Son truc à lui, c’est plutôt le triathlon. Mais dans un tri, il faut faire un marathon, et oui !
Christophe Noclain faisait justement partie des 40 000 participants au Marathon de Paris 2013.
Son premier vrai gros objectif de début de saison, il l’a réussi ! Christophe signe une belle 122ème place au scratch (74ème dans sa catégorie) avec un nouveau record personnel à la clé de 2h39’07. C’est vraiment joli !
De retour de la Capitale, les jambes (un peu) reposées, il se pose pour nous raconter.
« A moins de 10 jours de mon objectif principal de ce début de saison j’ai failli lâcher l’affaire ! Et bien mal m’en aurait pris car je ne serais pas là aujourd’hui à raconter mon nouveau « Personal Best » sur distance marathon. De gros doutes à tenir l’allure ciblée de 16km/h, des sensations moyennes, l’impression de devoir piocher sans arrêt pour tenir cette vitesse de croisière qui, sur la fin d’une prépa’, doit être une formalité. Et puis un déclic le WE précédent le marathon de Paris. Je suis mieux, bien mieux …. enfin cette impression de me balader ! Oufff …. mieux vaut tard que jamais, hein !
Une dernière semaine rondement menée avec du repos, une ou deux bonnes nuits (c’est important ça m’sieur / dame !) et surtout un zéro stress (ou si peu) qui peut parfois me ronger et faire « perdre » la course avant même de l’avoir commencée. Il fait beau en ce dimanche 07 avril sur la Capitale. Un peu frisquet mais sincèrement ce n’est pas glacial comme pourrait le laisser présager un 0 ou 1°C annoncé. Un échauffement d’un bon gros 1/4 d’heure avec une petite minute à allure cible : « Waouuuh .. c’te patate » me dis-je . Puis à 15′ de la libération de la meute je rejoins le SAS préférentiel. Retrouvaille avec une vielle connaissance professionnelle pour quelques amabilités échangées, ma fidèle bouteille à la mano ( » C’est-quoi-cette-bouteille-de-lait- » ??? ;)) et très vite le décompte final qui arrive.
Départ tout en souplesse et sans panique en veillant à ne pas chuter d’entrer (y’a de quoi, sincèrement !) . Concentré déjà sur la Concorde en point de mire et sur la cadence de ma foulée me voilà parti pour 42 km. HEU-REUX le gars ! Les excellentes sensations se confirment d’emblée. Sur Rivoli je m’étonne que la fréquence cardiaque ne décolle pas plus que c’la alors que je suis en ± 3’40/km soit 5″ au-dessus de l’allure cible. J’ai un doute sur la conduite à tenir (à quand les oreillettes comme sur le vélo pour avoir son Directeur Sportif aka Coach en live ?? ;)) mais je décide de continuer ainsi. Peu après Bastille vers le 6ème km la ratio allure/Fc est à la cible : on ne bouge plus !
Tellement dans ma bulle, tellement obnubilé par MA course que je n’ai guère de souvenirs de l’ambiance ou très peu, même si Bastille m’a paru bien garni. Les kilomètres s’enchaînent à travers le 12ème, la Pte Dorée et le Lac Daumesnil … ça me parle là … j’y ai vécu quelques années et j’aime cette endroit, c’est beau … surtout avec le soleil rasant qui vient illuminer le visage des marathonien(ne)s encore tout pimpant ! Au 10ème km, sur des bases de 2h35 (36’51) je sais que je ne suis pas à ma place et qu’il va falloir faire quelque chose. Quoi ?? ben j’en sais fichtre rien à vrai dire … j’essaie sans doute de me rassurer en me disant que ce premier semi à Paris est plus favorable que le second. ‘The show must go on’ .. je ne me pose pas plus de questionq que ça à vrai dire tant je suis super bien.
Boucle dans le bois de Vincennes où je chope un p’tit groupe bien sympathique et avec lequel je passe le point culminant du parcours (attention fidèles traileur-lecteurs de u-run vous allez avoir le vertige) à 60m d’altitude ! Nous sommes au plateau de Gravelle et c’est le 15ème km (55’32). Le parcours s’oriente à l’ouest, plutôt nord-ouest même, et là je me rappelle que le vent, sans être violent, sera de la partie aujourd’hui. Retour sur Paris par cette avenue de Gravelle, la Pte de Charenton avec toujours beaucoup de monde mais moins où à l’époque, ici, se situait le passage du semi et qu’il y regnait une atmosphère de col de Tour de France (et je n’éxagère pas !). Le 12ème arrondissement à nouveau traversé via la rue de Charenton et l’Av. de Daumesmil nous amène tout doucement à mi-parcours. Perso j’suis toujours au top en ayant veillé à ne pas négliger mon hydratation et mon alimentation : « Nan mais à l’eau quoi, tu cours un marathon et t’as bien pris des gels GU .. » 😉
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M’enfin j’dis au top mais je sens bien poindre déjà quelques tiraillements musculaires lorsque ce 1er semi est bouclé en 1h18’16. J’en ai la confirmation quand, après le 2ème passage par Bastille, nous entrons sur les quais. Nous sommes au 24ème, sur le quai des Célestins, et là les quadriceps ne font pas semblant et deviennent même légèrement douloureux. Le hic, là dans l’histoire, c’est qu’il reste plus de 17 km et qu’ils ne risquent pas de se refaire la cerise ces foutus muscles ! Avec une Karine Pasquier bien plus fringante que moi à ce moment là, et qui me dépose sur ces bords de Seine, je connais un léger passage à vide avec, je l’avoue, une idée (vite balayée) de mettre le clignotant.
