Tsegaye Kebede… ce nom ne vous dit rien ? Ce jeune éthiopien de 26 ans vient de remporter le marathon de Londres en 2h06’04, et il n’en est pas à son coup d’essai.
Le départ fut ensoleillé sur Londres ce dimanche 21 avril. Les coureurs présents bénéficiaient d’une sécurité renforcée suite à l’attentat qui a frappé les participants et les spectateurs lors du marathon de Boston. Une tragédie qui a secoué le monde du sport et au delà… Chacun l’avait sans doute en tête, quelques-uns portaient un ruban noir sur leur maillot.
On annonçait dans l’élite un possible record du monde avec le plateau présent. La guest star du peloton de tête fut Mo Farah, le britannique, invité (à prix d’or!) pour faire un bout de chemin avec les meilleurs… Il aura fait une vingtaine de kilomètre au chaud derrière ses cousins africains.
Nous parlions de record du monde ? Les bases étaient en tout cas bien posées ! Le passage au 10 km fut étonnant: 28’55 ! Les lièvres Kimetto et Kirwa furent les locomotives qui ont mené un train d’enfer. Au semi, le temps était toujours en dessous du record du monde: 1h01’34 (2h03’08 à l’arrivée). Dans le wagon de tête, Patrick Makau qui est le détenteur de ce record, semblait mis hors de cause par cette (trop) vive allure. Après avoir abandonné l’an dernier, il a rétrogradé progressivement mais termina 11è en 2h14’10.
Kipsang, Mutai, Kiprotich, Kebede, Abshero, Mo Farah: les leaders étaient là. Pour Farah, sa découverte sur marathon s’arrêta comme prévu juste avant la mi course. Il semblerait qu’il ait déjà pris date pour le boucler en entier l’an prochain. Le premier à allumer une mèche fut en fait Biwott peu après le 30è km. Le passage du 35è marquait déjà un ralentissement et il n’était plus sur les bases du record. Mutai qui n’était jamais très loin pris la tête et creusa l’écart. A cet instant là, il avait tout l’air du futur vainqueur du marathon. Ce léger changement d’allure fut rapidement suivi par un ralentissement….
C’est alors que Kebede, en 5è position au 35è km, entama sa remontée fantastique ! Alors qu’il accusait 28s de retard au 40è, il fondait littéralement sur lui puis le dépassa sans un regard… Le petit ethiopien (1m58, 50kg), les poings remontés près du torse, les appuis bref et rythmés, s’envolait vers la victoire ! Le chrono de 2h06’04 est le temps le plus « lent » à Londres depuis 2007, mais qu’importe, la victoire est grande et le finish a marqué les esprits ! Mutai est 2nd en 2h06’34, Abshero 3è en 2h06’57. » J’ai eu une petite douleur en début de course. Mais à mesure que le temps défilait, je me suis senti de mieux en mieux. J’ai pu sentir me rapprocher de Mutai et ça m’a rendu plus fort. C’était un grand jour pour courir ce marathon de Londres, et encore plus de le gagner ! » Joli coup pour Tsegaye Kebede, mais ce ne fut pas son premier. Car au sujet de Londres, c’est en fait sa 4è participation, et sa 2è victoire après celle de 2010. Il fut également 2è en 2009 et 3è en 2012. Epatant de régularité !
Mais ce n’est pas tout car son palmarès est bien fourni sur une distance où il a débuté à 20 ans. Sa première victoire qui l’a fait connaître aux yeux du public de coureurs fut celle de Paris en 2008 (2h06’40), qui lui permit de s’aligner aux JO de Pékin où il décrocha une médaille de bronze. En fin d’année, il alla même chercher la victoire à Fukuoka (2h06’10). En 2009, il récidive à Fukuoka (2h05’18) après avoir décroché le bronze, cette fois-ci aux championnats du monde à Berlin. Toujours placé et régulier dans des chronos de 2h05’/2h06′, il finit 2è à Chicago en 2010 et 3è à New York en 2011. En 2012, il revient à Chicago cette fois-ci pour s’imposer et porter sa meilleure marque jusqu’alors en 2h04’38.
A tout juste 26 ans, ce jeune ethiopien est en train de marquer son époque par ses victoires, et sa régularité dans les performances. Son palmarès est déjà très fourni, sans doute le plus beau depuis ses débuts en 2007. Il a également quelques années devant lui… Son physique atypique avec sa petite taille en fait quelqu’un de facile à repérer dans les pelotons. Retenez bien son nom: Tsegaye Kebede !
Mathieu BERTOS
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