Quand on parle de coureurs kenyans, on assimile beaucoup ce genre d’athlètes à des étoiles filantes, ultra-performants pendant quelques temps, puis un jour, disparus…
Eliud Kipchoge fait partie de ceux qui prouvent leur talent après plus de 10 ans de carrière. Si nous le mettons en avant aujourd’hui, c’est que sa première sortie sur marathon (21 avril), pourtant excellente, est presque passée inaperçue. Il est le vainqueur du marathon de Hambourg dans le chrono de 2h05’30!
Une éclosion fracassante.
Revenons quelques temps en arrière puis retraçons rapidement 10 ans d’une belle carrière. Eliud est né le 5 novembre 1984 dans la vallée du Rift au Kenya. Il fait partie de la tribu des kalenjins, peuple qui a vu naître beaucoup de champions de course à pied. Dans sa jeunesse il court mais sans grands résultats, ne s’y mettant sérieusement qu’à la sortie de l’école. Il se fait alors repérer par le grand manager Jos Hermens (qui s’est entre autre occupé de Gebreselassie).
Sa carrière démarre réellement il y a 10 ans. Début 2003, il devient champion du monde de cross en junior, mais c’est surtout aux championnats du monde de Paris qu’il va réaliser un grand coup. Aligné sur le 5000m où on attend le duel entre Hicham El Guerrouj et Kenenisa Bekele, il remporte le titre devant ces deux grands champions dans un temps record en championnat: 12’52″79! Désormais dévoilé au grand jour, le jeune champion confirme tout de même l’année suivante aux JO d’Athènes avec la médaille de bronze sur le 5000m derrière… ces deux mêmes coureurs. Il prouve 5 jours plus tard qu’il est un coureur très rapide en établissant un temps de 7’27″72 sur 3000m!
Ses chronos sont excellents du court au long. Rajoutez à celui du 3000m précédemment cité, un 3’33″20 sur 1500m, un 12’46″53 sur le 5000m et un 26’49″02 sur le 10 000m! Mais le 5000m sera la distance sur laquelle il décide de s’aligner en championnats, récoltant de l’argent aux mondiaux d’Osaka en 2007 (derrière Bernard Lagat) ainsi qu’aux JO de Pékin en 2008 (derrière Kenenisa Bekele).
Du tartan au bitume.
Petit à petit, on le voit apparaître sur route, mais ce n’est que depuis l’an dernier où ses performances ont commencé à voir le jour. C’est en France sur le semi-marathon de Lille, qu’il réalise un probant 59’25! Cela promettait de bonnes choses sur marathon… encore fallait-il le concrétiser. C’est le 21 avril dernier à Hambourg que Kipchoge tente sa première sortie sur les 42km195. Et quelle sortie! Apparemment le chrono n’a pas fait grand écho mais ses 2h05’30 constituent une grande performance! Il gagne qui plus est en solitaire sur la fin de course puisque le 2è Getachew termine en 2h07’35 et le 3è Kimaiyo en 2h10’27. » J’avais promis un record de la course et je l’ai fait. C’était super d’avoir les personnes tout le long de la course qui me supportaient » déclarait un souriant Kipchoge après sa victoire. Il a battu le précédent record de 28s.
Un groupe de 13 coureurs y compris les lièvres passaient au semi en 1h03’12, un peu en dessous des 1h02’45 que le rythme qu’avait demandé les organisateurs aux coureurs chargés de donner l’allure. Au 30è km, ils n’étaient plus que 6. C’est au 33è que Kipchoge décida de faire la décision. A partir de là, son avance ne fît que croître jusqu’à l’arrivée où il allait chercher le chrono qu’il avait promis, une magnifique première tentative sur la distance!
A 28 ans et avec de sacrées références sur le court, Eliud Kipchoge pourrait se placer comme un des prétendants à des podiums sur la distance du marathon. Et le chrono pourrait bien continuer à descendre… A suivre!
Mathieu BERTOS
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