L’actualité est terrible en ce début de semaine.
Ce sont clairement des attentats à la bombe qui ont eu lieu pendant le marathon de Boston, où deux explosions ont retenti dans la dernière ligne droite, faisant à cette heure-ci 3 morts et plus de 100 blessés. Pas de français touchés selon le ministère des affaires étrangères.
Les enquêtes sont en cours pour déterminer qui peuvent bien être ces terroristes et quelle est l’intention réelle qui sous tend un tel acte. Le jour du Patriot’s day et le choix d’un des berceaux de la révolution américaine font peser les soupçons sur l’extrême droite, mais le mode d’opération est proche de celui d’Al Qaïda. Les chaînes d’information vous relateront mieux les faits que nous au fil du développement de l’enquête.
Hier, des personnes s’en sont encore une fois attaqué à la liberté. S’en prendre à la course à pied est tout à fait symbolique. L’activité en elle-même est sans doute l’une des plus simples à pratiquer pour se libérer des contraintes de ce monde. De plus, quel autre sport admet une telle mixité des personnes et de leur condition sociale en un si grand nombre?
Hier, des personnes ont perdu un proche. Hier, des coureurs ont été mutilés, et certains amputés de leurs jambes. Les scènes sont atroces. La violence physique est terriblement douloureuse, elle laissera place à la violence morale. Pour ceux et celles qui l’ont subie et ne pourront plus courir, pour ceux qui ont franchi la ligne sains et saufs et qui se retourneront effarés, pour ceux qui étaient derrière, en un peu plus de 4h, qui ont assisté au drame comme les spectateurs et leurs familles amassés le long de la route.
L’acte ne peut supporter les mots même les plus forts. Nous sommes tous choqués et attristés. Malheureusement, ce type d’événement qui regroupe la population en grand nombre est « idéal » pour détruire le plus lâchement des vies. Contrairement à un stade, où les personnes sont regroupées dans une enceinte, il est difficile d’assurer totalement les 42km195 d’un marathon. Des épreuves comme Paris ont déjà été annulées en 1991 pour des raisons de sécurité pendant la guerre du Golfe. Bien qu’elle fut renforcée pour des épreuves de cette envergure, notamment depuis 2001 après les attentats du 11 septembre (le marathon de New York avait pourtant été maintenu), ce coup porté à Boston risque de raisonner dans tout le monde de la course à pied. Va-t-il être possible de continuer d’organiser de telles épreuves sans une évidente augmentation des coûts ? Est-ce que les organisations pourront continuer à s’associer aux autorités pour proposer leurs épreuves ?
Tout s’est heureusement bien passé à Paris la semaine dernière pour les 39 000 coureurs. Ce dimanche 21 avril, ce sera autour du marathon de Londres. Le maire et l’organisation vont devoir renforcer leur collaboration et les mesures de sécurité seront sans doute plus importantes. » Nous évaluons les mesures de sécurité à prendre et vous informerons quotidiennement de nos décisions » annonce l’organisation… Les participants, au lieu de penser en toute tranquillité à leur course qu’ils ont préparé depuis des mois, vivront les quelques jours précédent l’épreuve au rythme des communiqués.
Quel peut être l’avenir de ce genre d’épreuve de masse ? Chaque ville n’aura sans doute pas les moyens de garantir autant de sécurité. Dès lors, les coureurs vont-ils moins s’aventurer sur ces grandes épreuves ? A en lire les réactions de la communauté des coureurs, les personnes ne sont pas décidées à troquer leur liberté au barbarisme. Elles ne veulent pas abandonner, ce qui donnerait raison au terrorisme.
En tout les cas, nous sommes sous le choc. Le dégoût et la colère sont aussi forts que la lâcheté et la violence de cet acte. Il est insupportable de voir une fois de plus un espace de liberté massacré. Nous pensons fortement aux coureurs présents lors de cette catastrophe, ainsi qu’à leurs familles. Nous espérons que les coureurs et les prochaines générations pourront continuer à pratiquer leur passion avec une certaine tranquillité et surtout une certaine liberté. Nous envoyons nos pensées à ceux et celles qui sont touchés dans leur chair et dans leur âme, et nous souhaitons à tous de pouvoir courir encore longtemps sans soucis quelconque!
Vive la course à pied, et vive la liberté!
Mathieu BERTOS