Je modifie ma foulée en la rendant encore plus rasante et veille à toujours bien cadencer. Après ces 2 ou 3 km assez compliqués, paradoxalement, l’arrivée, tout d’abord, du tunnel sous les Tuileries puis la succession de toboggans me font un énorme bien. Le fait de lâcher quelques puls et d’être davantage dynamique les kilos s’enchaînent superbement bien en juste un peu moins de 3’45/km. Je crains un instant une euphorie pré-hypo mais ayant été vigilant sur ce point avec les ROCTANE je n’ai que très peu de doutes. Voilà le 30ème kilomètre (1h51’38 – base de 2h37) avec des jambes de plus en plus douloureuses, mais une allure qui n’a pas faibli depuis que je suis revenu sur le 16km/h ciblé.
Même si la redoutée rue Mirabeau arrive je suis assez confiant pour effectuer ce dernier « gros 10 bornes ». Et je le suis encore davantage quand, en haut de cette rue (32ème km), je vois que cette partie ascendante a été bien gérée et que j’ai environ 41′ pour effectuer les 10 derniers kilomètres pour le sub 2h40 (Poouaaaahhhh .. trop facile !! ) En gros .. voire très GROS, ok … ça fait du 4’/km, je m’en sens largement capable d’autant plus que je suis toujours dans une bonne dynamique. Plutôt galvanisé j’enchaîne le 33ème km en 3’43 (Pouaaaah .. vraiment trop, trop facile !!) Là il y a mon ami Fanfan qui vient m’épauler . C’est prévu, il est là pour 4km, nous passons Roland-Garros .. j’ai juste le temps de lui dire que musculairement je suis plus que « limite » mais que l’allure reste conforme et que je ne ferai surtout pas la pipelette !
Juste avant le 34ème, cette fameuse épingle à cheveux au niveau du Bd et de l’Av. de la Pte d’Auteuil, et là c’est le début de la fin. Déjà on s’prend le vent en plein pif …. ah ouais d’accord je comprends mieux pourquoi c’était .. « pouaaah trop facile » … juste avant . Puis arrive le 35ème, ce virage gauche et ce coup-de-cul de l’hippodrome d’Auteuil qui, comme d’hab’, me fait un mal de chien ! Même mon Narbé qui est là n’arrive pas à me faire décrocher un sourire (désolé mon pote .. !) Moment sans aucun doute le plus difficile de ce marathon car mine de rien y’a encore 7 bornes à se cogner !! A posteriori je sais que tout le monde morfle sévèrement ici, même le 1er français Benjamin Malaty (2h12) avoue avoir perdu 10″ au kilo dans cette partie. Musculairement ça ne va pas plus du tout, du tout … là les mots de Fanfan ont été importants .. j’ai envie de chialer, sérieux, tellement j’ai mal .. mais il me réconforte en me disant que je vais aller au bout, que je vais l’faire !
Il y a Corinne Herbreteau à quelques mètres devant , je m’interdis de penser à la douleur (mouaaah … trop facile ! ) et fixe mon regard sur ses pieds. Ils se rapprochent, il disparaissent même quand je me mets juste devant elle. Nous sommes sur les allées de la Reine Marguerite et de Longchamp avec ce léger vent 3/4 face que je maudis au plus haut point. C’est dur, c’est plus que dur même mais je ne peux pas lâcher avec ces kilos qui arrivent à être entre 3’55 et 4’/km ! 41ème kilomètre : ma p’tite Corinne s’est envolée, ça déboule de partout mais c’est la dernière ligne droite … je sais que c’est gagné pour le -2h40 et espère même -2h39 (ben voyons !!)… malheureusement je ne sais pas accélérer, mes tentatives pour se soldant par de violents coups de poignards dans les cuissots.
Délivrance (presque) à 200m de ligne où le chrono officiel est encore dans les 2h38. Là c’est vraiment gagné, mais pas question de relâcher .. je donne tout ce qu’il me reste jusqu’à la ligne. Réelle délivrance de pouvoir enfin ne plus courir, soulagé de voir s’afficher ce 2h39’07 .. mais avant tout satisfait et fier. Merci Christine … »