Rémi Blomme du team i-run a eu la chance (et le talent !) d’aller aux championnats de France de cross country. Coureur et spectateur, il revient sur ce bel évènement : sa course et celles des autres.
Les championnats de France de Cross symbolisent traditionnellement la dernière ligne droite de la longue saison hivernale. Un rendez-vous rassembleur attendu de tous. Pourtant cette année, avec les bourbiers dantesques des précédentes épreuves, mon enthousiasme avait été quelque peu entravé à l’approche de la compétition.
Une motivation vite retrouvée lorsque l’on est pris dans le vif du sujet avec un week-end qui allait passer sans surprise à la vitesse de l’éclair : déplacement avec le club, hôtel, repas convivial et dernier briefing avant l’événement ont rythmé le début du séjour dans le centre de la France.
Le samedi fut l’occasion de venir s’imprégner des lieux et de prendre la température à la veille des festivités. C’est sur l’hippodrome de Lignères-en-Berry que se déroulait le théâtre des opérations. Un véritable village s’animait peu à peu, entre les stands partenaires, animations, buvettes, parkings bondés et tentes de club qui poussaient ici et là comme des champignons formant un vaste espace multicolore. Le parcours, bien visible des spectateurs, s’annonçait rapide et roulant. Quelques zones grasses venaient cependant briser l’homogénéité du parcours avec un terrain herbeux qui manquait de répondant pour les appuis. Un tracé relativement plat mais plus usant qu’il n’y paraissait après cette analyse visuelle succincte. Bon nombre de coureurs s’adonnaient au footing de repérage, où l’on pouvait croiser les têtes d’affiche nationales, histoire de bien nous rappeler l’importance de l’événement.
Un peu de vent mais du beau soleil se présentait dans la matinée du dimanche. Matériel vidéo en main, j’arpentais le parcours au rythme des courses qui s’enchaînaient sans discontinuer comme une machine bien rodée. Instants choisis également pour suivre de près nos jeunes athlètes d’Endurance 72 qui ont honoré leur présence par de belles prestations. Nous étions une vingtaine au total à s’être qualifiés pour le rendez-vous national. J’y ressentais d’ailleurs une ambiance et une tension toute particulière, quelque chose de différent pour ainsi dire, sans trop pouvoir déceler précisément les causes de cette impression. Le stress était bien plus présent, les yeux étaient humides dans les chambres d’appel, les coaches et les parents ne cessaient de rassurer leurs jeunes protégés, et cette rage de vaincre qui se lisait sur les visages à l’arrivée … C’est dans la force de cette tension et de cette passion que le cross tire toute son importance. On ne répétera sans doute jamais assez son rôle formateur pour les jeunes, les ambitions collectives qu’il génère, mais aussi son utilité pour tous les profils de coureurs à l’approche des objectifs estivaux. Au-delà de la croissance du trail, du manque de visibilité médiatique et du désintérêt des instances fédérales, le cross-country n’est pas mort, j’en suis convaincu.
Passé cet intermède éphémère de réflexion qui mériterait bien évidemment des sujets approfondis et des débats passionnés, j’en oublierais presque mon cross court qui est vite arrivé. La tête un peu ailleurs, je n’étais pas particulièrement préoccupé par l’échéance qui arrivait à grands pas, avant de se pointer sur la ligne de départ, serrés comme des sardines dans nos box collectifs. Aucune ambition collective ni individuelle a concrétiser, l’objectif était atteint avec cette qualification et le titre interrégional. C’est le plaisir qui était le maître mot de notre présence ici. Mais l’heure n’étais pas tellement à la fête et à l’approche du coup de feu, entouré d’un dense peloton, la petite boule au ventre pointait le bout de son nez. Un silence assourdissant, et mon regard fixé sur le maillot blanc de mon coéquipier. Les fauves furent lâchés à vive allure, et pendant que l’impressionnant Romain Collenot-Spriet se dirigeait vers le titre, je prenais mon rythme de croisière sur ce parcours relativement roulant. Une fois encore, c’est mon manque de vitesse qui me faisait défaut. Les relances étaient difficiles à engager et la dernière ligne droite fut très longue. Il faut dire que les derniers cross ne nous avaient pas aidés dans ce sens, souvent bouclés à une vitesse avoisinant les 14 Km/h alors que ces France flirtaient plutôt avec les 19-20 Km/h. Cependant, avec ma bonne endurance, j’étais persuadé que j’aurais pu continuer un certain temps avec le rythme que je m’étais imposé. La saison estivale sera l’occasion de travailler ce souci de vitesse pour revenir en meilleure forme l’an prochain !
