Billet d’humeur, billet d’humeur… Mais de quelle humeur, hein ? Je vous le demande! Celle avec laquelle j’écris tout de suite, là ? Ou l’humeur générale du moment ?
Si je prends l’humeur instantanée, là , c’est pas tip top… L’humeur de quelqu’un qui est blessé est plutôt noire. Le repos étant obligatoire et salutaire (d’ailleurs, on se demande avec le temps que ça dure si ce n’est pas ce repos qui nous guérit plutôt que tous les soins possibles et imaginables que l’on a pu faire !) … Je m’y plie ! Je ronge mon frein. Je guette tous les signaux et j’attends qu’ils passent au vert. Oui, car on sait tous que quand on tente de passer au rouge, notre corps nous met à l’amende. C’est comme pour le code de la route! Et quelques fois ça coûte cher…
En plus de voir tout ce monde qui s’amuse, qui court, qui s’éclate, qui essaie les nouveaux produits, qui prépare leur course du week-end, c’est frustrant. J’aimerai participer à ces moments. La blessure, c’est comme si on vous attachait un boulet à chaque cheville. On voudrait, mais on ne peut pas. Les gens voudraient vous aider, mais ils ne peuvent rien y faire. Alors il faut de la patience, beaucoup de patience!
Pour autant, je ne me coupe pas de tout ça. La course à pied, et le sport en général, c’est mon monde. Je ne suis plus acteur, mais j’essaie d’être spectateur ou dans le scénario. Concernant le spectacle, c’est à dire la compétition, ça me plaît. En retrait, je peux humer l’ambiance d’une autre manière. Je vois les coureurs aborder l’épreuve à leur façon. Je peux voir la tension, la motivation sur leur visage. J’assiste au déroulement de la course, je vois qui prend les devants au début, qui décide d’agir. Au retour, c’est la surprise, on ne sait pas forcément qui va revenir en levant les bras! Donc moi je suis là, témoin, je prend des photos de ces moments heureux avec des visages marqués par la fatigue et la satisfaction. Il me tarde de savoir comment c’était dans le coeur de l’action, alors je demande les impressions. J’aime savoir comment les coureurs analysent leur course, leurs adversaires, c’est intéressant et instructif !
En coulisse, pendant les entraînements, j’aime aussi être présent. Je suis observateur. J’analyse, je juge, je jauge (essayez de le dire cinq fois d’affilée le plus vite possible sans zozoter! ah ah). Telle est mon humeur : toujours un trait d’humour mais toujours se reconcentrer aussitôt. Bref ! Je porte mon œil sur les différentes attitudes : ceux qui ont des foulées efficaces, ceux qui n’en ont pas. Pourtant on sait qu’il n’y a pas d’idéal. On a de multiples exemples d’athlètes qui ont une belle allure et pourtant avancent moins vite que d’autres qui ne sont pas « beaux » à voir. Pourquoi? Parce que la course est un tout! Mais j’aime voir l’élégance, la facilité, tout autant que l’intelligence et la volonté. J’arrive à discerner qui a présumé de ses forces en début de séance. Je suis content de voir les progrès des gens. De voir aussi les grimaces, la satisfaction à la fin d’avoir bien bossé, de s’être rincé. D’ailleurs je peux ensuite faire part de mes remarques, et on peut venir me demander des conseils. Il est plaisant de voir que même le confirmé aime savoir comment il court !
Voilà, mon humeur du moment, ce n’est pas que la mienne, mais celle de tous. Se replier sur soi n’est pas la solution. C’est plutôt rester ouvert et attentif! Donc j’essaie de capter l’humeur de tout le monde du mieux possible. Celle de quelqu’un qui peste contre une organisation qui a faillit avec la signalisation du parcours, celle de quelqu’un qui a beaucoup d’espoir de résultats dans l’année, l’humeur d’un ami qui savoure de reprendre après une blessure… Tiens tiens, voilà quelque chose d’intéressant! Il me tarde de connaître ce moment ! Non, parce que mon humeur n’est pas exemplaire, mes amis vous le diront… Je sais comment il faudrait être, je le dis à longueur d’article, mais les moments de faiblesse sont de drôles d’épreuves!
L’humeur, l’humeur… c’est quelque chose de changeant ! Quand le vent souffle face à vous ou quand il vous pousse, elle est quelques fois déséquilibrée vers l’avant ou vers l’arrière, l’humeur. Mais les gens qui vous entourent ne méritent pas de la subir. Bien que ça peut transparaître sur vous, mais il faut rester debout. Comme sur une séance lorsqu’il y a du vent contraire, il ne faut pas continuer à forcer car c’est improductif: juste changer ce que vous aviez prévu 😉
A la prochaine pour une autre humeur!
Mathieu BERTOS