Vous avez découvert il y a peu de temps le portrait de Eric qui était en route pour l’édition 2013 du MDS, une course magnifique hors normes, 230km dans le désert en totale autonomie.
Il revient sur cette épreuve aussi magnifique que difficile pour nous compter son aventure ensablée …
On se replonge donc dans l’ambiance du MDS …!
Ça y est Eric, tu es finisher du MDS, ce n’est pas rien !! Avec le recul qu’est ce que tu a pensé de cette course ?
Le Marathon des Sables est vraiment un raid aventure unique avec une logistique impressionnante ! Tout les jours le bivouac (270 tentes berbères et sahariennes) est démonté et remonté par nos amis berbères pour un minimum de confort lorsque l’on rentre de nos petites balades ! lol ! C’est plus de 500 bénévoles qui sont aux petits soins pour nous. Sans tout ce petit monde, nous ne pourrions pas vivre tous ces moments exceptionnels qui rythment nos journées. A chaque étape, j’ai pu découvrir avec mes compagnons de route, des paysages uniques de beauté dans une nature intacte. Le tracé, très bien pensé, alternait entre dunes, dunettes, oueds, lacs asséchés, crevasses, djebels, pistes, oasis… nous dévoilant de véritables écrins mais aussi les futurs difficultés qui nous attendaient! Tout était rassemblé pour que l’effort physique et méditation ne face qu’un !
Comment as tu réussi à gérer les étapes (allure, fatigue, soif, poids du sac, etc…)?
Globalement, c’est un course difficile où la gestion du matériel, de l’eau, des pastilles de sel, de la nourriture et bien-sur de son effort et de soi-même sont primordiaux pour une arrivée finale en fanfare ! Tout commence à ma casa, avec le choix du matériel et de la nourriture pour les 6 jours de façon à avoir un sac relativement léger, après quelques petits préparatifs, il pesait 7.2kg dont 3.9kg de nourriture représentant environ 15000 kcal. Au final, avec l’eau et le matériel de sécurité founis par les organisateurs, mon sac faisait un poids de 9kg au 1er jour de course et environ 5kg pour la dernière étape! Youpi!!!
Pour le déroulement des étapes, nous n’avons eu le road book que le 5/04 lorsque nous étions dans le bus en route pour notre 1er bivouac donc pas vraiment de plan en amont ! Je savais que l’étape longue arriverait le 4ème jour et qu’il fallait en garder sous les semelles. Le dimanche 07/04, à 8h58 lorsque Highway to Hell » d’ ACDC nous faisait vibrer 2 minutes avant le départ , je me forçai à rester concentré de façon partir très souple, d’autant plus que le tracé était roulant et pas à mon avantage. Malgré un départ ultra rapide, j’ai su garder un bon petit rythme de croisière durant les 37.2 kms /260 D+ remontant pas mal de coureurs au fur et à mesure que la chaleur augmentait! Ce fut le même schéma pour l’étape 3 (38 km / 250 D+) et l’étape 5 (42.2 km / 260 D+).
Concernant l’étape 2 (30.7 km / 680 D+), avec ses 3 djebels à passer en ligne de crête, parfois techniques, mon expérience de traileur a fait la différence, j’ai même un peu regretté de ne pas être parti plus rapidement, car sur certains passages cela a bouchonné sérieusement! lol Bref, cette journée était somptueuse et mes sensations très bonnes. Sur l’étape ULTRA ( 75.7 km / 550 m D+), j’ai progressé tel un métronome sans jamais avoir eu de défaillance malgré les 54°C qui nous tabassait entre 11h30 et 15h30. A 22h15, lorsque je passe la ligne d’arrivée, j’apprends qui il y avait eu beaucoup de casse dû à la chaleur et reste surpris de mon honorable petite perf (285ème sur environ 1000 coureurs encore sur ce MDS).
Tout au long de ces 5 étapes, 223 km, 2000 m D+ et un peu moins de 39 heures d’effort, je suis resté très lucide, sur mon allure en alternant course et « marche nordique » tout en m’alimentant toute les heures (barres salés – sucrés, gels, avec prise de comprimés de sel (de 1gr à 2gr pour 1,5 litres). Je buvais 750 ml par heure de course + 1/4 de litre toutes les 2 heures (Check-point). Cette petite discipline m’a permis d’arriver relativement frais à chaque étapes.
