Il s’est préparé pendant plusieurs mois pour ce jour là … Sébastien Larue du team i-run l’a fait, et très bien fait même : il a bouclé son premier marathon dimanche dernier à Annecy en un superbe chrono de 2h38’39 !
ils étaient environ 6000 participants à prendre le départ du semi-marathon ou du marathon du Lac d’Annecy, ce dimanche 21 avril 2013. Sébastien Larue passe la ligne en 13ème position ! Il s’en souviendra de cette 34ème édition de ce marathon … Avec cette belle performance Sébastien parvient donc à se qualifier pour les championnats de France de marathon qui se dérouleront à Toulouse en octobre prochain. On suivra donc avec attention à cette occasion, son 2ème marathon. En attendant, voici le récit de ses 42km195.
L’avant course
« L’idée de courir mon premier marathon à ANNECY 2013 est venue au mois de novembre 2012. Après avoir constaté que mon petit club (qui comporte 2 marathoniens talentueux, le 4ème et le 19ème à NICE/CANNES) aurait pu être champion de France par équipe, si j’avais participé, et si j’avais couru en moins de 2h54’(!). ANNECY était donc la course choisie pour la tentative de qualification. Mon inscription est faite depuis décembre 2012.
Initialement, je comptais préparer ANNECY en mode « économique », et « mettre le paquet » à TOULOUSE, mais je me suis pris au jeu. Ma préparation a été, je pense, généreuse et bien construite. En intégrant notamment 5 sorties longues (dont une « sortie trail »), 2 semi marathons (tous 2 très réussis), du volume et un travail complet de toutes les allures, sans oublier le renforcement musculaire, les côtes… Même pour les allures marathons, selon les séances, la vitesse variait de 3’40 à 3’47/km. Durant la prépa, il y a eu des semaines consistantes (pour moi), où j’ai vraiment atteint mes limites au niveau entrainement, en courant près d’un mois avec des douleurs, parfois vives, aux genoux (de nature tendineuses). 3 semaines avant l’échéance, j’ai également senti un point de contracture sous la fesse gauche… Véritablement, au niveau de la préparation, je n’ai AUCUN regret : je ne pouvais pas encaisser davantage.
Une gastroentérite foudroyante (sévère, mais d’une durée de – de 36h) est venue me mettre le doute et m’affaiblir à J-6, mais 4 jours avant la course, j’ai retrouvé de l’appétit (j’ai pu faire de bonnes réserves) et j’avais de bonnes jambes lors de mes 2 derniers petits footings d’approche de l’épreuve. La météo s’annonçait ultra favorable pour moi : temps frais et couvert, vent faible. Heureusement que la course n’a pas eu lieu le weekend end précédent (la chaleur ne me convient pas du tout). Pour finir, un copain d’enfance, de niveau IR1, Olivier GAILLARD avait prévu de m’accompagner sur ma course, après avoir raté son marathon de PARIS, épreuve pour laquelle il avait accompli un travail remarquable. Il a eu les ressources morales pour digérer sa légitime déception et vouloir retenter l’aventure avec moi pour ne pas rester sur un abandon (ça rappelle que le marathon peut être cruel, même en ayant TOUT soigné : entrainement, alimentation, hydratation, récupération).
Les derniers jours, je tournais vraiment en rond, je me sentais dèsentrainé en régression, et entrain de grossir à manger comme 3 (des pâtes) et en courant peu. Niveau objectif, compte tenu de mon record sur semi à 1h13’09 et sur 10 km à 33’14 : On dit souvent, pour les gars de mon niveau que : temps accessible sur marathon = (temps sur semi X 2) + 10’. (Ceux auxquels on ajoute moins de 10’ sont vraiment des athlètes endurants, avec de grosses qualités de marathonien, ou alors ils ont un chrono sur semi à faire péter). On dit aussi qu’il faut compter 1 km/h d’écart à chaque fois que la distance double. Donc : + de 2h45’ = qualification ratée = déception ; 2h43’ à 2h45’00 = AB ; 2h40 à 2h43’ = Bien ; moins de 2h40’ = SUPER et – de 2h38’ = ÉBLOUISSANT ! Dans tous les cas, ma référence sur semi me laisse espérer, au mieux, un jour, en rêve, un 2h35/2h36’. Mais les copains comptent sur moi pour TOULOUSE, pas question d’être trop gourmand et d’exploser complet sur la fin. Ce sera 16 km/h pour démarrer, et on verra la suite.
