le fait que déplacer des athlètes en bus deux fois dans l’année pour les Interclubs coûte très cher, comme les déplacements des championnats de cross ou des sorties club telles que les marathons.
Quel avenir alors pour une compétition où beaucoup d’éléments entrent en jeu ?
Difficile de répondre. L’athlétisme gagne des licenciés mais perd des compétiteurs. La tendance actuelle est nettement vers les loisirs. On sait par exemple que le trail est en plein essor et cela ne favorise pas la polyvalence de licenciés qui pourraient facilement prêter un coup de main pour une épreuve course notamment. Une des solutions actuelles est de faire fusionner les clubs pour cette occasion, de façon à regrouper les forces. Mais on se heurte encore a des guerres de clochers et des dirigeants qui ne veulent pas perdre « l’identité » de leur club. L’hypothèse d’un décompte de points à l’année pour certifier le niveau du club peut être une solution. Chaque performance classante des athlètes piste et hors stade pourrait s’additionner et le verdict serait ainsi donné. Cependant, il y aurait tout un barème à construire et l’athlétisme perdrait un peu de sa dimension collective.
Car les Interclubs, c’est aussi ça: toute une équipe, entraîneurs et officiels inclus qui se soutiennent et se supportent quelle que soit la discipline. Pour le grand public, la compétition est spectaculaire. C’est l’occasion de voir gratuitement des personnes, quel que soit leur niveau, se battre contre eux-mêmes et contre les adversaires. C’est aussi la chance de voir les athlètes de haut-niveau de près, car la plupart participent à cette compétition par solidarité et parce que cela leur permet d’aligner leurs premières courses pour lancer leur saison. Ainsi, Christophe Lemaître a réalisé un très bon 20″35 sur le 200m pour son club d’Aix les Bains ! A Toulouse, nous avons pu voir Benjamin Malaty, Denis Mayaud, Sophie Duarte ou encore Romain Mesnil, belle brochette !! Et on finit en apothéose avec les relais 4 * 400m où les relayeurs se transcendent sous les clameurs de tout le stade.
L’athlétisme est un sport spectaculaire qui peut se transformer en magnifique sport d’équipe. Pour pas mal de clubs le niveau d’alerte est atteint, on espère que dirigeants et fédération trouveront des solutions !
Mathieu BERTOS