Le moment le plus facile ?
Les moments les plus faciles… heu… manger quelques mini-saucissons au bivouac autour d’un feu entre potos ! lol
Le moment plus difficile ?
Le moment le plus dur : sans aucun doute lors de l’étape longue entre le CP2 et CP3 (12.7kms) pendant la longue traversée de l’oued Rheris, 54°c / 30% d’hygrométrie au compteur, 20 mn de progression sans balisage au milieu des tamaris, sans point de vue, avec seulement 1/4 de litre d’eau et sachant qu’après l’oued, il restait encore 2.4 km en plein cagnard avant l’arrivée au CP3. J’étais sur le fil du rasoir… tout aurait pu basculer !
Comme tu as été blessé tu avais peur de manquer de prépa physique et tu comptais sur ton mental d’acier… As tu ressenti le manque de prépa physique et si oui comment tu as compensé?
En arrivant sur ce 28ème Marathon des Sables, ma préparation physique était très limitée et une fois de plus, je misais tout sur ma force mentale bien rodée et mon expérience, mais pas que! J’ai opté pour prendre mes bâtons de marche pour me déplacer avec les techniques de Marche Nordique, les mêmes que j’utilise en tant qu’instructeur lorsque j’enseigne durant mes stages. Une bonne lecture de sable et de trajectoire lors des passages de dunes m’ont permis de m’économiser tout en allant plus vite que la plupart des coureurs qui suivaient la trace plus directe mais dans un sable plus mou! Mon instinct et la relation fusionnelle que j’entretiens avec la nature m’ont également beaucoup aidé tout au long de ces 230 km.
Est ce que tu refera cette course ? Et est ce que tu la conseille à des amoureux de l’ultra ? Et dans quelles conditions ?
Bien-sur ! Dès 2014, si je trouve une aide financière à travers un ou des partenariats et pourquoi pas monter une petite équipe ! A suivre ! Pour tout les amoureux de la nature et des grands espaces, si vous aimez le gout du sel sur votre peau après plusieurs jours d’efforts sans craindre l’odeur de vos pompes et de vos fringues, si vous avez le sens du partage dans une ambiance de franche camaraderie, alors n’hésitez pas à vivre cette formidable aventure humaine et sportive!
Qu’est ce que tu as envie de dire à nos lecteurs qui t’ont suivi durant ton marathon ?
Je tiens à remercier les lecteurs de U-run pour votre soutien ainsi que tout mes proches, mes amis, ma famille et ma quérida pour vos chaleureux encouragements ! Tout les soirs vos messages étaient très attendus ! C’est pas moins de 12 pages que j’ai lu et relu! J’ai même parfois eu les larmes aux yeux… et oui la charge émotionnelle était très forte ! Malgré la chasse aux moindres grammes, j’ai conservé précieusement ces mots en or tout long de ces 230 kms Sahariens ! Encore un grand merci pour toute cette énergie positive!
Ton petit mot de la fin ?
Pour le mot de fin, je tiens à rendre hommage à deux supers potos, Didier, « le malvoyant des Sables » et Gillou, son guide que j’ai rencontrés en 2006 sur l’UTMB. C’est eux qui m’ont donné l’envie de participer à cette épreuve à travers leurs différents périples sablonneux ! Cette année, j’ai eu la chance de vivre des moments très forts à leurs cotés notamment lors de l’arrivée de la 5ème et dernière étape où tout le staff de l’organisation et coureurs ne faisaient plus qu’un pour accueillir ces deux inséparables ! L’émotion était si forte, qu’elle était palpable bien avant que les deux lascars, accompagnés de trois compagnons d’infortunes surgissent de la nuit ! Encore un grand bravo à eux ainsi qu’à tous les participants de ce 28ème Marathon des Sables sans oublier toute l’organisation qui a fait un boulot remarquable. Vive les tentes 47, 48 et 49!
A très bientôt pour de prochaines aventures ! Salutations Sablonneuses !
Un immense merci d’avoir pris le temps à ton retour ici quelque part dans le sud de la France pour répondre à nos questions, d’avoir pris le temps de partager ton épopée avec nous… Grâce à toi nous avons des images plein les yeux, le désert immense et grandiose.
Pour suivre les aventures d’Eric, RDV sur son blog : blog d’Eric Galea
Emeline Zenner
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