Le soir, on récupère les dossards : Olivier le 42 comme le nombre de kilomètres à faire et moi le 16 comme ma vitesse désirée si tout se passe bien, ensuite un bon petit resto italien avec mes amis dans cette belle ville. Au lit vers 22h30’. Je passe une dernière nuit très moyenne (à 4h du matin, je lis l’article sur Yannick KERLOCH, connaissance de Jérôme BELLANCA), mais pas pire qu’avant mon semi de FEURS. Je soigne l’hydratation, déjeune à 5h40’. 1h30’ plus tard, on trouve une place pour se garer à 200 m du départ des Élites : TOP. Tous les détails ont été soignés, tout est vérifié : gels, laçage des ASICS Gel TARTHER… Les organisateurs font respecter une minute de silence aux 3000 coureurs, en hommage aux bouleversants événements de BOSTON…
La course
Bang, c’est parti pour mon premier marathon. Il fait 6°C, 0 vent, nuageux, je suis aux côté d’Olivier, le cadre est superbe = Happy ! Juste une petite inquiétude au niveau intestinal, j’attends de voir… Les kilos passent… 2 gars avec qui j’avais évolué longuement au semi de FEURS partaient sur 2h33/2h34’, Ils constituent un petit groupe devant moi et Olivier, mais on ne cherche pas à suivre, on sait que 2h34’, ce n’est pas ce qu’il me faut. Les temps de passages sont rassurants et les sensations aussi : 11’10 au km 3 et 18’40 au km 5. Je suis un peu en avance, mais je sens que l’allure me convient. Avec Olivier on échange régulièrement, et on partage un moment unique. Le revêtement au sol est parfait, le cadre superbe. Le public encourage chaleureusement. Cool ! Un gars nous compte 26 et 27.
On est bien réguliers, on passe au km 10 en 37’25, on prend le premier gel, il a tendance à stabiliser mon inconfort intestinal, tout va bien. 150 m devant, le groupe de 7/8 s’amincit au fil des kilomètres. Au km 13, Olivier se met devant, car on ressent un petit vent qui se lève, jusque-là, nous avions évolué côte à côte. Ça accélère légèrement, et je le sens tout de suite, on passe 2 kilos en moins de 3’40’. Il ne faut pas que ça dure trop comme ça pour moi. Km 15 : 55’58. On revient sur quelques gars, qui nous accompagnent quelques hectomètres avant de céder.
Au 20ème kilomètre, un petit coup de moins bien pour moi, 3’55 et quelques doutes qui arrivent en tête… 2ème gel. Passage au semi en 1h18’41’ (une vingtaine de seconde d’avance sur la prévision haute) à 3’’ derrière Olivier qui est bien, puis 1h22’00 au 22ème : c’est bon, je ne vais pas péter maintenant, Olivier a temporisé pour que je recolle. On amorce le retour. Le 2ème gel a définitivement stabilisé mes intestins. En avant. Ceux que l’on croise nous encouragent et nous félicitent, ils sont des centaines à le faire, ça fait du bien. Les kilos passent, on ramasse des coureurs en train de caler le moteur. Le vent a tourné et à tendance à s’accentuer. Olivier mène toujours, il évolue exactement à l’allure qu’il me faut.
Au 25ème (1h32’54) je suis mieux qu’au semi, mais je me dis : encore plus de 17 km ! Olivier prend son gel plus tôt que je ne le pensais, on avait plutôt tablé sur le 28ème (2/3 de course). C’est un signe peu réjouissant (l’hypo guète). Je prends le mien au 27ème. Je passe un relai pour qu’Olivier se refasse un peu. On arrive au 30ème (1h51’59), dans un village, avec des relances, des petites montée/descentes, ça me fait monter immédiatement une boule de pétanque dans le mollet gauche : je suis au bord d’une énorme crampe. Le mollet a durci d’un coup. Aïe… Je me dis : «M****, si elle arrive, possible que je sois contraint à l’abandon…». Olivier a pris quelques secondes d’avance : je faiblis… (Kilo en 4’00). Je dis à Olivier : «P*****, celui-là, il a compté comme 10 (kilomètres)… Prochain ravito, je marche, il faut que je boive. Fait ta course». (Car je n’arrive pas à boire efficacement en courant, je m’en mets plein les narines, je n’assimile pas bien…). On passe ensemble au 32ème en 1h59’35 (hypothèse haute avant la course pour moi = 2h au 32ème : toujours en avance). Au ravitaillement du 33ème, je marche, bois 2 verre d’eau + 1 verre d’Energy drink. Au moment de repartir, je repense à ceux que j’avais vu au 35ème à Paris, qui chopaient leurs crampes en tentant de redémarrer, et certains ne pouvais pas repartir, et s’effondraient en larmes et en cris de douleurs. Mais ça repart, mollets en pierre, mais ça repart (4’02 le 33ème avec l’arrêt = le plus lent km de la course).