Entre deux prises de vue dans la foule, j’apprenais également la superbe seconde place d’Alice Rocquain sur le cross court féminin, une athlète de talent sponsorisée I-Run dont le titre de vice-championne de France derrière une Claire Perraux intouchable allait donner clairement le ton de son potentiel. La fin de journée se profilait sous le signe des équipes premières de mon club engagées sur les cross long homme et femme. Au final, deux médailles de bronze (équipe femme et vétéran pour Malika Coutant) ainsi qu’une 5e place collective chez les hommes. Malgré ce bilan positif, on pouvait légitimement nourrir des regrets quant à ces résultats en deçà des ambitions avancées. Mais le France de cross sont la course d’un jour, et le précieux sésame tant convoité de la forme du jour J n’est pas toujours au rendez-vous et il faut l’accepter ainsi. Tout le monde a fait son maximum, et il suffisait de prendre la mesure de la détermination de nos coureurs dans la ligne droite finale pour déceler l’investissement de chacun dans ce défi collectif. L’essentiel était là, celui d’avoir partager ensemble une compétition intense en émotions et d’avoir vibré tout au long des courses de nos athlètes.
Pour les titres, j’ai été agréablement surpris par la victoire de Clémence Calvin chez les féminines. Il faut dire que la jeune femme nouvellement licenciée au SCO Marseille Athlétisme n’a cessé de s’illustrer brillamment sur les compétitions récemment et sa progression constante est là pour le prouver. Elle dérobe ainsi la couronne à sa collègue Christelle Daunay déjà trois fois victorieuse dans les labours. Les deux athlètes n’en ont pas encore totalement terminé avec les cross, puisqu’elle prendront l’avion pour les mondiaux le 24 mars prochain en Pologne. Sophie Duarte, Laurane Picoche et Christine Bardelle seront aussi du voyage pour compléter l’équipe. Chez les hommes, c’est Yassine Mandour qui s’offre la palme 2013. Le champion de France 2012 Benjamin Malaty confirme sa régularité et sa bonne forme avec la troisième marche du podium à l’approche du marathon de Paris, ligne de mire de sa préparation hivernale.
La journée déjà terminée, le retour vers le Mans s’est opéré en douceur, des souvenirs plein les yeux après cet événement intense, avec les musiques des cérémonies protocolaires et la voix du speaker qui résonnait encore dans ma tête. On vit aussi la course à pied pour ces moments là, c’est certain ! Les regards se tournent désormais vers la saison estivale, où chacun se lancera sur sa discipline de prédilection : route, piste, trail mais aussi duathlon et triathlon pour certains. Je débuterais personnellement par de la route et les championnats de France de 10 Km en avril prochain avec l’objectif de faire descendre mon chrono de référence (33’19) bien que le parcours s’annonce compliqué. Wait & See !
Le palmarès 2013
Cadets / Cadettes : Maxime Hueber / Cassandre Beaugrain
Juniors H / Juniors F : Alexandre Saddedine / Johanna Geyer Carles
Cross Court H / Cross Court F : Romain Collenot-Spriet / Claire Perraux
Cross Long H / Cross Long F : Yassine Mandour / Clémence Calvin
Vétérans H / Vétérans F : Cyrille Ballester / Carmen Oliveras
Rémi Blomme
www.blorem.com
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