Comme convenu, Olivier a poursuivi, il est 80 m devant, mais ne creuse pas. Tout le monde est un par un. Du 34 au 35ème (2h11’11), Olivier perd ses 80 m sans que mon allure (3’45/km) varie : hoho… Je passe à sa hauteur, en lançant la petite phrase d’usage : « allez, bois un coup, accroche toi, ça passera, on finit ensemble ! ». Mais malheureusement, je n’y croyais pas trop. Il me dit : « vas-y Séb, c’est fini pour moi… Assure ton – de 2h40’, laisse-moi ». Ça me fait mal pour lui… Je continue à mon rythme, toujours avec un mollet qui peut lâcher à chaque appui et qui me brule, les quadris qui bétonnent, et cette usure qui s’amplifie et dégrade la foulée (les mollets étant à la limite critique des crampes, au niveau gestuel, je ne me propulse pas trop avec mes pieds, je me contente de poser les pieds au sol, et ensuite, c’est les muscles fessiers qui bossent et me font avancer). C’est moche, mais je continue à avancer. Les kilos font 3000 m. Plus de gel, plus de boisson (j’avais un bidon de ceinture dans le dos) et 7 km à faire : p***** !!
Les spectateurs sont supers, ils aident vraiment, et me disent : « Allez, 15ème, devant, ils vont moins vite ! ». Je lève mes yeux, qui depuis quelques kilomètres étaient fixés 3 m devant moi, et je vois 2 gars en perdition. Et là, truc bizarre, je me parle (dans la tête), bien sûr, c’est rudimentaire : « allez, t’as pas le droit de te plaindre, devant, c’est pire. Courre et c’est tout. Ce n’est pas toi qui finis le plus mal… ». Au niveau musculaire, je me dis par contre : « là maintenant, c’est de l’autodestruction ». Je reconnais le paysage des premiers kilomètres. C’est la fin. Ma foulée est épouvantable, mais je reviens sur ceux qui me précèdent. Ils sont livides, avec des croutes de sel sur le visage, éteints. Je passe Nordine MAHI qui partait pour 2h33/2h34 et qui m’avais devancé de 1 m pour la 3ème place du semi de FEURS le 24/03.
Au 38ème, je commence à avoir des fourmis dans les bras… Je sais ce qui m’arrive… Je me parle encore : « tu ne vas pas péter maintenant, tu le tiens ton moins de 2h40’ ! Tu n’as plus rien dans le réservoir, mais tu vas quand même essayer de tout cramer le plus linéairement possible jusqu’à la ligne, puise en toi ». Je remarche à un ravitaillement pour boire un verre. Je repars. Je ne vois pas le 39ème, dans la brume complet au niveau cérébral, je tape le 40ème : 2h30’34 (7’45 du 38 au 40). Je me dis : essaye moins de 2h39’. Je finis comme je peux, l’aire de départ/arrivée m’avais paru belle en début de course, mais là, je ne profite de rien, je fonce. Autour le brouhaha de la foule massée sur le dernier kilomètre.
Le tapi rouge, p***** enfin… Je passe la ligne. J’essaye de marcher, c’est comme si quelqu’un m’ouvrait les mollets avec un opinel. Je suis explosé. Mais c’est fait ! 2h38’39 à ma montre (2h38’42 officiel et 13ème de la course) : Je suis comblé. Mais je ne réalise encore pas vraiment. Mes pas font 30 cm, on me passe une médaille autour du coup avec un petit mot de félicitation, je ne sais même pas ce que j’ai répondu, je ne regarde même pas la médaille… J’attends Olivier en espérant qu’il limite la casse et fasse les minima pour TOULOUSE : 2h43’ en allant puiser au plus profond de lui-même. Je suis fier de lui. C’est un super coureur, qui a connu des marathons difficiles et je lui souhaite de tout cœur que cette distance ingrate lui sourit un jour. Il le mérite amplement. Sa copine, Marie Amélie JUIN réalise les minima de belle manière (négative split) en finissant avec en prime un beau sourire et un peu de fraicheur physique.
Après, il y a eu encore pleins de supers moments dans cette journée inoubliable, des larmes incontrôlables, de l’apaisement, des choses à raconter aux amis qui ne pouvaient pas être là… mais aussi quelques-uns très pénibles : au moment d’enfiler un pantalon et de défaire les lacets… Des crampes atroces… Mais je les accepte volontiers parmi mes souvenirs (ai-je le choix !?) avec un peu de recul. Le parcours est superbe, l’ambiance est top, l’organisation irréprochable, Olivier et moi avons donné le meilleur de nous-même… Tous les ingrédients du bonheur sont là. Je le remercie particulièrement pour cette journée.
Devant les éthiopiens réalisent 2h15/2h16. Y. KERLOCH 2h30’ il me semble. Et pour les places de 2ème à 6ème féminines, la densité est remarquable. Et dans l’ensemble, le retour à fait très mal à beaucoup de coureurs. Mon cerveau avait du mal à intégrer plus d’informations devant le classement.
Prochain marathon, ce sera TOULOUSE cet automne avec mes amis pontévallois. On vivra encore de bons moments !! »
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